Excellente couverture, excellente 4ème de couv', what could go wrong ? Je commence ma lecture ravie et enjouée, impatiente de découvrir la « révélation » du titre en me promenant d'anachronismes en incohérences dans les rangers coquées – non c'est faux mais ça aurait pu – d'Ethan, notre héros.
Reprenons. Ethan se réveille amnésique et blessé dans l'herbe, à côté d'une rivière. Marchant un peu pour s'orienter, il tombe sur une petite ville semblant coincée dans les années 80 ; de rencontre en rencontre, il se rend bien compte que quelque chose ne tourne pas rond. Il le répétera d'ailleurs souvent. Même très souvent. Mais quel est donc le secret de cette petite ville paradisiaque engoncée dans ses hautes montagnes ?
D'un côté, j'ai beaucoup aimé cette lecture. Fascinée par le mystère, j'ai avalé les pages comme rarement. L'auteur tient en haleine avec de nombreux retournements de situation, des pièces du puzzle savamment dispersées, des cliffhangers en fin de chapitre… J'étais clairement dedans.
Et d'un autre côté, mon oeil critique s'est réveillé pour ne plus s'endormir après cette simple phrase : « elle était trop ronde pour être jolie ». Erf. Ouverture des hostilités dans mon cerveau, me voici prête à traquer la moindre remarque sexiste de notre protagoniste et à pointer la micro-incohérence qui fera s'effondrer l'intrigue à mes yeux. Bien entendu, j'étais toujours concentrée sur l'histoire, mais je crois que la suspension consentie de mon incrédulité en avait prit un coup. le personnage principal m'est devenu plutôt imbuvable, je n'avais certes pas envie qu'il meure, mais c'était surtout parce que je voulais voir le bout de l'histoire. Je me suis rendue compte qu'il donnait en permanence son avis sur l'apparence des personnages féminins, ce que j'attribue au personnage d'Ethan, mais aussi que les hommes étaient beaucoup moins décrits physiquement que les femmes, ce que j'impute à l'auteur. D'ailleurs, les personnages féminins n'ont pas vraiment de personnalité, et les personnages masculins ne sont pas beaucoup mieux… Bref, en dehors d'Ethan, et de Wayward Pines, il n'y a pas vraiment de personnage marqué dans ce roman.
Ensuite, on peut noter l'accumulation de violences. Alors bien sûr, Ethan est très fort, très musclé, très résistant (ce qui n'a plus tellement de sens à la révélation finale, m'enfin bon), il tient tête à nombre de situations mortelles, de plus en plus mortelles. Mais d'autres n'ont pas sa chance, et les descriptions sont vraiment très bien maîtrisées (sans tomber dans un gore inextricable non plus). Beaucoup de la violence est suggérée, fantasmée, bien souvent notre héros ne regarde pas directement et c'est presque pire tant
Blake Crouch sait nous retourner les tripes. Je me suis sentie emportée dans ces moments-là tant la tension est palpable, cinématographique. J'ai un peu oublié le bourrin qu'est notre cher Ethan, à fond dans l'instant et l'enchaînement d'actions.
J'ai eu ce que je voulais de ce roman : mystère, indices, petit village étrange, questionnement sur le genre du récit ; j'ai eu ce que je n'attendais pas, aussi : action, combats, dimension fantastique ; et j'ai eu aussi ce dont je ne voulais pas : misogynie, beauferie, et une fin en demi-teinte. La fin, je pourrais en écrire des tartines. Incohérence dans la réflexion d'un personnage incontournable, reprise d'un schéma classique dans le dénouement, réaction absurde d'Ethan… Bon je ne préciserai pas plus, mais j'ai été à la fois satisfaite et hallucinée. le grand « pourquoi » du déchaînement de violence, notamment, est expédié en 3 lignes, et en même temps on a une réponse pertinente et construite à l'enjeu de Wayward Pines.
Donc, je suis à la fois contente de ce page turner, et à la fois un peu gonflée. Actuellement, je ne sais pas si je vais acheter la suite, surtout que la fin du premier tome pourrait être la fin de l'histoire, je ne me sens pas obligée de découvrir la suite… A voir !
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