il s'agit bien de SF mâtinée d'un touche de fantasy. Cette dernière s'explique d'ailleurs assez logiquement, sans être proprement dit une régression socio-technique (comme nous le trouvons chez
Cherryh par exemple). D'ailleurs, il n'y a point de magie au sens premier du terme.
La structure n'est pas linéaire. P.A. Côté nous invite à suivre deux trames temporelles disjointes, l'une en 2901 et l'autre en 3045 (de notre ère). Évidemment la première a un impact crucial sur la seconde et l'objet de la duologie le jeu du Démiurge est d'en monter les ressorts… La première période s'impose comme un élément incontournable du worldbuilding, elle ne doit pas être minimisée même si elle occupe un espace plus restreint que ce qui nous sont contés en 3045. le lecteur pourrait être surpris de découvrir des protagonistes communs au deux.
Il s'agit des Eridanis, les descendants de l'homme, sans être les produits d'une mutation génétique prodigieuse ou quelconque. Ces post-humains ont évolués grâce à quelques modifications biologiques, mais essentiellement par l'intermédiaire d'un intégration parfaite de la machine à l'homme. du technique au biologique.
Physiologiquement, il se sont éloignés de leurs ancêtres, seuls les principaux organes subsistent, intégrés dans une enveloppe mécanique, leur ergonomie étudiée en fonction des vocations individuelles : exosquelette, armure, bras supplémentaires, antennes sensorielles,…. Ces modifications sont fonction de leur classe/caste : Ludi pour les éridanis dédiés au bien-être (médecin, psy, ludique, jeu,….), les Gardiens pour la sécurité, les Techno pour les sciences et techniques, les Manus sont finalement les ouvriers de tout ce beau monde.
Psychologiquement, ils restent essentiellement humains. Nos Eridanis, parfaite symbiose de la biologie à la machine connaissent des passions, des ambitions individuelles, des aspirations, l'amour, la rancoeur,… Ils ont beau avoir évolué technologiquement ainsi que psychiquement, leur âme reste humaine, avec les tiraillements, les contradictions et les conflits liés à leur nature intrinsèque. Ainsi cette approche s'avère-t-elle fondamentale et lourde de conséquences sur le reste de notre histoire.
Mais nous découvrons dans les toutes premières pages un monde agréable où la vie est paisible. L'étrangeté de l'environnement éveille la curiosité du lecteur avant toute chose avec ses arbres de métal, ses structures hétéroclites surprenantes, en bref, l'harmonie entre la matière et le vivant. C'est héritage des Eridanis, devenus maîtres dans cet insolite assemblage.
Or nous rencontrons derechef, non pas les éridanis mais des mikaïs, croisement entre l'homo-habilis et l'homo-sapiens. Si leur apparence tient du premier plutôt que du second, leur intelligence les situe presque au niveau de l'homme. Il y a un hic toutefois, cette dernière n'est pas fidèle; volage, elle doit-être renouvelée régulièrement lors d'une grande cérémonie officielle annuelle, grâce aux arbres-machines (chut…).
Cette situation ne fait pas que des heureux, et les mikaïs connaissent des tensions aussi exacerbées que les éridanis, certains d'entre eux projettent même des actions extrêmes!
Je ne vais guère vous en dire davantage que ce soit sur ce monde, les sources de technologie et leur fonctionnement, le pourquoi des mikaïs, etc car il s'agit de le découvrir au côté ( ;- ) ) de l'auteur canadien qui a organisé tout son roman dans cette optique. Les relations entre les deux trames me rappelle Latium de Lucazeau avec ses hommes-chiens, nous retrouvons également des nefs dotées d'IA même si elles jouent un rôle très secondaire. La biologie et la terraformation d'un monde sont un des aspects captivants de ce monde, les informations sont fournies par petites touches, avec quelques révélations de ci de là, une explication parsemée au détour d'un dialogue. Ce procédé est agréable car il n'y a pas de sensation pesante avec des descriptions à n'en plus finir, mais parfois un peu trop « visible« . Seule celle du début nécessaire à l'aperçu de Selckin-2 – sans être longue – contredit mon propos.
Au final, difficile d'ignorer que j'ai été agréablement surprise par ce premier roman de
Philippe-Aubert Côté. Cette SF tendance bio, mâtinée d'un soupçon de fantasy nous offre un voyage captivant dans le futur, avec un worldbuilding séduisant et un background fort solide. Les conflits de font qu'exploser en fin de premier tome, et tout participe à la promesse de déflagration finale. le fond n'en est pas pour autant négligé et le lecteur trouve son compte sur de multiples pans. le jeu du Démiurge est un beau premier roman.
critique bien plus compléte sur mon blog
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