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sur 997 notes
Désérable François-Henri – "Mon maître et mon vainqueur" – Gallimard-NRF, 2021 (ISBN 978-2-07-290094-5) – format 21x14cm, 190p. – quelques illustrations.

Ce roman peut se lire sous deux angles fort différents.
Le premier consisterait à recenser ses indéniables atouts littéraires : l'auteur est un malin aguerri, détenteur d'un certain savoir, tous avantages qu'il sait mettre en avant. Ainsi, il mêle habilement quelques poèmes, quelques illustrations, des connaissances (très) académiques sur Verlaine et Rimbaud (sans dépasser les sempiternelles rengaines), une technique d'écriture consistant à imbriquer plusieurs strates de récits (le narrateur raconte au juge et au greffier, mais en conservant certains apartés pour le lecteur, il raconte ce que l'un des protagonistes lui a raconté etc etc), des descriptions quasi documentaires (comme celles de la BnF, dont il ignore qu'il s'agit incontestablement d'un gigantesque raté architectural, urbanistique et bibliothéconomique). le final est amené comme une apothéose, qu'il n'est pas interdit de trouver fort drôle. Tout ceci relève du "métier", de la technique.

Malheureusement, l'autre angle de lecture consiste à s'intéresser à l'intrigue elle-même, à ce qu'elle reflète de l'air du temps, qui demeure l'une des caractéristiques fondamentales du genre romanesque.

Et là, patatras, l'édifice s'effondre car il ne s'agit que d'un tissu de lieux communs chers à certains auteurs mâles, qui inventent l'héroïne de leurs rêves.
Soit une Tina, qui
"était avec son amant dans une chambre d'hôtel, où elle se faisait baiser comme la petite putain qu'elle était" (p. 116),
qui profite de son bain pour – bien évidemment – user de son "canard vibrant... acheté dans un sex-shop à Pigalle" (p. 150). Non moins évidemment, elle boit et se saoule le plus souvent possible tout au long des pages, chante divinement faux (p. 31), se fait sauter dans la salle de la réserve de la BnF (p. 52-55), fréquente "youporn" (p.57).
C'est une "baiseuse" d'élite (pp. 101-103) telle qu'un pôvre écrivain mâle peut la rêver et se complaire à la décrire à grands renforts de lieux communs (probablement puisés sur youporn).

Ingénument, l'auteur révèle ainsi au passage comment les bobos cultureux surtout de "gauche" mais pas que, fervents partisans de la "libération de la femme" à la mode mini-jupe et string, se retrouvent aujourd'hui cloués au pilori par des accusatrices "féministes" ayant mis plusieurs décennies à comprendre qu'elles s'étaient fait violer par ceux-là mêmes qu'elles adoraient et dont elles prennent dorénavant la place.
Il fallut l'assassinat de Marie Trintignant et le traitement judiciaire extra-ordinaire réservé au Cantat... Il fut un temps où cette caste vivait en se contemplant le nombril, aujourd'hui elles et ils ne survivent qu'en expertisant continuellement leur entre-cuisses. Comment ne pas frémir d'indignation, d'horreur, à l'évocation d'un minable zozo comme Hulot, ministré par un Macron, se permettant d'effleurer le précieux fondement d'une "petite fille de François Mitterrand" – incontestable crime de lèse-majesté ?

Mais attention, comme il convient d'installer une tension dans le récit, la Tina est déchirée (séquelles de "Jules et Jim" ?), car elle aime aussi un autre homme, le "père de ses deux enfants" (comme ça se dit aujourd'hui, une véritable horreur), fort gentil, mais bien incapable de satisfaire aux immenses besoins de luxure innés chez sa compagne : il dort et ronfle (p. 57), se laisse berner, s'occupe bien des enfants.
Il va même jusqu'à organiser un mariage "à l'ancienne" et "en province" (zone peuplée d'arriérés, bien évidemment, tout le reste du roman se situe à Paris) où il faudra même aller à l'église, bref, l'auteur campe l'archétype du mari benêt.

