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Karine Laléchère (Traducteur)
EAN : 9782383990727
576 pages
Sonatine (06/06/2024)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Et si la peur changeait de camp ?

En apparence, Chelsea Martin mène une existence idéale. Mariée à David, son amour de jeunesse, mère de deux filles, elle ressemble à s`y méprendre à une femme comblée. Mais au sein de la maison où habite le couple, Chelsea étouffe. Pire, elle rase les murs. Une assiette sale dans l`évier, une tenue négligée, le dîner qui n`est pas prêt... Il suffit d`un rien pour soulever la terrible colère de David, assez pervers pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Bonjour Booksta,
Voici « Délivrées » de Delilah S. Dawson. Nous suivons une mère de famille américaine à la vie en apparence parfaite mais ce n'est qu'une apparence. Chelsea Martin est en réalité sous l'emprise d'un mari pervers et monstrueux. L'apparition d'une terrible épidémie lui permettra-t-elle d'avoir le courage de fuir avec ses filles ? J'ai adoré ce thriller engagé et corrosif qui
dénonce les violences psychologiques, physiques et sexuelles. Harcèlement, maltraitance, isolement, manipulation et violences se sont données rendez vous dans un scénario terriblement d'actualité, addictif et brillant. Les trois générations de femmes sont hautes en couleurs et leur psychologie finement analysée. L'auteure m'a séduite grâce à une plume percutante, incisive, grinçante et non dénuée d'humour . Un excellent thriller à découvrir au plus vite !
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« Délivrées » traite de violences physiques, émotionnelles et sexuelles. de l'aveu de Delilah S.Dawson dans la postface, placé initialement en préface dans la version originale titrée « The Violence », ce roman tire sa genèse de son expérience personnelle de maltraitance familiale : « J'entretenais une relation compliquée avec mon père. Lorsqu'il était sobre, j'étais une source de déception constante pour lui. Lorsqu'il avait bu, il était violent, psychologiquement et physiquement. Les soirées de Chelsea dans la cuisine s'inspirent de ce que ma mère et moi avons vécu auprès de lui. Mais, parce qu'il était respecté et apprécié dans notre ville, personne ne nous croyait. de l'extérieur, notre vie semblait parfaite. »

« Délivrées » est dédicacé aux survivantes et aux survivants, ceux qui vivaient dans la terreur des portes closes, de la parfaite connaissance des signes avant-coureurs avant l'explosion des mots et des coups. Cela pouvait être un souffle, un simple geste ou simplement le fait de se trouver dans la même pièce et d'oser respirer le même air, à l'image de Chelsea Martin, mère de famille et femme a priori comblée. Chelsea a épousé David, son amour de jeunesse. Parents de deux filles, tout semble parfaitement lisse dans cette famille vivant dans un beau pavillon, rangé, propre et entretenu à la perfection. Sauf que… David est un époux tyrannique, despote et violent qui contrôle aussi bien sa tribu, que les comptes du foyer, et la façon dont il est organisé. Pour le dire autrement, Chelsea rase les murs. Elle fait tout ce qui est humainement possible pour éviter les crises de son mari, sans jamais y parvenir. Quand le foyer supposé être l'endroit le plus sûr du monde devient celui où la peur prend le dessus, l'existence quotidienne oscille entre suffocations, apnées et strangulations. Comment sortir de cette spirale infernale ?

Un mystérieux virus, totalement incontrôlable, commence à sévir sur tout le territoire. Ses symptômes ? de la fièvre, un excès de salive et d'irrépressibles accès de violence.

