Je quittai Lhassa aussi paisiblement que j'y étais arrivée sans que personne se fût douté qu'une étrangère y avait vécu au grand jour pendant deux mois.
Il s'en fallait de beaucoup que mon voyage fût terminé. Je regagnai les bords du Brahmapoutre et entrepris une nouvelle série de pérégrinations. Parmi les endroits intéressants que je visitai est le monastère de Samyé, sujet d'innombrables légendes et résidence d'un des grand oracles officiels du Tibet. J'y pus voir la porte scellée de l'appartement qui abrite, dit-on, le ébats macabres de démones se repaissant des "souffles vitaux" fraîchement exhalés par les mourants.
Je parcourus aussi la province de Yarlung, ses multiples lieux de pèlerinages et maints autres endroits. La relation de ce voyage supplémentaire fournirait facilement matière à un livre entier.
Enfin, un soir , j'arrivai à Gyantzé.
Je ne m'aventurerai pas à dénier que la construction de routes à travers la Chine et l'Asie centrale est un progrès. Cependant, je suis heureuse de m'être promenée entre Ceylan et la Mongolie en un temps où n'existaient que de pittoresques, étroits sentiers, quand le voyageur devait aussi, parfois, chercher son chemin à travers des solitudes sans routes marquées. Parcourir les pays à cette époque avait une saveur, un charme ensorcelant qui ne se retrouvera sur aucune route pour automobiles.
En dehors de toute question de goût personnel à cet égard, je ne puis pas me lasser de signaler avec insistance le côté absurde de ce développement intensif des voies de communication alors que tous les pays s'emploient avec une égale énergie à entraver ou à prohiber la circulation des hommes de par la terre.
La malignité grotesque dont les divers gouvernements font preuve à cet égard éclairera-t-elle les nigauds qui croient à une "Union des Nations"? ... C'est infiniment peu probable.
Je quittai Lhassa aussi paisiblement que j'y étais arrivée sans que personne se fût douté qu'une étrangère y avait vécu au grand jour pendant deux mois.
Il s'en fallait de beaucoup que mon voyage fût terminé. Je regagnai les bords du Brahmapoutre et entrepris une nouvelle série de pérégrinations. Parmi les endroits intéressants que je visitai est le monastère de Samyé, sujet d'innombrables légendes et résidence d'un des grand oracles officiels du Tibet. J'y pus voir la porte scellée de l'appartement qui abrite, dit-on, le ébats macabres de démones se repaissant des "souffles vitaux" fraîchement exhalés par les mourants.
Je parcourus aussi la province de Yarlung, ses multiples lieux de pèlerinages et maints autres endroits. La relation de ce voyage supplémentaire fournirait facilement matière à un livre entier.
Enfin, un soir , j'arrivai à Gyantzé.
Les Tibétains, tout comme les Chinois, aiment à décorer les ponts, les routes et les sites remarquables de leurs pays avec des inscriptions d’un caractère poétique, religieux ou philosophique. Certains voyageurs ont cru devoir tourner cette coutume en ridicule ; je les comprends mal. Quelques lignes de subtile poésie, comme les Chinois excellent a en écrire, une sage pensée, gravées sur un roc pittoresque, l’image d’un Bouddha en méditation, peinte dans une caverne ou meme, flottant au vent à un carrefour, un simple ruban de papier portant l’antique mantra sanscrit : Sarva mangalam (jour à tous), me semblent infiniment préférables aux réclames prônant des jambons et des liqueurs qui décorent les routes des pays occidentaux.
Évidemment, mes goûts sont ceux d’une sauvage.
De leur côté, mes domestiques ne demeuraient pas inactifs, mais leur activité concernait des soins très matériels. L'un d'eux avait tant bien que mal pourvu en cours de route au ferrage des mules qui n’avait pas pu être fait à Nanping. Restait le cheval, pour lequel nous n'avions pas en réserve, de fers assez larges.
Vidéo de Alexandra David-Néel