J'ai entamé la lecture de ce court recueil comme une sorte de suite logique aux «
Fragments du miel sauvage ». La couverture (toujours une photo de
Lewis Hine) m'a chaleureusement incitée d'ailleurs à m'engager avec confiance dans ces «
Chemins perdus vers l'innocence ».
La première partie, « Quelque chose de vivant » constitue une invitation à la maturation réflexive (« Rentre en toi pour toujours ») afin de devenir un poète (dans l'âme surtout). L'exhortation « Jette la pierre dans la vitre de nos illusions » est purement et simplement sublime à mes yeux.
Il m'a semblé qu'un dialogue avec une entité absolue (Dieu peut-être ?) s'engage au fil des pages :
« Et partageons ensemble ce trône sans roi/Qui peut-être nous réconciliera ». Alors que soudain on se dit, et si c'était plutôt à une innocence enfantine que s'adresse le moi du narrateur poétique (cf. le mot « gamin » page 21 )
C'est de cette riche ambiguïté par moments que se nourrissent la beauté et la force extraordinaire de ces poèmes.
Parfois des rimes subtiles viennent ajouter une douce musicalité :
« Le matin vient
Et je ne veux pas lâcher ta main
J'ai peur de te perdre que tu t'effaces enfin
Tu m'évoques un cri de joie dans une vallée
Désertée oubliée
On dirait bien l'appel de la fin »
Superbe voyage mental dans plusieurs villes plus ou moins saintes (cf. page 27). J'ai senti moi-même « le murmure de la vie triomphante » :
« L'ombre d'une coccinelle
Se baladait sur ma main décharnée
Franchissait mes veines
Les caressait les acceptait »
[…]
« Et toi l'enfant ébloui
Pupille de l'absolu
Tu trouves encore le courage
De me sourire entre chien et loup »
La seconde partie, « Eau-forte, eau-froide » est une nouvelle en vers libres. C'est l'histoire, d'une vingtaine de pages, d'un garçon de 16 ans qui « aimerait s'inscrire/à l'université pour acquérir une licence en arts » et où le cinéma tient le haut de l'affiche. Mais lisez, je vous en conjure, vous aimerez autant que moi.