Et si ce virus incontrôlable appelé La Violence par les autorités permettait de rebattre les cartes et de changer les règles de manière significative pour obtenir un impact immédiat et se débarrasser ainsi de tous les hommes violents qui pourrissent l'existence des femmes ? Et si la violence permettait d'infliger aux hommes, ce qu'ils infligent aux femmes depuis des millénaires ? Delilah S.Dawson a justement choisi trois femmes issues de trois générations différentes pour décortiquer la spirale de violence dans laquelle elles tombent toutes les trois. Patricia Lane, la grand-mère a fait un mariage de convenance avec un homme riche et puissant, qui, à sa manière, la contrôle totalement. Chelsea, sa fille a épousé un homme du même acabit, mais qui se sert en plus de ces poings pour régler ses comptes. Ella, la fille de Chelsea, âgée seulement de 17 ans, fréquente un garçon du même âge, qui possède déjà en lui, toutes les caractéristiques d'un homme susceptible de faire des femmes, ses victimes privilégiées. Elles ont toutes besoin d'être « Délivrées » de cette forme d'emprise du sexe masculin sur le sexe féminin. Si le roman est un thriller domestique à tendance horrifique, il est avant tout un roman féministe qui met en lumière des situations de violence domestiques qui frappent de nombreuses femmes dans notre société.

Ce qui rend « Délivrées » totalement passionnant, sont les choix narratifs faits par l'auteure. En effet, les personnages suivis qui contractent le virus sont ceux qui habituellement ne sont pas violents ( même si tout le monde peut l'attraper sans condition de sexe). Ils prennent à la fois la mesure de la mécanique de l'abus de pouvoir tout en se mettant à rêver d'un futur différent. « Délivrées » démontre à quel point ces femmes avaient à peine conscience de l'horreur de leur condition et surtout parviennent à analyser le cercle vicieux de la montée en puissance de la violence masculine tout en décryptant les phénomènes d'isolement, de ressources coupées, et d'emprise.

Plusieurs choses m'ont interpellée dans « Délivrées ». D'abord, la façon dont Delilah S.Dawson utilise son expérience personnelle pour créer une oeuvre de fiction où, sans raconter sa situation personnelle, elle tacle les comportements masculins, la société américaine post-covid, le système politique à l'arrêt, le système médical toujours plus discriminatoire, tout en divertissant le lecteur. À aucun moment du roman, je n'ai su avec certitude où elle m'emmenait et je dois dire que loin de m'agacer, cela a suscité un délicieux lâcher-prise. Ensuite, j'ai aimé le fait qu'elle utilise ce virus de la violence pour écarter les hommes de la vie des femmes sans que cela ne me choque vraiment (et que je jubile un peu…) : ils récoltent la monnaie de leur pièce, avec ou sans virus, ils sont mis à l'isolement et ainsi ne peuvent plus nuire. Jouissif ! Elle a travaillé ses personnages féminins avec grand soin, les faisant évoluer d'un état de victime et celui de guerrière. (je rappelle que le choix narratif de l'écrivaine est bien de faire contracter le virus à des gens qui ne sont pas violents habituellement) Les voir prendre conscience des choses, réagir et prendre leur envol font partie des moments les plus savoureux de « Délivrées ». Enfin, le virus La Violence pourrait n'être qu'une possible métaphore pour combattre un phénomène de société, sortir d'un cercle vicieux et encourager les femmes à rendre les coups. Il nous faudrait un virus de cette nature pour éliminer définitivement cette relation de pouvoir que les hommes entretiennent sur les femmes afin de redéfinir l'équilibre.

Si « Délivrées » comporte à raison des scènes relativement violentes, on y rit autant que l'on y est ému. Ces trois générations de femmes se rapprochent, finissent par se comprendre et par s'apprécier lorsqu'elles sont enfin débarrassées de la présence masculine qui sans relâche les empêchait d'être elles-mêmes. Leur évolution, Patricia qui devient une vraie grand-mère, Chelsea qui prend son destin en main, Ella qui comprend comment ne pas se laisser enfermer dans le cercle vicieux est le sel du roman.

