Lors de la dernière masse critique Babelio, j'ai sollicité une dizaine de livres. Je souhaitais secrètement recevoir ce livre de Cut Killer. Bizarre pour une lectrice comme moi, je vous l'accorde. Mais voyez-vous, à la maison j'ai un grand garçon de 18 ans passionné de musique . Il y a eu le confinement, maintenant le blocus, dans le salon où je lis, c'est du rap et du hip-hop du matin au soir. (Pas que certes mais beaucoup) (Si j'aime ça ? J'ai appris à aimer oui oui parce que mon fils est un formidable mélomane qui aime parler musique avec respect et intelligence). J'avais donc très envie d'en apprendre plus sur cet univers. Et mon fils m'a dit quand j'ai su que j'allais recevoir ce livre : « trop cool, il est génial Cut killer ! ». Let's go donc. (Et là au moment où je rédige ma chronique j'écoute « Can't c me » de Tupac: je kiffe)
Cut killer Mixtape 2.0, j'ai enfilé les 215 pages en une petite journée, baignée dans un univers hip-hop de jeunes casquettes noires à l'envers, Nike aux pieds, j'ai découvert le scratch, le passe-passe, le drop, deejaying, et d'autres termes propres à cet univers musical.
Cut killer c'est un dj, un producteur reconnu d'artistes aussi divers que Missy Elliott, Public Ennemy, IAM, NAS, Notorious BIG,…
On découvre ici sa vie depuis tout petit, en France dans le quartier Seine-Saint-Denis, ses origines marocaines puis ses débuts dans la musique, les premiers mixtapes (mixer d'anciennes chansons dans un style plus moderne).
Cut killer va surtout se faire remarquer dans le film de Mathieu Kassovitch, La haine. le DJ y apparaît dans une scène phare à la fenêtre d'un immeuble, il mixe cette chanson qui rendra dingue Mathieu Kassovitc, en utilisant du
Edith Piaf dans du hip-hop. (Tendez l'oreille, elle est géniale cette chanson)
Éclectique, Cut killer mixe autant de rap américain que français. C'est à New-York que le dj trouve ses sources d'inspirations.
Et pour mon fils, rien n'est aussi meilleur que le vieux rap américain.
Petit aparté intéressant sur le rap américain suite à ma dernière conversion avec mon mélomane de fils.
C'est dans les années 80-90 que le rap émerge en Amérique, citons par exemple LL Cool G.
Entre 90-94, le hip-hop se veut plus en connexion avec le peuple. Les rappeurs écrivent pour les gens, par les gens, pour dénoncer cette société ou l'injustice est reine. Citons NWA, NAS, Dr Dre, Snoop Dog…
Entre 94-99, on arrive au meilleur âge du hip-hop. Les rappeurs ont plus de moyens financiers car le rap est écouté par plus de monde, et produisent du contenu de meilleur qualité. On rap pour le fun. Citons Tupac, Notorius Big, Mobb Deep, wu tang clan,
En 97 sort le meilleur album de rap français : L'école du micro d'argent d'IAM. le rap est voix de dénonciation : injustice et misère du peuple.
Passé 2000, le rap devient commercial, moins intéressant. le meurtre du rappeur Tupac puis de Notorious BIG puis de Big L, bien que moins connu du grand public, génère une peur chez les gens. le rap se fait moins hargneux et vindicatif.
Pour les grands mélomanes, disons que le meilleur rap c'est surtout les années 90 où les textes sont bons autant que les rimes et l'instrumental. Dans cet âge d'or du hip-hop, Cut killer a joué son rôle, en produisant de nombreux tubes, parfois le single phare. On peut citer Affirmative action de NAS, get ur freak on de missy Eliot, protect your neck du wu tang clan, shimmy shimmy ya de old dirty bastard, ms fat booty de mos def, et bien d'autres titres produits par Cut killer.
Le DJ derrière l'instrumental, cette ombre qu'on ne remarque pas toujours, cet air qui semble familier, cette mélodie particulière qui nous donne envie de bouger la tête. le pouvoir du hip-hop réside certes dans des textes de grandes qualités, avec des rimes, métaphores et du flow à profusion, l'instrumental a ce rôle qu'on ne remarque pas toujours, mais qui fait entièrement la différence. Cut killer fait partie de ceux qui savent ajouter cette petite chose en plus créant des chansons qui se démarquent.
Je remercie Babelio et les éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre qui aura eu le grand mérite d'affiner ma culture musicale et de me faire partager un excellent moment didactique et passionné avec mon fils.
Cette chronique a été co-écrite avec lui.