J'apprécie les histoires liées à la Flibuste et j'ai lu de nombreux ouvrages sur le sujet, qu'il s'agisse de romans, de biographies ou de documents historiques. Me retrouvant ces derniers temps dans une période « Flibuste », j'ai été séduite par le titre «
Flibustières » de
Mégane Delsinne proposé sur le site Simplement pro. Dès les premières phrases, le décor est planté, nous sommes dans les Caraïbes, à Charles Town. le personnage principal -le narrateur-, qui s'exprime à la première personne dans ce récit, s'impose d'emblée, bien dessiné sous une plume énergique qui va droit au but en se teintant d'une pointe d'humour opportune et agréable. Bonne surprise dès les premiers chapitres où l'auteure gratifie la lectrice que je suis d'un rebondissement sympathique au sujet de l'identité de ce personnage principal. Les circonstances de l'intrigue, le contexte sociétal historique et le ressenti du narrateur font l'objet d'une relation juste et pointue qui permet de se plonger sans réserve dans l'histoire où l'héroïne (oui, c'est ambigu, mais volontaire !) affirme son tempérament bien trempé et s'adapte aux circonstances et aléas de sa condition. Les autres personnages féminins proches possèdent une bonne assise, des personnalités diverses et intéressantes. Ensuite, il semble que le propos du roman, qui est de montrer que les femmes, considérées comme des êtres inférieurs dont il est d'usage de disposer à sa guise sont capables de lutter pour acquérir droits et libertés, prenne le pas sur le déroulement de l'histoire. Malgré de belles scènes sur la communauté soudée des
Flibustières, leur mode de vie développé sur l'île qui leur sert de refuge et leurs intentions humanistes, des invraisemblances se profilent, nos aventurières accomplissent des prouesses non « accréditées », pas forcément parce que ces exploits sont impossibles mais parce que les moyens de les réaliser non pas été concoctés en amont. Dans le déroulement de l'intrigue, le récit s'emballe, certaines scènes sont éludées : le personnage principal s'apprête à accomplir une action, à la phrase suivante celle-ci est achevée. Il m'a manqué des éléments sensoriels dans ce récit : le claquement des voiles, le friselis de l'eau, les odeurs d'épices, d'embruns, la couleur du ciel et de la mer, le goût du sel, cette part de rêve, de liberté, d'espace et d'exotisme que je cherche dans ce type de roman d'aventure et dans ce cadre spécifique. Au cours de la lecture, des soucis au niveau de l'emploi des temps de conjugaison et de leur concordance induisent des imprécisions dans le rythme, et dans la cohésion des actions. Des erreurs subsistent au niveau des accords grammaticaux et verbaux. Comme le début, cependant, la fin de l'histoire est explicite, soignée et structurée, la verve du personnage principal ne tarit pas, ce qui donne envie de le garder en ligne de mire dans sa lorgnette, d'autant qu'une révélation surprenante se profile à l'horizon lorsque le gouverneur honni est capturé. Un roman inégal mais aussi audacieux et intéressant par les idées et réflexions-toujours actuelles- qu'il véhicule au sujet de l'esclavage et ses différentes facettes.