La doctrine spinoziste des attributs et des modes s'oppose avant tout à ce que l'ordre des attributs soit défini par des éléments empruntés à l'ordre des. modes ; elle exclut donc avec une énergie singulière toutes les représentations anthropomorphiques de Dieu. Non seulement Dieu n'est agité d'aucun des sentiments humains ; mais même il n'a, à parler rigoureusement, ni entendement ni volonté. La volonté et l'entendement n'ont pas d'autre relation avec Dieu que le mouvement et le repos, c'est-à-dire qu'ils appartiennent à la nature naturée, non à la nature naturante.
Mais il ne suffit pas de discerner l'intuition première dont cette métaphysique est l'expression ou le produit pour déclarer qu'elle est un facteur irréductible et suffisant de la pensée de Spinoza. Car dune part celte intuition est moins simple qu'on ne dit. et procède en outre d'antécédents historiques certains ; et d'autre part, si l'originalité de Spinoza comme homme consiste à l'avoir possédée avec une énergie particulière, son originalité de philosophe consiste â l'avoir fixée dans des concepts en accord avec la science nouvelle ou même suggérés par elle. Le spinozisme s'est constitué et il a agi par l'organisation intellectuelle qu'il s'est donnée.