Reste

J’ai appris très tôt que pour être aimée des hommes, il faut éviter de leur prendre la tête. Éviter d’être une chieuse, une grande gueule, une mégère.

Je n’ai jamais bien compris le principe de la fondue bourguignonne, ça pue, et c’est dangereux, mais ce n’était pas le moment de lancer un débat.
(Page 118).

Je ne pense pas qu’on m’ait appris à me taire. Simplement, on ne m’a pas appris à parler. Et on m’a dissuadée d’essayer. J’ai compris très tôt que pour être aimée des hommes, il fallait éviter de leur prendre la tête, éviter d’être une chieuse, une grande gueule, une mégère.
Comment ma sœur a-t-elle fait pour échapper à ça ? D’où lui vient cette voix forte, claire ? Cette façon qu’elle a de ne jamais se laisser emmerder ? De défendre son territoire ?
Et vous ? Comment vous faites ?
(Page 98).

Ici il n’y a rien. Et puisqu’il n’y a rien, il y a tout, pardon pour ce poncif, mais la forêt, le lac, les oiseaux, les herbes sauvages, c’est tout. Quand je dis qu’il n’y a rien, je veux dire qu’il n’y a personne.
(16)

[...], mais est-ce qu'on parle encore de chagrin d'amour quand il est question de garde alternée, de notaire, de qui va garder l'appart, et la voiture, et l'album photo des cinq premières années de la petite ? On dit séparation, divorce, rupture, on fait le deuil du passé, alors que le chagrin d'amour fait plutot le deuil de l'avenir.
Page 189.

Je ne crains pas les hommes, je crains mon propre penchant pour la subordination.
Page 176.

𝑱𝒆 𝒄𝒓𝒐𝒊𝒔 𝒒𝒖’𝒐𝒏 𝒏𝒆 𝒔’𝒂𝒊𝒎𝒆 𝒗𝒓𝒂𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒒𝒖’𝒂̀ 𝒍’𝒐𝒎𝒃𝒓𝒆 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕. 𝑶𝒖 𝒒𝒖𝒆𝒍𝒒𝒖𝒆 𝒄𝒉𝒐𝒔𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒄̧𝒂.

On dit séparation, divorce, rupture, on fait le deuil du passé, alors que le chagrin d'amour fait plutôt le deuil de l'avenir. C'est une histoire avortée.

Quand ma mère et mes tantes ont été en âge de travailler, elles ont rejoint ma grand-mère dans ce qui s'apparentait désormais à un petit empire du bâtiment. Sans père ni frère, elles avaient fait fortune dans un univers masculin, elles étaient compétentes, puissantes, riches. Et pourtant dès qu'un homme débarquait dans la famille, amoureux ou fils, il était accueilli tel le messie. Comme si leur débrouillardise n'était que transitoire, une solution par défaut, pour assurer l'intérim en attendant l'homme providentiel.

 J’aime l’ennui. J’aime le vertige des journées interminables