« How people treat you is their karma; how you react is yours. » – Wayne Dyer (La façon dont les gens vous traitent est leur karma ; la façon dont vous réagissez est le vôtre)

« The Violence », titre américain s'axe sur les causes alors que « Délivrées », choix du titre français focalise sur les conséquences. « Une chose est sûre, c'est que la peur nourrit les monstres, explique Patricia, se demandant machinalement quelle part d'elle s'exprime, Patty n'est jamais très loin, en ce moment. Les monstres ont besoin de savoir que tu as peur d'eux, qu'ils sont plus grands et plus importants que toi. Si tu t'enfuis, si tu pleures, ils sont satisfaits. Mais si tu les affrontes, ou, mieux encore, si tu les ignores, alors ils vacillent. » le vent tourne…

Traduction : Karine Lalechère
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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La violence, omniprésente. C'est d'ailleurs le titre original du roman de Delilah S. Dawson racontant le parcours de femmes Délivrées dans un monde qui vacille.

Encore une histoire de pandémie, me direz-vous. Oui, sauf qu'elle est très singulière et que le récit se focalise surtout sur ses personnages féminins, le contexte ne servant qu'à accentuer le message.

Une famille, plusieurs générations. Une mère tout d'abord, vivant sous le joug d'un mari tyrannique et brutal, l'archétype du pervers narcissique. Ses deux filles ensuite, une adolescente déjà fortement confrontée à cette violence dans le cercle familial et dans sa vie personnelle, et une gamine lumineuse de cinq ans pas encore gâtée par l'ambiance délétère. Et se rajoute une grand-mère « de la haute » qui va devoir remettre les pieds sur terre.

Un contexte qui offre les ingrédients pour un thriller psychologique, sauf que l'autrice a voulu sortir des schémas habituels, son cursus passé d'écrivaine de romans fantastiques n'y est pas étranger.

L'épidémie qui s'abat sur le monde va rebattre les cartes. Et, d'une certaine manière, traiter le mal par le mal. Son nom : la Violence, justement. Les infectés se mettent à avoir des crises qui les poussent aux pires extrémités, en réaction à une agression ou juste un stress.

Chelsea, cette mère, va subir comme user de ce virus. le reste de la famille et elle vont voir leurs vies chamboulées, d'une manière que le lecteur n'imaginera pas.

À part les excès de cette épidémie qui parsèment le récit, lui insufflant une aura étrange, le reste de l'histoire de ces femmes est très crédible. À tel point que les scènes de violence conjugale sont difficilement soutenables tellement elles sont fortes et expressives. Terribles moments qui font prendre conscience de tous les détails de ce genre de relations.

Delilah S. Dawson dénonce, mais ne le fait pas dans le vide, sa postface où elle parle de son propre parcours ne peut que renforcer la puissance de ces passages. À travers cette fiction, on sent qu'elle a puisé dans son parcours personnel, et qu'elle a voulu l'exorciser.

C'est donc une histoire de femmes, un seul personnage masculin surnage dans un éventail de salauds, mais c'est bien pour ouvrir les yeux de tous. La parole s'émancipe, mais ces horreurs du quotidien sont toujours aussi présentes. Une accumulation de scènes uppercuts dans un texte qui met la violence au centre, au premier degré comme de manière plus figurée.

Le roman n'en reste pas moins une fiction, où ces personnages vont avoir la possibilité de s'émanciper, grâce aux rencontres surprenantes sur leurs chemins de vie bouleversés. Une aventure humaine au propos puissant, même si l'idée de répondre à la violence par la violence est parfois limite. le propos se veut volontairement provocant pour faire bouger les lignes.

On s'attache fortement à ces personnages, même à la grand-mère atrabilaire, le coeur du lecteur palpite à leurs côtés, à vivre des émotions fortes.

