La dernière pièce de
Corneille, jouée en 1674, éditée en 1675, son échec pousse
Corneille au silence, sa façon de concevoir le théâtre étant jugée maintenant par le public, dépassée, surclassée par celle de son ancien rival Racine, qui triomphe désormais.
Nous sommes dans les schémas bien connu chez
Corneille, dans lequels un intérêt politique s'oppose à l'amour.
Suréna, grand général, celui qui a su vaincre les Romains, aime une princesse arménienne, promise au fils de roi des Parthes, qu'il sert. Amour impossible, d'autant plus que le roi des Parthes pour s'assurer de sa fidélité veut lui faire épouser sa propre fille. Mais son «amante» (pour user du vocabulaire de l'époque) refuse qu'il épouse cette dernière. N'importe qui d'autre mais pas cette princesse. le roi presse
Suréna, et s'inquiète de son refus, doute de sa fidélité.
Ce n'est sans doute pas la pièce de
Corneille la plus réussie,
Suréna semble vraiment trop soumis à la capricieuse princesse arménienne, qui elle manque vraiment de générosité, n'est pas attachante. le roi parthe est un vrai despote, qui agit au final contre ses propres intérêts,
Suréna n'envisageant jamais la rébellion ni l'insoumission, sauf pour dire non au mariage royal. Mais cela reste une belle pièce, avec de beaux morceaux, et avec une sorte de refus de la facilité, de céder aux modes de l'époque, l'envie de garder sa propre voie, même si elle n'est plus empruntée par le plus grand nombre.
J'aime énormément
Corneille, son sens de la formule, ses constructions quasi mathématiques, son sens du suspens, et même si c'est moins parfait dans cette dernière pièce, cela reste délectable. Dommage de ne pas pouvoir la voir jouer.