C’est certain que je me retrouverai un jour au coin d’une rue, pas très à l’aise, ça tirera partout et je me demanderai : « Qu’est-ce que je fais là ? » Il y a un mélange d’orgueil de ne pas vouloir avoir peur, d’avoir accepté de couvrir cette histoire, et je ne suis pas fasciné. Je pense que les gens comme Caron ou Capa, à un moment donné, au bout d’années et d’années, ont eu une fascination, même s’ils la dénonçaient, même s’ils étaient contre
Je me suis aperçu que les Barth, Duveryier et Nachtigal étaient des solitaires, des gens très courageux qui venaient soi-disant de nations savantes, qui apportaient le progrès, qui allaient apporter le savoir. Mais peut-être pour pouvoir mieux pénétrer ces contrées difficiles, fermées et réputées dangereuses, ils y allaient seuls, sans faire étalage de force. Je me sens un peu proche de ces personnages, même si je suis conscient qu’ils ont été complices, souvent malgré eux, du colonialisme dont j’hérite moi-même.
Je pense que l'action de faire un petit livre comme ça, de mettre une photo par page avec un petit texte dessous, a fait que j'ai fait la soudure, chose que je cherchais depuis longtemps, entre ce que je pense et ce que je photographie;
A trente-sept ans, je suis content de faire encore des choses comme un enfant. (p.78)
Je pense que c’est peut-être une bonne chose de laisser le monstre de la télévision aller en avant, informer le grand public, tout le monde, par satellite, et que la photographie reprenne sa véritable place, une place qui est peut-être de second plan, mais qui est plus à même de prendre son vrai rôle. C’est-à-dire d’obliger les gens à regarder, que les gens se penchent un peu plus sur l’image, qu’ils prennent un peu plus de temps, qu’ils s’arrêtent.
Il est certain que dès l’âge de seize ans j’ai été envoyé dans des endroits où, théoriquement, comme un paysan de Ville-franche-sur-Saone, je n’aurais jamais été, c’est-à-dire dans le Sahara. Il s’est trouvé que maintenant j’ai envie d’aller au Sahara et que je ne passe pas un hiver sans aller dans le désert. J’y pense, ça me revient continuellement.
Il est l'un des grands noms de la photographie en France et dans le monde : Raymond Depardon n'en finit pas de capter les époques et de capturer les instants façon "photoreportage". En avril et mai 2024, il présente plusieurs événements autour de son documentaire "Les années déclic", réalisé 1984 avec Roger Ikhlef : une exposition à la Galerie Cinéma de Paris, un livre aux éditions du Seuil avec Gérard Lefort, et une restauration présentée au festival de Cannes dans la catégorie Cannes Classics.
Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : LOIC VENANCE / AFP et Raymond Depardon / Palmeraie et Désert
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