Ce ne sont là que les principaux lieux communs, tout le reste est à l'avenant – l'auteur nous inflige même la tirade sur les amours multiples
"quand le désir s'émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter" (p.109).

Lamentable. Consternant. D'autant plus consternant que j'ai lu ce torchon juste après la lecture de "L'eau rouge" de l'écrivain croate Jurica Pavičić. Il est presque cruel de faire ainsi l'expérience de ce qui sépare un écrivain qui a réellement quelque chose à raconter, d'un auteur n'usant de sa plume que pour se vautrer dans un récit érotico-porno-rigolo ne présentant au final que fort peu d'intérêt...
Poubelle.
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Oh! Que j'ai aimé ce livre!
Je ne l'ai pas quitté.
Je l'ai bu, dévoré!

Voici un petit diamant de littérature qui se révèle au fil de ses pages.
Vif, aiguisé, dur, puissant, précieux : je ne peux que vous le conseiller.

Parallèlement à l'histoire de Vasco, j'ai également beaucoup aimé les moments durant lesquels le narrateur se trouve dans le bureau du juge. Quelles réparties!

Un roman qui fait un bien fou!
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La littérature est un jeu. J'adore ceux qui me le rappellent et François-Henri Désérable est un maître en la matière. Son regard moqueur, un poil provocateur renouvelle avec brio le récit des tourments de l'amour, et dieu sait ce qui a déjà pu être écrit là-dessus. Preuve s'il en est que c'est bien l'écrivain qui fait le livre, et pas le sujet. Car le pitch est des plus communs : Tina vit avec Edgar mais a une liaison avec Vasco et se révèle incapable de choisir entre les deux hommes à quelques semaines de son mariage. le drame est donc inévitable. Banal, pensez-vous. Pas sous la houlette de cet auteur qui semble se lancer pour défi de réinventer le vaudeville en n'oubliant rien de l'histoire du genre ni du piquant apporté par le 21ème siècle. Sa partition emprunte à ses illustres aînés - il maîtrise ses classiques et ses poètes - et n'hésite pas à souligner crûment les situations impossibles dans lesquelles se trouvent les protagonistes de ce triangle amoureux. C'est virevoltant, assez féroce et très savoureux.

Le narrateur est l'ami de Vasco et le récit est celui qu'il fait au juge d'instruction qui l'interroge en tant que témoin. Ce juge, François-Henri Désérable décidément très joueur l'a emprunté à Tanguy Viel et son Article 353 du code pénal. Vasco a été arrêté, et le juge tente de remonter l'histoire afin de comprendre les motivations du jeune homme. Pour cela, il dispose d'un cahier rempli des poèmes de Vasco (mais peut-on faire confiance à la littérature pour dire le vrai ?), et de ce que veut bien lui révéler le narrateur dont l'instinct lui suggère néanmoins de ne pas tout raconter, et dont l'imagination fertile se charge de combler les trous. Ce qui est tu au juge, le lecteur, lui peut en profiter. Et c'est croustillant. Car le narrateur a été témoin privilégié, c'est lui qui a présenté Vasco à Tina. La volcanique Tina, comédienne de métier que l'on soupçonne de s'ennuyer un peu avec le sérieux Edgar en poste au ministère des Finances, et que l'on voit s'enflammer pour le facétieux Vasco, authentique romantique à l'ancienne, amoureux des poètes et de la littérature au point de franchir parfois les limites de la réalité et de la légalité. le coeur (et le corps, très important le corps) a (ont) ses (leurs) raisons que la raison ne connaît point. Sinon, point de littérature.

