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EAN : 9782070531684
176 pages
Gallimard (26/09/1991)
3.62/5   13 notes
Résumé :
Depuis le début du XIXe siècle, la bourgeoisie, par la finance et l'industrie, forge les armes d'un nouveau pouvoir. A partir de 1851, un écrivain entreprend d'immortaliser cette marche du progrès en révélant des mythes nouveaux. La découverte de la terre, la reconnaissance des autres peuples, le rôle de la science, l'instruction pour tous, l'éducation morale des enfants sont les valeurs de la république en marche. Soutenu par Hetzel, le plus grand éditeur du siècle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Nous avons là un basique pour aborder la vie et la carrière de Jules Verne, cependant un peu trop factuel à mon goût. L'auteur étant un spécialiste de Verne, j'aurais davantage aimé un ouvrage plus centré sur l'analyse de son oeuvre littéraire, mais aussi qu'on me parle de ses opinions politiques ou de ses préoccupations écologiques (dont il n'est pas du tout question), plutôt que des deux grands bals qu'il avait donnés pour son épouse à dix ans d'intervalle. de même, je trouve qu'il n'aurait pas été inutile de tordre un peu le cou à cette croyance, encore très répandue, en un Jules Verne véritable prophète de la science. C'est un thème quelque peu abordé à la toute fin de l'ouvrage, dans la partie "Témoignages et documents", par Jules Verne lui-même affirmant en entretien qu'il n'a jamais été emballé par la science et n'a jamais mené d'expériences scientifiques. Seulement, cette partie du livre contient une bonne cinquantaine de pages (environ 1oo pages pour la partie essai, le choix du ratio est discutable) et je ne suis pas sûre du tout que la majorité des lecteurs s'y intéresse tellement.

En revanche, il s'agit d'un ouvrage qui met très bien en avant la grande innovation de Jules Verne, à savoir d'avoir fait des sciences, de l'industrie, de l'exploration géographique de tous nouveaux sujets de littérature, qu'il a élevés au rang de mythes modernes. le rôle de son éditeur Hetzel, qui s'était assigné une grande mission pédagogique et qui formait un véritable duo avec Jules Verne, se révèle également très intéressant. Enfin, on est confronté à un Jules Verne mélancolique, qu'on connaît finalement assez peu, assailli par bien des regrets au terme de sa vie : celui de ne pas avoir été reconnu en tant qu'écrivain tout court, et non seulement écrivain pour la jeunesse, mais aussi celui d'avoir donné de la science, au début de sa carrière, une image trop positive ayant contribué à des dérives intellectuelles où il ne se reconnaissait pas.
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La vie et l'oeuvre de Jules Verne sont, depuis quelques décennies seulement, l'objet de multiples ouvrages, plus ou moins intéressants. Jean-Paul Dekiss, grand vernien, propose ici une formidable entrée en matière dans le monde scientifique, onirique, aventureux, mais aussi profondément mélancolique, de l'auteur français le plus traduit dans le monde.

La collection Gallimard Découvertes est bien connue : une trame écrite, détaillée, foisonnante de détails ; une iconographie précise, sourcée, parfois émanée de quelques raretés ; enfin, des documents annexes pour prolonger le plaisir de la lecture. Ce "Rêve du progrès" ne déroge pas à la règle, Dekiss proposant une longue biographie commentée de Jules Verne, associée d'analyses sur une oeuvre souvent impactée par les bouleversements privés de l'auteur, sa relation père-fils avec son éditeur Hetzel ou celle, plus compliquée, avec son fils Michel. On voit aussi comment Jules Verne, partisan du progrès à ses débuts, croyant dans une science qui améliore la vie des hommes, finit par nuancer ses ardeurs à la fin de sa carrière et envisager des romans plus sombres.

L'iconographie sélectionnée est toujours pertinente et n'est concurrencée que par le plus récent "Jules Verne - Testament d'un excentrique" de Rémi Guérin (2017). Les documents annexes offrent une rare interview de l'auteur, qui détaille sa manière de travailler, millimétrée comme la vie de Phileas Fogg, et une nouvelle complète, "Frritt-Flacc", publiée en 1886.

