Que de fois, au milieu de ses tortures, dont aucune description ne saurait donner l'idée, Boxtel fut-il tenté de sauter la nuit dans le jardin, d'y ravager les plantes, de dévorer les oignons avec les dents, et de sacrifier à sa colère le propriétaire lui-même s'il osait défendre ses tulipes. Mais tuer une tulipe c'est, aux yeux d'un véritable horticulteur, un si épouvantable crime. Tuer un homme, passe encore.
Autant Corneille de Witt avait soulevé de haines en maniant ces graines malfaisantes qu'on appelle les passions politiques, autant van Baerle avait amassé de sympathies en négligeant complètement la culture de la politique, absorbé qu'il était dans la culture de ses tulipes.
C'est le ciel est notre patrie,
Notre véritable partie puisque de lui vient notre âme.
Puisqu'à lui retourne notre parfum.
Cet autre chef, tout prêt à paraître, tout prêt à se mesurer contre Louis XIV, si gigantesque que parût devoir être sa fortune future, c'était Guillaume, prince d'Orange, fils de Guillaume II, et petit-fils, par Henriette Stuart, du roi Charles premier d'Angleterre, ce taciturne enfant, dont nous avons déjà dit que l'on voyait apparaître l'ombre derrière le stathoudérat.
NDL : je crois qu'il est à l'origine de la formation de l'unité des Pays-Bas, et je pense que si l'équipe de foot porte du orange, c'est en son honneur.
C'était le temps, comme on sait, où les Flamands et les Portugais exploitant à l'envie ce genre d'horticulture, en étaient arrivés à diviniser la tulipe et à faire de cette fleur venue de l'orient ce que jamais naturaliste n'avait osé faire de la race humaine, de peur de donner de la jalousie à Dieu.
Le malheur ne rend pas crédule.
J'aimerais mieux avoir dix militaires à garder qu'un seul savant. Les militaires, ils fument, ils boivent, ils s'enivrent; ils sont doux comme des moutons quand on leur donne de l'eau-de-vie ou du vin de la Meuse. Mais un savant, boire, fumer, s’enivrer! ah bien oui! C'est sobre, ça ne dépense rien, ça garde sa tête fraîche pour conspirer.
On a quelquefois assez souffert pour avoir le droit de ne jamais dire : je suis trop heureux.
Cette prière, on se le rappelle, était conçue en ces termes :
"Cher filleul,
Brûle le dépôt que je t’ai confié, brûle-le sans le regarder, sans l’ouvrir, afin qu’il demeure inconnu à toi-même : les secrets du genre de celui qu’il contient tuent les dépositaires. Brûle-le, et tu auras sauvé Jean et Corneille.
Adieu, et aime-moi."
CORNEILLE DE WITT.
Mais le terrible des mauvaises idées, c'est que peu à peu les mauvais esprits se familiarisent avec elles.