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4,16

sur 1648 notes
Au début, j'ai pensé que le livre se passait il y a très longtemps.. mais non.
Et je trouve que cela rend encore plus belle cette histoire.
J'ai trouvé un vrai apaisement à la lecture de ce livre qui est un bel hommage à l'amitié, à la nature, à la montagne. On a juste envie d'être capable de les suivre d'abord dans leurs jeux, puis dans leurs ascensions.
Certes, on pourrait se dire à la lecture qu'il s'agit de morceaux de vie idéalisés, et pourtant tout n'est pas simple, la fin est triste... et cependant je garde le souvenir d'une lecture lumineuse.
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Ce roman de Paolo Cognetti est une véritable immersion, lente et profonde, dans les montagnes italiennes. Glaciers, lacs, torrents, flancs de montagne, sommets et pâturages, jalonnent notre route de lecteur. le tout est amené progressivement, avec une belle écriture classique, pour une imprégnation totale. Alors partons au pays des mélèzes et des rhododendrons.

Pietro, enfant solitaire, quitte Milan pour passer tous ses étés dans un petit village où vit Bruno, l'enfant de la montagne. Grâce au coup de pouce des parents de Pietro, une amitié naît entre les deux garçons. Leurs jeux d'enfants les amènent souvent à découvrir les ruines qui, hélas, sont nombreuses dans ces villages désertés de haute montagne. Mais l'adolescence vient perturber ces beaux étés.

Le père de Pietro entraîne son fils vers les ascensions des différents sommets, vus de son côté comme un éternel défi à atteindre. Ce père exigeant est un amoureux des éléments mais plein de maladresse envers les humains et pourtant, il est à l'origine du retour de son fils, des années plus tard, dans les montagnes de son enfance.

Les difficultés père-fils, les bouleversements de l'amitié liés au temps qui passe, le regret des relations qui n'ont pas eu lieu, la destinée de chacun selon sa propre naissance, la vie reculée dans ces régions montagneuses abandonnées : autant d'éléments, au milieu de paysages rudes et sauvages, qui font de ce roman une lecture forte et passionnante.
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"Comme on dit, parfois, quand on veut avancer, il faut savoir revenir sur ses pas. À condition d'être assez humble pour le reconnaître."

Difficile de mettre des mots sur un livre qui contient tellement de qualités.
La simplicité, la fraternité, la communion avec la nature, mais aussi l'authenticité.

Dans les années 80, deux gamins qui n'étaient pas destiné à se rencontrer finissent par se lier d'une amitié hors du commun. Il y a d'un côté Pietro, le gamin de la ville, qui habite Milan avec ses parents mais qui rejoint Grana dans la vallée d'Aoste, l'été car ses parents y louent une maisonnette. Et de l'autre un gamin de la montagne, Bruno qui ne connait que les alpages et la nature.
C'est l'occasion pour Pietro d'appréhender une autre facette de ce père travailleur et taiseux, et qui n'accepte de s'évader et de se livrer que lors de randonnées en montagne avec son fils.

Paolo Cognetti réussit un tour de force en nous contant une histoire (un poil autobiographique ?) d'amitié magnifique et un aventure humaine proche de la quête initiatique. Comment ne pas tomber en émoi devant une telle communion avec la nature ? Mon coeur a longtemps balancé entre le montagnard Bruno qui trouve grâce dans chaque instant de sa journée. Profitant pleinement de ce qu'il a et du moment présent. Mais Pietro, dans sa volonté de voyager, de se rencontrer, de s'apprivoiser et de s'épanouir interpelle beaucoup.

Alors de cette légende népalaise, qui réussit le mieux sa vie ? Celui qui monte tout en haut du Sumeru ? Ou celui qui a fait le tour des 8 montagnes ?
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C'est un magnifique roman où la montagne a une grande place. Elle est le lieu qui renforce l'amitié entre ces deux garçons qui se retrouvent chaque été. Deux garçons qui se comprennent sans avoir besoin de se parler. Une amitié indéfectible qui, même après vingt ans de séparation, est toujours aussi forte.
J'ai senti beaucoup de mélancolie dans ce roman et de tristesse. La relation entre Pietro et son père y est pour beaucoup.
C'est un livre qui est un hymne à la montagne, à cette nature si belle et sauvage qui donne envie d'y aller.
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Très belle histoire, rapidement mise en place grâce à une écriture très évocatrice, que celle de ces deux enfants qui s'apprivoisent. D'origines très différentes, l'un Pietro, le narrateur, est un enfant de la ville, l'autre Bruno est un petit berger, ils se reconnaissent cependant et s'apprécient : "... j'étais bien trop excité pour fermer l'oeil : je venais d'une enfance solitaire, et n'avais pas l'habitude de faire les choses à deux. Je croyais, sur ce point aussi, être pareil à mon père. Mais ce jour-là j'avais ressenti quelque chose, un sentiment soudain d'intimité, lequel m'attirait et me faisait peur en même temps, comme un territoire inconnu qui s'ouvrait devant moi." (p 37)