Delilah S. Dawson propose un récit plein de rage, mais où la résilience est possible. Les femmes qu'elle met en scène sont Délivrées de l'oppression de la violence quotidienne. Parce que le monde change, et qu'il doit changer encore davantage.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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On suit dans ce roman trois générations de femmes (la grand-mère, la mère et les deux petites filles) victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques et économiques chacune à leur manière. Jusque là, rien de très original à l'heure actuelle… Mais l'autrice a ajouté à son histoire une épidémie ( la Violence ) qui déchaîne chez les malades des crises de rage telles qu'ils massacrent les gens autour d'eux avant d'oublier le déroulement de la crise…

Cette situation hors du commun va permettre à nos héroïnes de changer leurs vies. Les péripéties s'enchaînent sans temps mort ; l'autrice évoque également l'inégalité du système de santé américain, en plus des violences faites aux femmes. J'ai découvert grâce à ce livre le monde du catch professionnel : je n'aurais pas imaginé m'intéresser un jour à cet univers… et pourtant !

En bref, l'autrice nous offre une description précise de la psychologie des victimes de violence et de leurs auteurs, tout en rendant son intrigue efficace et très agréable à suivre. La postface nous apprend qu'elle s'est largement inspirée de sa vie et de celle de sa mère pour construire son roman. Attention cependant : certaines scènes sont très violentes et peuvent heurter les lectrices et lecteurs sensibles.

Je remercie vivement les éditions Sonatine et NetGalley pour cette découverte.

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Un thriller psychologique atypique !
Une pandémie responsable d'une violence inouïe, une mère de famille sous l'emprise d'un mari violent qui pourrait alors y voir une échappatoire, voilà les bases de ce roman que j'ai trouvé passionnant.
On entre vite dans l'histoire, les rebondissements s'enchaînent, rien ne se passe comme prévu pour Chelsea et ses filles et on s'attache tellement à elles qu'on dévore les chapitres, la peur au ventre, pour connaître la suite.
Les personnages sont intelligemment construits, leur psychologie, leur rage de se reconstruire et de survivre sont d'une justesse incroyable.
Trois générations de femmes maltraitées qui vous embarquent dans une histoire déchirante, inattendue, qui dénonce les violences domestiques et montre la capacité de résilience des victimes.
Je remercie les éditions Sonatine pour la découverte de ce roman original et tristement d'actualité qui paraîtra le 6 juin prochain !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C'est presque drôle de songer à tous ces Américains qui ont virilement refusé de se confiner au moment du Covid parce que ce n'était qu'une « grippette », et qui se barricadent chez eux maintenant qu'ils risquent de se faire tabasser.
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Il lui a rogné les ailes petit à petit, de manière qu'elle ne puisse pas s'échapper. Ne puisse même pas sortir pour voir ce qu'elle ratait.
La prise de conscience est douloureuse. Pendant toutes ces années, elle a dit oui sans protester, jusqu'à ce qu'il ne reste rien d'elle. Elle errait tel un fantôme dans la maison, s'oubliant petit à petit. Et ç'aurait pu être n'importe qui. Il aurait pu passer une petite annonce.
Cherche poulinière, paillasson et punching-ball. Logée et nourrie, mais vous y perdrez votre âme.
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Les amis de sa propre mère, certains clients du diner, des types qui jaugeaient les femmes comme s'ils étaient devant une voiture qu'ils envisageaient d'acheter, une bagnole qu'on conduit jusqu'à ce qu'elle soit bonne pour la casse. Un objet dont on se sert quand on en a besoin, qu'on entretient quand on en a les moyens et le temps, qu'on exhibe ou qu'on cache, qu'on plie contre un arbre et qu'on laisse rouiller en parlant d'accident ou de volonté divine.
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Une chose est sûre, c'est que la peur nourrit les monstres, explique Patricia, se demandant machinalement quelle part d'elle s'exprime
Patty n'est jamais très loin, en ce moment. Les monstres ont besoin de savoir que tu as peur d'eux, qu'ils sont plus grands et plus importants que toi. Si tu t'enfuis, si tu pleures, ils sont satisfaits. Mais si tu les affrontes, ou, mieux encore, si tu les ignores, alors ils vacillent.
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Pour changer, encore faut-il le vouloir. Et c'est inconfortable. Décider de changer, et s'y tenir, c'est le travail de toute une vie. Mais je crois que c'est possible.
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