L'auteur convoque Verlaine et Rimbaud, ainsi que l'arme dont s'est servi l'un pour tirer sur l'autre. Ça rimaille dans le bureau du juge, ça formique dans les réserves de la Bibliothèque de France, il est question de folles enchères et du coeur De Voltaire. La passion ne connaît aucune limite, suffit de lire ce qu'elle a fait produire aux écrivains au fil des siècles. Un auteur qui se respecte n'aura de cesse de perpétuer la tradition, et celui-ci s'y emploie avec la jubilation la plus communicative. Savoir quels individus lui ont servi d'inspiration (de modèles ?) ajoute un sacré piment à la lecture, je ne vous le cache pas. Quoi qu'il en soit, ce livre et son auteur viennent de recevoir le Prix du Roman de l'Académie Française et rarement bandeau rouge n'aura été si bien accordé avec celui qu'il habille.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Dans un mouvement de va-et-vient perpétuel, ce roman s'insère dans une double temporalité où ,le temps du présent correspond à celui d'un procès, et, le temps du passé à la relation tumultueuse entre Tina et Vasco. La première est une comédienne, mère de deux enfants et fiancée à Edgar. Vasco est un conservateur à la BNF. Tous les deux sont épris de poésie. le narrateur, ami des deux protagonistes, permet leur rencontre. Très vite leur relation se transforme en passion amoureuse. Une passion amoureuse digne de celle de Rimbaud et Verlaine. Rapidement se forme un triangle amoureux entre Tina, Vasco et Edgar. Toute l'histoire du livre s'articule grâce au narrateur et aux haïkus qui ont été écrit par Vasco.

Il s'agit là d'une histoire délicate et intense qui permet à l'auteur de questionner l'amour, l'amitié, les relation mère-enfants et épouse-mari-amant. Toutes la diversité et les différents degrés de la notion du sentiment amoureux jusqu'à la destruction de celui-ci sont dépeints ici.
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Et voilà ! 200 pages, et me voilà à presque dessiner des coeurs à côté de votre nom...
Monsieur Désérable, merci pour ce texte de grande qualité ! Merci de nous prouver qu'un millenials peut citer Baudelaire, Voltaire, peut faire danser les lettres, rimer les mots comme tant d'autres, inoubliables, l'ont fait avant vous. Merci pour la passion, l'effort, le travail. Parce qu'entre les lignes, on sent les nuits courtes, on sent la flamme en vous. Cette puissance, vous la transmettez à chaque page. Nous, petit lecteur, nous sommes embarqué, subjugué, nous soulignons vos phrases pour qu'elles soient relues, partagées et méditées.
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On peut dire ça comme ça oui : j'ai aimé ce livre. Je l'ai dévoré et je pourrais le relire maintenant alors que je l'ai refermé il y a 3 jours. Je l'admet, mais avant de lire ce texte, j'avais seulement entendu parler de se livre sans vraiment connaître l'auteur. Heureusement Google is my friend et oh stupeur ! Je m'attendais à voir apparaitre un vieux monsieur. Durant toute la lecture, j'ai été éblouie par la maturité de la prose, du recul qu'il a déjà sur son métier. Impressionnée je suis !

J'ai une bonne dizaine d'argument pour vous convaincre de lire ce livre !
Instagram coupera mes mots avant la fin mais effectivement, ce livre est divinement écrit. La prose est mêlée à la poésie, c'est une ode à la littérature. Cette histoire semble mélanger tous les genres : littérature, thriller, romance, passion ... on ne saurait où le ranger si ce n'est en tête de gondole avec un post-it coup de coeur.
Le sujet oui, peut déranger. Personnellement, je l'ai trouvé beau, compréhensible, humain.
L'amour c'est animal, c'est fou, c'est magnifique lorsque c'est vécu pleinement. Et c'est ce que nos personnages vont vivre malgré les chocs collatéraux qu'ils peuvent créer. Oui, parfois l'amour, la trahison, ça fait mal. Mais risquer d'avoir mal c'est au moins être certain d'avoir vécue cette histoire à 100%.

Ce livre, c'est une histoire d'amour, une histoire d'amitié aussi, de justice mais surtout, c'est la garantie d'un bon moment. Foncez !
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Je ne suis jamais déçue par François Henri Désérable. Sauf peut-être qu'il n'écrit pas assez vite à mon goût, pour publier plus et m'offrir ses merveilles. Me voilà exigeante et impatiente.
Son écriture est un bonheur. le roman est léger, fin, drôle, tout comme son écriture.
Le prochain est il déjà en route? je recommence... :)
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💡Je découvre pour la première fois cet auteur qui me laisse sans voix.
En pleine ataraxie tout au long de ce livre, j'aurais voulu ne jamais mettre un terme à sa lecture.

