GLAÇANT, HORRIFIANT, MAIS NÉCESSAIRE POUR « SAVOIR »
Voici un livre qui me hante, qui me pèse. Un livre qui est toujours horrible à lire, qui me tord les viscères, mais qu'il est nécessaire de lire : c'est pour cela que j'ai besoin de vous en parler. Je ne peux pas ne pas parler de cet ouvrage. Il est de cette sorte de livres écrits « afin que cela ne se reproduise jamais », « pour ne pas dire que l'on ne savait pas ». le « Livre Noir » compile des faits vieux de 75 ans désormais, mais il est aussi un recueil également très lourd : lourd de témoignages qui emplissent 1100 pages. Edité en 1995, réédité en 1999, il est republié en 2019.
Jouons cartes sur table : les génocides sont nés avec la civilisation, et je ne crois pas qu'une seule de ces « civilisations » au fil de l'histoire n'aient pas un jour « génocider » ses voisins. Après les juifs, tziganes, communistes, handicapés et autres victimes des bourreaux nazis, d'autres génocides ont eu lieu au cours du XXème siècle : tout le monde dit ne pas répéter les massacres, mais les dirigeants les reconduisent à l'envi – même par idéologie et politique. Les USA – la grande démocratie, phare du monde, qui fait la paix à coup de bombes, mais qui n'a pas délivré l'Europe – ont même fait péter deux villes japonaises avec leur feu nucléaire, et ont failli ensuite vitrifier la Corée. Ils ont aussi, juste après guerre, récupérer des centaines de scientifiques… nazis !
Partout dans le monde et de tous temps, les peuples se sont entre-tués, ciblant des populations particulières cela est vrai. Cela est un premier point. Cependant, avec une telle lecture, on est en mesure de penser que les juifs, si blasphémateurs (lire le blasphématoire livre de Jean-Pierre OSIER – Les évangiles du Ghetto. Comment les juifs se racontaient Jésus) et usuriers qu'ils puissent être, voire déicides, avec leur étrange religion coutumes et rites d'une autre époque, n'ont pas mérités la moindre mort. Rien ne justifie jamais le meurtre de quiconque. Un châtiment, le bagne, la prison oui. Mais chaque vie est pardonnable.
Et dans ce génocide hitlérien conté dans « le livre Noir » – puis dans le stalinien (Staline battit tous les records en nombre de morts) – les juifs ne furent pas la seule population ciblée, mais celle principalement ciblée. Et les camps de travail, les camps de concentration et les camps d'extermination ont bel et bien exister, et pas seulement pour les hébreux. Ce débat-là ne m'appartient pas, mais on ne peut nier ces faits.
On ne peut nier non plus la gigantesque barbarie, la psychopathie, le détachement digne de toxicomanes écervelés, et l'insensibilité inhumaine dont firent preuve les Einsatzgruppen, « troupes de camps d'extermination mobiles ». Car ce que l'on vit avec ces récits – outre l'avancée des Allemands dans les territoires d'Europe centrale et orientale, tandis que le front allemand combattait les Russes – ces que ces troupes de la mort allemandes tuent, une fois l'armée passée, sans façon, à coup de crosse parfois mais surtout avec une balle dans la nuque (la « Shoah par balles »), envoyant femmes et mères, enfants et vieillards, handicapés puis hommes valides dans des fosses profondes de sept mètres qu'ils remplirent à ras-bord… puis qu'ils durent vider afin de brûler ces corps, et ne laisser que d'immenses tas de cendres humaines mêlées de cendres de bois et de suie de gas-oil… Hitler et son organisation souhaitaient effacer les traces de leurs exactions. Mais les témoignages de ce Livre Noir ont rétablis la vérité.
On voit dans cette encre noire ces images des nazis vidant, peu à peu, les ghettos de leurs milliers et dizaines de milliers, puis de millions de juifs devenus « inutiles » (les hommes solides vont travailler dans les usines allemandes pour l'effort de guerre : ce sont les sonderkommando), qu'ils abandonnent dans un état de survie permanente, car ils n'ont droit à… rien. Les juifs pourrissent et meurent à petit feu dans leurs ghettos.
On a toutefois le bonheur de voir des résistants juifs s'alliant à des communistes et menant des actions de sabotage et de vols de munitions et nourritures. Des hommes et des femmes mettent leurs vies en jeu (et celles des autres du coup, car les SS tuent « pour l'exemple » et se vengent « au centuple ») afin de combattre l'ennemi et de sauver leurs proches. Bien des adolescents s'engagent, ayant perdus leurs familles entières. Bien des artistes également, qui finissent par organiser, eux, une vie artistique au sein même du ghetto. Mais la vie spirituelle a vite disparu : avec les vélins des torahs, on a fait des sandales. Tout est volé aux juifs – tous leurs biens, toutes leurs richesses et leurs ustensiles cérémoniaux – qui sont rassemblés et parqués dans ces ghettos, abandonnant tout derrière eux : et ceux que l'on expulse de leurs immeubles qui deviendront ghettos, prennent de fait les appartements et maisons abandonnées par les juifs sur ordre des SS.
Dans ma lecture, j'ai pioché de-ci, de-là, car c'est insoutenable et j'ai souvent posé le livre pour reposer mon coeur de ces infâmes horreurs. Je n'imaginais pas tout cela, je n'étais pas niais mais disons que je ne le visualisais pas : l'horreur nazie je la savais, mais sans la goûter. Et je la goûte désormais, mais que sur papier . Heureusement pour moi. Nous pouvons prier pour toutes ces victimes de la barbarie nazie.
Je n'ai jamais compris l'intérêt pour la guerre, le meurtre et les meurtriers. Qui sont ces hommes ? Comment peut-on devenir ainsi ? Ce ne sont plus des hommes, ou bien des pantins habités de démons et devenus des monstres.
C'est à lire, absolument. Même si c'est l'enfer, l'horreur et la monstruosité de l'homme. L'humanité a toutefois toujours gagné sur elle.
ZUIHÔ.
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