Et c'est parti, sans vergogne aucune, pour le 126eme avis sur ce roman qui n'a heureusement pas attendu ma petite personne pour être connu et reconnu.
D'ailleurs, pourquoi me fendre de ma première « critique » après presque 7 ans, justement sur ce roman-là, alors que j'en ai dévoré des plus retors, des plus galvanisants, des plus confidentiels (snobisme)? Et surtout, la vraie question, est-ce que quelqu'un en a vraiment quelque chose à foutre de mon avis ?
Et puis mince, ce site étant le seul réseau social que je m'accorde, j'ai bien le droit moi aussi à un nombrilisme ponctuel. Dont acte.
Si ceci apparait dans votre fil d'actualité, c'est qu'a priori vous avez déjà lu ce livre ou envisagez de le faire ( je disqualifie le clic au hasard et les quelques-uns qui auraient oublié de me supprimer de leurs amis depuis le temps), je vais donc vous épargner un résumé de mon cru, un schéma basique suffit : A (croit) aime(r) B, mais C débarque et nous fout un sacré bordel dans cette paire sans surprise.
Je sors de deux pavés passionnants que j'ai entrepris comme un hussard (précipitation, passion, à la limite de la maltraitance) et voilà que ce bouquin au poids modeste me donne du fil à retordre et poireaute 15 jours au pied de mon lit avant que j'arrive à lui faire rendre gorge. C'est pourtant pas mal écrit, ça file droit, un peu drôle, un peu cocasse, puis ça se veut un peu plus profond, un peu plus lyrique et pourtant rien n'y fait. Arrivé à la moitié, je me rends à l'évidence : je me fous royalement de ce qu'on me raconte. Déjà, elle, fofolle et sensible, lui et ses poèmes qu'on qualifierait de médiocres si on est dans un bon jour, et en plus on en a pas un pas deux mais une flopée, ça m'agace, j'ai l'impression que l'auteur nous a sorti ses journaux intimes de lycée et s'est dit tiens, si j'enrobais ces chefs-d'oeuvre adolescents dans une petite histoire. Allez, même si ça manque de personnages caractérisés, le narrateur ou le juge ont parfois des pointes d'humour. Ça passe, ça glisse. Mais ça n'adhère pas.
Artefacts publicitaires : coeur
De Voltaire, pistolet de
Verlaine, Bible de Gutenberg. A quoi cela sert-il ? Qu'est-ce que je peux ici lire de la passion qui n'a pas déjà été lu cent fois ailleurs? Et l'adultère n'est-il pas la quintessence de la bourgeoisie ? le charme est trop volatil pour m'enivrer ou me faire vibrer.
Je me suis surpris à la lecture du livre à repenser à ce magnifique film de Truffaut, la Peau Douce, où l'on ne sait jamais très bien si l'on assiste à une tragédie (fatum et classicisme) ou à un fait divers (le versant glauque, quotidien). L'intrigue du roman avance et petit à petit on sent le drame avancer, crescendo plutôt bien rendu pour le coup. Une légère angoisse nous pousse à aller jusqu'au bout. Lyrique ou sordide, tout est possible.
Et puis, la fin. On dirait une fin à la
Amélie Nothomb, abrupte/absurde/lapidaire, bâclée dirons certains, alors que j'adore ces pirouettes moi. Donc, là, je dis oui et j'applaudis des deux mains. C'est concis, grotesque, inattendu et me donne rétrospectivement une autre saveur du roman. Ni tragédie ni fait divers, la vie serait-elle, in extremis, une farce ?
Mais nan, naïf que tu es, je ne me fais pas retourner aussi facilement, la farce garde quand même un arrière-goût fade de drame petit-bourgeois.
Il y a néanmoins une phrase qui m'a fait vibrer par surprise." Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre."
Dommage, les mots ne sont pas de l'auteur mais de
Verlaine après la mort de Rimbaud.