Il raconte devant le juge, la rencontre de Tina et d'Edgar, elle comédienne débutante qui survit en vendant des livres d'occasions sur les quais de Paris et lui qui l'aborde alors qu'il fait son jogging matinal car il aime s'entretenir. L'
amour passe et plus tard naissent Paul et Arthur, des jumeaux. Déflagration dans sa vie à elle, bouleversement, elle résiste vent debout contre la fatalité jusqu'à ce que Vasco, ami du narrateur, la croise lors d'une soirée. Eperdument
amoureux , il la séduit en lui dévoilant un exemplaire de la première Bible imprimée alors qu'il lui a donné rendez-vous à la bibliothèque nationale de France où il est conservateur. Une relation passionnément charnelle les noient dans l'adultère jusqu'à ce qu'un soir où elle s'est endormie, son compagnon officiel, Edgar, découvre les messages enflammés qu'ils se sont échangés et la relation coupable qu'ils entretiennent depuis des mois...
Au sortir de cette lecture on est partagé entre le sentiment d'avoir assisté à une énième histoire de cocu où l'évolution du pathétique trio s'enlise sans surprise dans un dénouement tragique, et d'avoir goûté à un savoureux moment de littérature, un texte persillé de mots peu courants dans un vaudeville ( Haïku, ataraxie, kaïros, prégnance, solipsisme, mimésis, élision, apophtegme, panégyrique, baise oxymorique (cette expression, il fallait la trouver !)…) , de nombreuses références aux poètes
Rimbaud,
Verlaine,
Baudelaire…, à leurs oeuvres et à la poésie en général (pour qui y est sensible). le narrateur lui-même compose :
« Me voyant j'ai songé tu te dirais, Ma foi,
Ce qui devait être sera, voici mon maître
Et mon vainqueur qui m'attend là, moins de dix mètres
En contrebas. Tu dirais Monte, embrasse-moi. »
C'est une oeuvre courte, récompensée par le grand prix du roman de l'académie française en 2021, qui est comme une récréation, fraîche, parfois facétieuse, parfois cruelle, qui fait la démonstration que l'
amour est une drogue dure, une prise et on tombe dans une addiction qui peut se révéler mortelle en cas de manque.
Editions Gallimard, collection blanche, 188 pages.