C'est donc une histoire d'amitié qui couvre plus de trente ans, mais c'est aussi une histoire de famille : qui n'a pas ressenti les sentiments décrits avec beaucoup de pudeur et de force au moment de l'adolescence ? Les rapports de Pietro avec son père, grand amoureux de la marche en montagne, sont simples quand il est petit, bien plus compliqués quand il grandit...

Le personnage principal, s'il faut en trouver un, n'est pas le narrateur mais plutôt la Montagne ; c'est elle qui lie entre eux les destins de Pietro et de ses parents, de Bruno et de sa famille. L'un Bruno, ne quittera pas "sa" montagne alpine, l'autre Pietro parcourera le monde pour faire "le tour des huit montagnes" comme le lui expliquera un vieux népalais ; et pourtant, ils se construiront une maison commune et partageront l'essentiel.

Le ton du récit est à la fois viril et délicat, réaliste et poétique ; c'est un très beau roman - mais est-ce vraiment un roman ? - qui laisse un peu étourdi(e) quand il est fini ; l'air des hautes montagnes sans doute...

Extrait (p 74) : " Aller en montagne avec Bruno n'avait rien à voir avec la conquête des sommets. Certes, nous prenions un sentier, entrions dans la forêt, montions à toutes jambes pendant une demi-heure, mais arrivés à un endroit dont il avait le secret, nous quittions la terre battue et prenions d'autres chemins. En remontant un couloir rocheux, s'il y en avait un, ou en coupant en diagonale au milieu des sapins. Comment il faisait pour s'orienter, c'était un mystère. Il marchait à grandes enjambées, suivant une carte intérieure qui lui indiquait des passages là où je ne voyais rien qu'une rive éboulée, ou un bloc trop abrupt."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Très belle histoire où l'on sent le vécu, la profondeur des sentiments, entre un fils Bruno et son père, à l'épreuve de la montagne depuis l'enfance . C'est aussi la naissance d'une amitié entre Bruno et son seul compagnon de vacances, un petit berger solitaire qui l'initie à la rude vie là-haut. Portrait sans doute autobiographique de la jeunesse de l'auteur qui saisira toute la complexité des êtres qui lui sont chers et tout ce qu'il leur doit dans la souffrance lorsqu'il sera loin d'eux et marqué à jamais par la beauté, la liberté, l'humilité que l'on ressent face aux paysages somptueux et glacés des Alpes italiennes.
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Paolo Cognetti connait très bien la montagne, on sent du vécu dans son magnifique roman. J'ai eu rapidement l'impression de me trouver dans un texte de Marcel Pagnol comme « la gloire de mon père » où les descriptions de sa vie avec son père sont si belles.
« Je commençai à apprendre la façon qu'avait mon père d'aller en montagne- ce que j'ai reçu de lui qui se rapproche le plus d'une éducation…………..Mon père prenait un café dans le premier bar ouvert……..Le parcours démarrait derrière une église ou après un petit pont de bois……….Sur le sentier mon père me laissait marcher devant…… » (Page 49)
Deux périodes de la vie de Pietro sont évoquées :
Sa jeunesse : Il vit en ville à Milan. Il a une douzaine d'années quand ses parents passionnés par la montagne lui font découvrir un village Grana dans la Val d'Aoste. Dans ce petit village il va nouer une profonde amitié avec un des rares enfants de son âge. Bruno va lui faire découvrir sa montagne et l'entraîner sur des terrains de jeux et d'aventures nouveaux pour un citadin. Son père Gianni partait tous les jours vers les sommets mais lui n'aimait pas marcher si haut :
« Peut-être ma mère avait-elle raison, chacun en montagne a une altitude de prédilection, un paysage qui lui ressemble et dans lequel il se sent bien. La sienne était décidément la forêt des mille cinq cents mètres, celle des sapins et des mélèzes………..Moi j'étais plus attiré par la montagne qui venait après : prairie alpine, torrents tourbières, herbes de haute altitude, bêtes en pâture. Plus haut encore la végétation disparaît, la neige recouvre tout jusqu'à l'été et la couleur dominante reste le gris de la roche veiné de quartz et tissé du jaune des lichens. C'est là que commençait le monde de mon père. » (Page 54)
Durant quatre ans tous les étés Pietro et Bruno se retrouvent mais vont se perdre de vue pendant une quinzaine d'années.
Pendant cette période, chacun d'eux va avoir une vie différente, une vie d'études et de voyage pour Pietro et une vie de montagnard accroché à sa terre pour Bruno.
La deuxième partie évoquera leurs retrouvailles et leur amitié indéfectible. Pietro aura quelques regrets :