🌸Dans ce livre vous retrouvez Vasco, éperdument amoureux de Tina, cette jeune femme qui se dévoile sans pudeur avec une allégresse endiablée et qui a fondé une famille avec Edgar, riche homme qui travaille au ministère des Finances. Et enfin le narrateur, confident et ami de Vasco et de Tina.
Celui-ci retrace tout au long de l'histoire, la vie tumultueuse et adultère de Vasco et de Tina devant un juge. Vasco, désespéré, romantique et follement romanesque va tout tenter pour la persuader de vivre avec lui. Mais celle ci, va préférer choisir ses intérêts à ses sentiments.

✨Ce roman poétique nous plonge dans le saint des saints de l'intime de cet adultère.
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« Toi et moi ce n'est rien en regard de ce que j'ai pu construire avec lui, et pourtant c'est ce rien qui m'obsède, qui me hante, qui me ronge. » Page 100

- Spécial Prix Littéraire -

Je vous le dis d'emblée. J'ai trouvé « Mon maître » en matière d'écriture. Quel talent ! François-Henri Désérable possède un art, celui de mêler poésie, langue soutenue, langage châtié et parfois très cru et de nous entraîner avec drôlerie et sans jamais nous perdre dans des digressions sans queue-ni-tête. On y croise Rimbaud, Verlaine, Voltaire et tant d'autres écrivains célèbres aux côtés de Vasco et Tina. Ces deux-là sont amants. Histoire si banale. Tina est mère de deux enfants et s'apprête à se marier avec le très rangé (et disons-le un peu chiant) Edgar. Vasco lui fait l'amour comme un Dieu, Vasco lui écrit des poèmes comme personne, Vasco l'a dans la peau. La passion est réciproque, enflammée et intense jusqu'à ce que, comme dans un bon vaudeville, Edgar tombe sur les échanges …

C'est un des meilleurs amis de Vasco et Tina qui raconte cette histoire à un juge d'instruction. Un juge ? Oui, oui, car comme dans tout bon vaudeville, l'amant et le mari vont en découdre. Vasco est arrêté. Pour trancher sur ce qui s'est passé, la justice remonte le cours de cette passion amoureuse de la rencontre à la rupture, en passant par tous les ébats sexuels dans des chambres d'hôtel. Délicieux. Addictif. Et surtout tellement bien écrit. Auréolé, cette année, du grand prix du roman de l'Académie Française. Je recommande +++++
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L'histoire débute dans le bureau d'un juge. le narrateur, un ami de Vasco, revient sur les faits. Vasco et Tina sont tombés follement amoureux. Mais voilà, Tina, mère de jumeaux, doit se marier prochainement. Tous les deux sont grands amateurs de poésie. Les poèmes jalonnent leur histoire. Ils s'aiment, fort. Mais leur histoire est-elle possible ? Pourquoi se finit-elle dans le bureau d'une juge?

Oui, ce thème est vu et revu. Mais ce tout petit roman de 187 pages m'a soufflée. J'ai été subjuguée par la langue poétique et virtuose de l'auteur. Si j'avais trouvé que Maria Pourchet en faisait des caisses dans feu, et que sa démonstration technique avait pris le pas sur l'histoire et les personnages, Francois-Henri Désirable allie à la fois une plume talentueuse et agile à une histoire qui prend aux tripes. C'est un magnifique roman, un éloge à l'amour et, à mon sens, un des romans les plus brillants de cette rentrée littéraire.

Vous avez envie de vibrer, d'être emporté hors du temps, de manière poétique ? Lisez Mon maître et mon vainqueur !
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Voilà un nouveau regard sur le classique triangle amoureux. Vasco aime passionnément Tina. Tina aime tout autant Vasco, mais aime aussi Edgar son mari. Quant à Edgar il n'aime que Tina.
C'est écrit tout en légèreté, c'est malin, virtuose, plein de clins d'oeils à la poésie et de références littéraires, l'humour est là, sous-jacent ou à peine esquissé, c'est jouissif.
Un petit bijou.
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