Pour la plupart des Amérindiens - ceux que l'on surnomme au Québec des autochtones, c'est-à-dire littéralement ceux qui appartiennent à la terre - la nature n'est pas un décor, ni un bien immeuble que l'on peut vendre et exploiter. L'être humain - l'Innu est simplement un homme - est indissociablement lié à la terre, à chaque instant de sa vie. La forêt, les lacs et les rivières, les animaux qui les habitent, et les pierres, les sources, le vent et les nuages sont nos parents, nos alliés même lorsqu'ils nous tuent.
J.M.G. Le Clézio
J'ai les poumons comme deux banquises
Personne à bord pour respirer
Je me secoue
Vagues
Haut le coeur
J'ouvre la bouche
Crache une bouée
*
Je serre un glaçon dans mon poing
Ma chaleur le dégèle et j'ai mal
J'ouvre la main
Dans ma paume un ours blanc se dresse
et crie sa soif
*
Florentine Rey
Merci à la vie
Merci aux pierres, aux herbes, aux bêtes d'exister dans le silence picoré d’oiseaux.
Merci aux senteurs de terre humide, au vent d'orage, à sa chaude haleine, à l'automne et à ses tièdes apaisements.
Mais qui remerciera-t-on d'être ces humains esseulés dans un monde indifférent,
au cœur travaillé par le besoin du partage, le goût de comprendre et d'être ensemble,
le désir d'u peu de sens commun? .
Michel Baglin
Nous n'avons rien à opposer aux étals où le désir se laisse prendre
où l'homme se réduit au chaland
où les besoins fabriqués veulent qu'on consomme
d'autant plus qu'on achète avec le superflu
le désert intérieur et son propre néant.
e temps des arbres
Ce matin
écoute dans le silence des arbres
ils pleurent leurs frères qui
brûlent en Amazonie
et les oiseaux et les
enfants dans la forêt
en feu.
Mireille Gansel
La beauté doit frapper à tour de bras
La beauté doit frapper à tour de bras
Je suis mort depuis longtemps
Tout autour de mon souvenir
La beauté viendra frapper à tour de bras
Partout dans le monde les enfants de nos
arrière-petits-enfants referont notre planète
Je les sens replanter l’herbe et les arbres
Je les vois nettoyer les mers et les rivières
Je les entends reboucher le trou dans l’ozone
Je les sais réguler la population terrestre
Je les devine s’assemblant pour les élections mondiales
…
//Gabriel Cousin (07/07/1918 – 19/02/2010)
Je puis me dissoudre tranquillement
Je puis me dissoudre tranquillement
Après ma mort les temps viendront
Où la beauté frappera à tour de bras
Partout sur la terre la moisson de la beauté mûrira
Partout naissent des adolescentes dont les formes
tissent les mailles où se prend le cœur de la Paix
Partout se lèvent des adolescents dont les muscles
captent la lumière de la Tolérance
Je puis disparaître sereinement
À tour de bras la beauté assaille sans relâche
les hommes et les femmes de ce temps
qui écoutent et parlent ensemble
qui offrent leurs yeux et leurs lèvres
Je ne suis pas mort
La beauté a frappé à tour de bras
//Gabriel Cousin (07/07/1918 – 19/02/2010)