"La Hulotte", rendez-vous nature incontournable et tout public, consacre ce nouveau numéro à la chouette chevêche que les habitués du style et de la forme de la revue découvriront avec un grand plaisir. Sur les neuf rapaces nocturnes qui volent encore sous nos latitudes la "chevêche", connue depuis l'Antiquité et baptisée parfois « chouette d'Athéna » ou « de Minerve », selon les endroits, fait vraiment figure de modèle réduit au milieu de ses congénères avec ses 160 grammes. Ses innombrables autres noms populaires – il y en aurait 150 – parmi lesquels Pierre Déom relève : « chouette des pommiers », « chouette des moineaux », « chouette des granges », « chouette des tas de pierres », « chouette des églises » etc., racontent à eux seuls ses moeurs et sa visibilité dans les campagnes qui l'accueillaient ou qui l'accueillent encore. A l'affût sur le sommet d'un piquet, car sa vue pas trop perçante est un frein à la chasse en vol, sa silhouette arrondie et sa tête aplatie rendaient autrefois sa présence très familière en bordure des champs. Jusque vers 1900, elle fut parfois apprivoisée ou recrutée – ailes raccourcies – en assistance à la répression des souris ! Mais tous les noms populaires la concernant parlent le plus souvent de paysages dont la transformation, depuis la fin des années cinquante (sous l'effet du remembrement et de l'utilisation des pesticides), a fini par mettre en péril son habitat traditionnel (dans les saules têtards et autres troncs creux de pommiers ou trous cachés dans les vieux murs) et ses moyens de subsistance (insectes, mulots, souris et campagnols). Il resterait en effet dans notre pays aujourd'hui 25 à 50000 couples de ces sympathiques petits oiseaux crépusculaires capables aussi de se montrer le jour. Ce dernier numéro de « La Hulotte » alerte à juste titre sur leur sort. Sans faire l'éloge nostalgique et déplacé d'une époque révolue la revue se charge simplement en quarante pages très documentées et quelques délicieux ou facétieux croquis de rappeler comment le destin d'une petite chouette s'est indéfectiblement lié à celui des premiers défricheurs de forêts puis des cultivateurs, en les suivant depuis les steppes orientales jusque dans les pâtures clôturées d'Europe tempérée où cette migrante trouva un jour - entre autres vraies et bonnes raisons de s'installer - un asile sur des piquets. A lire pour la vraie poésie des champs et des clôtures distillée dans ce numéro remarquablement dessiné en hommage à une petite chouette menacée.
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La chouette d'Athéna
À force de vivre près des humains, elle est devenue un beau matin la chouette la plus célèbre du monde. Vers 525 av. J.-C. - il y a 2500 ans - les Athéniens décidèrent de graver son portrait sur une pièce de monnaie, la toute première qui ait été gravée en Europe. Son succès fut inouï puisqu'elle servit ensuite aux échanges internationaux pendant plus de cinq siècles. Mais pourquoi diable choisir précisément la chevêche, alors qu'ils avaient sous la main tellement d'autres jolis autres animaux ? La vérité est que les Athéniens de l'époque voulaient avant toute chose faire honneur à leur déesse, Athéna, la protectrice de leur ville, qui leur rendait une foule de services. Or cette Athéna (rebaptisée plus tard Minerve par les Romains) ne se promenait jamais sans une petite chevêche. Il s'agissait d'une amie à elle, Nyctéis, qu'elle avait changé en chouette pour la garder jour et nuit à ses côtés. Les Grecs eurent donc la délicatesse d'ajouter la petite bête sur le côté pile de la monnaie, le côté face représentant bien sûr le visage de leur belle déesse. (p. 10)
A force de vivre près des humains, elle est devenue un beau matin la Chouette la plus célèbre du monde. Vers 525 av. J.C. – il y a 2500 ans ! – les Athéniens décidèrent de graver son portrait sur une pièce de monnaie, la toute première qui ait été fabriquée massivement en Europe. Son succès fut inouï puisqu’elle servit ensuite aux échanges internationaux pendant plus de cinq siècles (...) La vérité est que les Athéniens de l’époque voulaient avant toute chose faire honneur à leur déesse, Athéna, la protectrice de leur ville (...) Or Athéna ne se promenait jamais sans une petite chevêche (...) Les Grecs eurent donc la délicatesse d’ajouter la petite bête sur le côté pile de la monnaie, le côté face représentant bien sûr le visage de leur belle déesse.
Ce qui étonne tout de suite, en apercevant, pour la première fois la chouette chevêche, c'est sa taille. Elle est vraiment petite, l'équivalent d'un merle. Pas banal pour un rapace!
En Angleterre, on l'appelle the little Owl, la petite chouette - et cela suffit, tout le monde sait immédiatement de qui l'on parle. Hélas, en France, les choses sont plus compliquées car, au catalogue, figurent trois autres modèles miniatures : la Chouette de Tengmalm (quel nom bizarre !), le hibou petit-duc, et la plus riquiqui de toutes les chouettes, à peine la taille d'un étourneau : la Chevêchette.