Le nombre de pages et le cahier des charges imposés par cette collection ne permettent pas une analyse plus poussée de l'oeuvre, ce qui n'est d'ailleurs pas l'enjeu de ce livre, mais offrent aux amateurs de Jules Verne une excellente occasion d'approfondir leurs connaissances sur la vie du grand homme. Il va de soi que, pour les plus fins connaisseurs, ce joli "Rêve du progrès" n'apportera pas grand chose de plus.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Hetzel, comme tous ceux qui, avec lui, défendront un enseignement laïque, gratuit et obligatoire, est convaincu que la victoire républicaine passera par la définition d'une morale destinée à la jeunesse. Depuis son retour d'exil, il multiplie les publications en direction d'une audience familiale. Pour lui, la morale ne s'arrête pas à l'enseignement de préceptes, comme ceux donnés dans les "compositions nigaudes" de la comtesse de Ségur. Il ne veut pas faire un enfant-roi, mais préparer un citoyen libre. Pour cela, l'enfant doit recevoir les informations nécessaires à une solide connaissance du monde moderne, dans le domaines scientifiques et historiques.
En 1863, la littérature pour jeunesse est encore aux mains de l’Église ; son principal représentant est l'éditeur Mame, à Tours. Hetzel bouillonne, enrage, fustige "ces plumes mercenaires qui font métier d'écrire à la douzaine ces livres sans goût ni parfum, ces livres plats et sans relief, ces livres bêtes" que l'édition religieuse réserve aux enfants.

Chapitre II, "Les voyages extraordinaires"
[à propose de l'éditeur de Jules Verne, Pierre-Jules Hetzel]
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J.V. : Non, je ne peux pas dire que je sois particulièrement emballé par la science. En vérité, je ne l'ai jamais été : c'est-à-dire, je n'ai jamais suivi d'études scientifiques, ni même fait d'expériences. Mais quand j'étais jeune, j'adorais observer les fonctionnement d'une machine. Mon père avait une maison de campagne à Chantenay, à l'embouchure de la Loire, et à côté il y a l'usine d'Indret qui appartient à l’État. Je ne suis jamais allé à Chantenay sans entrer dans cette usine et regarder els machines fonctionner, debout pendant des heures. Ce goût m'est resté toute la vie et aujourd'hui, j'ai toujours autant de plaisir à regarder une machine à vapeur ou une belle locomotive en marche qu'à contempler un tableau de Raphaël ou du Corrège. Mon intérêt pour les industries a toujours été un trait marquant de mon caractère, aussi marquant, bien entendu, que mon goût pour la littérature dont je parlerai tout à l'heure, et que les plaisirs que me donnent les beaux-arts et que je ressens dans chaque musée ou galerie : oui, je pourrais dire toute galerie d'art, quelle que soit son importance en Europe. Cette usine d'Indret, nos excursions sur la Loire et les vers que je griffonnais constituaient les trois principaux plaisirs et occupations de ma jeunesse.

"Témoignages et documents"
[Extrait d'un entretien de Jules Verne avec Robert Sherard]
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R.S. : Comment avez-vous pu faire ce que vous avez fait sans études scientifiques d'aucune sorte ?
J.V. : J'ai eu la chance d'entrer dans le monde à un moment où il existait des dictionnaires sur tous les sujets possibles. Il me suffisait de trouver dans le dictionnaire le sujet sur lequel je cherchais un renseignement, et voilà. Bien sûr, avec mes lectures, j'ai relevé quantité de renseignements, et comme je l'ai dit, j'ai dans la tête des petits bouts d'informations scientifiques. c'est ainsi qu'un jour, dans un café à Paris, alors que je lisais dans "Le Siècle" qu'un homme pouvait voyager autour de la terre en quatre-vingt jours, il m'est immédiatement venu à l'esprit que je pouvais profiter d'une différence de méridien et faire gagner ou perdre à mon voyageur un jour dans son voyage. Mon dénouement était tout trouvé. L'histoire a été écrite longtemps après. Je garde à l'esprit des idées pendant des années - quelquefois dix ou quinze - avant de leur donner forme.

"Témoignages et documents"
[Extrait d'un entretien de Jules Verne avec Robert Sherard]
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Jules Verne ne cesse de vouloir modifier la vision, trop optimiste à son goût, qu'il a donnée de la science dans ses premiers romans. Il n'y parvient pas. On ne l'écoute plus. S'il appartient toujours aux enfants, les parents formés à sa lecture ont fait leurs l'enthousiasme et les passions de l'écrivain. Devenus adultes, ses premiers lecteurs continueront de justifier toutes leurs décisions, aussi brillantes ou sottes soit-elles, au nom du progrès futur, un credo que l'auteur, à sa manière, a bien contribué à établir.

Chapitre IV, "Le sceptique de la science"
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Jules Verne travaille obstinément à sa documentation : "Avant de commencer à écrire" mes histoires, je prenais de nombreuses notes puisées à toutes sortes de livres, de journaux, de revues ou de comptes-rendus scientifiques. Son champ d'investigation est fait de toutes les découvertes de son époque. Son action est de leur donner un prolongement futur.

Chapitre II, "Les voyages extraordinaires"
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