Le désir nous soumet à une loi plus terrible encore [que la loi morale], puisque, loin d’excuser nos fautes en raison de l’autonomie artificielle à laquelle on les réfère, c’est notre vie qui se juge radicalement elle-même par-là, sans que nous puissions prétexter d’avoir été placés dans des circonstances impossibles ou trop difficiles.
Le sujet peut éprouver cette demande [d’amour] comme insatisfaite alors même que les besoins sont comblés ; après tout, il est ordinaire de satisfaire les besoins de quelqu’un pour éviter de répondre à sa demande d’amour.
Il se pourrait que Lacan ait usé des philosophes qu’il lisait avec une stratégie de frustration du lecteur-philosophe. Il lit les auteurs en accordant à leurs signifiants un autre sens que celui qui est ordinairement reçu et il pratique ainsi ce qu’on prendrait volontiers quoique à tort pour une fausse lecture ou un « faux dire » sur sa lecture.
Ce type de négation à l’œuvre dans la forclusion peut avoir un effet de Réel. Le Réel est ordinairement saisi par le Symbolique et rejeté comme n’étant pas le Symbolique ; mais si la saisie par le Symbolique ne s’effectue pas, cela ne veut pas dire que le rejet ne joue aucun rôle. On peut rejeter ce qui n’a pas été appréhendé symboliquement.
Si la philosophie n’ose plus affirmer par elle-même sa valeur curative ou si nul ne peut dire qu’il se soigne par la philosophie, il est beaucoup plus acceptable que la psychanalyse laisse entendre qu’elle soigne par la philosophie.