« Je commençais à comprendre ce qui arrive à quelqu'un qui s'en va : les autres continuent de vivre sans lui. J'imaginais les soirées qu'ils passaient tous les trois, quand Bruno avait vingt, vingt-cinq ans, et qu'il se tenait là, à ma place, à discuter avec mon père. Il en aurait été autrement si j'étais resté, ou peut-être aurions-nous partagé ces instants ; le regret de ne pas avoir été avec eux l'emportait sur la jalousie. J'avais l'impression d'être passé à côté du plus important, pendant que je me consacrais à d'autres choses si futiles que je n'aurais même pas su dire ce que c'était. » (Page 162)
Je connais la montagne, y habitant régulièrement, mais Paolo Cognetti m'a appris beaucoup de choses à ce sujet. le livre regorge de détails sur la dure vie du montagnard à cause des aléas du temps et de l'isolement. La vie des exploitations de troupeaux est très bien documentée. Lors des voyages de Pietro au Népal il peut constater que la vie montagnarde est restée à l'état ancestral qu'il a connu dans sa jeunesse :
« J'avais l'impression d'avoir retrouvé vivante la civilisation de montagnards qui, chez nous, s'était éteinte. » (Page 216)
Pourquoi ce titre « les huit montagnes » ? Il renvoie à une histoire racontée par un vieux porteur Népalais qui trace un dessin pour Piero dans la vallée de l'Everest. Un dessin en forme de mandala représentant une roue dont les huit rayons (montagnes) séparent les mers. le centre est occupé par le plus haut sommet, celui du Sumeru.
« Lequel des deux aura le plus appris ? Celui qui aura fait le tour des huit montagnes, ou celui qui sera arrivé au sommet du mont Sumeru ? » P 207
Les trajets respectifs de Pietro et Bruno sont comparés à cette conception du Mandala.
La montagne est magnifiée par Paolo Cognetti, c'est elle qui apprend à vivre :
« Je commençai alors à comprendre que tout, pour un poisson d'eau douce, vient de l'amont : insectes, branches, feuilles, n'importe quoi. C'est ce qui le pousse à regarder vers le haut : il attend de voir ce qui doit arriver. Si l'endroit où tu te baignes dans un fleuve correspond au présent, pensais-je, dans ce cas l'eau qui t'a dépassé, qui continue plus bas et va là où il n'y a plus rien pour toi, c'est le passé. L'avenir, c'est l'eau qui vient d'en haut, avec son lot de dangers et de découvertes. le passé est en aval, l'avenir en amont. » (Page 40)
Les mots en montagne ne sont pas des abstractions : « Et il disait : c'est bien un mot de la ville, ça, la nature. Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l'est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. Autant de choses qu'on peut montrer du doigt. Qu'on peut utiliser. Les choses qu'on ne peut pas utiliser, nous, on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien. » (Page 210)
Paolo Cognetti utilise la richesse de sa langue avec un style littéraire précis qui désigne le monde de la montagne au travers d'une écriture poétique d'une grande puissance, évoquant admirablement la vie de montagne que les citadins ne connaissent plus. La description de la flore et la faune donne l'impression de visualiser un film, mais je crois que Paolo Cognetti a une formation de cinéaste. Son écriture poétique d'une grande puissance évoque admirablement le monde montagnard.
J'ai trouvé ce livre d'une grande fraîcheur avec une relation d'amitié émouvante et un amour tardif entre un fils et son père qui n'a pas eu les mots qu'il fallait de son vivant, mais a su laisser un bel héritage à son fils : l'amour de la montagne.
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Je suis une inconditionnelle des romans qui intègrent la montagne et la nature comme faisant partie intégrante de l'intrigue et des caractères des personnages. le roman Les huit montagnes fait partie de cette catégorie et c'est un beau roman que Paolo Cognetti nous propose ici. La montagne y est omniprésente, pour mon plus grand plaisir, et c'est avec une histoire simple mais efficace qu'on va profiter de ce beau contexte. le récit d'une amitié forte mais aussi de la relation père/fils est très agréable à lire et j'ai passé un très bon moment grâce à cette lecture.
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Vallée d'Aoste, massif des Alpes où se situe le mont Rose, avec la pointe Dufour à 4 634 m ; un lieu qui stimule l'esprit en quête de voyages, mais aussi l'amitié indéfectible de deux jeunes enfants. Que tout oppose dans la façon de vivre, de voir l'avenir, hormis l'amour de la montagne, un attachement viscéral aux pierriers, aux crêtes et sommets mais surtout à la solitude, des lieux propices à la méditation, à l'écoute du silence.

Grana, val d'Aoste, un jeune vacher – Bruno – sans amour familial, sans grande connaissance si ce n'est celle de la nature, son terrain de prédilection dans lequel il excelle ; Pietro, enfant citadin de Milan, qui grâce à son père, va découvrir le monde montagnard et surtout Bruno, qui va l'initier aux secrets de la rude vie dans l'univers de l'alpage.

Le temps va passer, et chacun y trouve sa route ; mais Bruno ne peut quitter l'endroit de son enfance et ne peut même envisager de le quitter ; tout à l'opposé de Pietro, qui se cherche, voyage au Tibet, au Mustang pour des séjours humanitaires et y faire des reportages sur la vie de ses habitants, mais qui toujours reviendra voir son ami Bruno et se ressourcer le nez dans les étoiles à ses côtés. En effet, comment oublier les moraines, les séracs, les névés toujours présents dans leurs souvenirs indélébiles, et où se trouve le plus beau refuge.

Ce livre - Prix Médicis 2017 -, de Paolo Cognetti, fredonne un hymne à la nature, à la lenteur, à l'observation des mélèzes, d'un flocon de neige, de l'eau glacée d'un petit ruisseau. À lire calmement en écoutant la symphonie pastorale de Beethoven. Un voyage hors du temps que l'on ne voudrait guère quitter, une lecture bienfaitrice et réparatrice pour l'âme. Bref, un excellent remède à la monotonie et la frénésie citadines.

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Quoiqu'on en dise, les montagnes symbolisent la grandeur et le détachement dans l'esprit de masse. Vaincre Paphos. Il faut être Alexandra David-Neel pour célébrer cette fragile collision avec l'éternité. Mais Paolo Cognetti n'est enclin ni au ravissement ni aux émotions exagérées. Sa narration est lisse, grisâtre, dépourvue de signes de style individuel.

Pietro a un ami, Bruno, qui a vécu toute sa vie dans les montagnes, les Alpes italiennes, qui par l'appel du sang leur appartient. le père de Pietro, au contraire, est un citadin, mais il est attiré vers les montagnes par le fameux esprit edgarien de contradiction. Il se rapproche de Bruno, d'abord avec un adolescent, puis avec un jeune homme qui a quitté le chantier pour la montagne. Quand le père de Pietro meurt, le fils aîné rentre du Népal pour réaliser le dernier souhait du père : construire une maison dans les montagnes. Bruno l'aide. Sans émotions ni agitations inutiles, une amoureuse de Pietro, Lara, rencontre Bruno, dont elle aura plus tard une fille, Anita.

Rien de particulier ne semble se passer dans le livre en dehors de la disparition de Bruno à la fin. Mais si on pense qu'en faisant cette lecture on s'habituera aux personnages et qu'on sera triste de la perte de l'un d'eux, alors on se trompe.

Ce récit n'évoque ni la tristesse ni la réflexion. Il traduit ouvertement une certaine impuissance littéraire, comme une honte pour l'auteur, un jugement qui peut être émis par n'importe quel lecteur assidu, par celui qui a honnêtement essayé de chercher une signification, des signes, des secrets, dans le livre.

Ce roman est très symptomatique de l'amertume d'une impossibilité de vivre qui ne peut s'exprimer et qui s'éboule comme un sédiment périssable dans un gouffre de montagne, au même endroit où toutes les aspirations et tous les rêves ont irrémédiablement coulé, ainsi que le noyau de l'être idéaliste.
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