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sur 376 notes
Crépusculaire
1988 : deux ans après « l'incident », Gouri, sa femme et sa fille Ksenia, vivent à Kiev. En 1986, ils habitaient à Pripiat et lorsque le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl est entré en fusion provoquant la catastrophe que l'on connait (« Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril. Voir un peu. le bleu étrange de l'incendie. Les irisations. Cette féerie. Ils avaient même hésité à s'approcher encore. ») … Pourtant, ce matin là, deux ans après, Gouri se prépare à retourner à Pripiat, chez lui. A moto. Il veut récupérer quelque chose dans son appartement, quelque chose d'insignifiant mais si précieux pour lui… Il s'approche de la zone interdite et s'arrête chez de vieux amis, Vera et Iakov. Iakov se meurt, comme tant d'autres, il faisait partie des équipes qui sont intervenues sur le toit de la centrale… Après une soirée passée à discuter, à se souvenir, à chanter, à boire de la vodka, Gouri enfourche sa moto et part pour Pripiat, accompagné de Kouzma, qui sera son guide. Ce court roman est un véritable coup de coeur. Ce n'est pas le premier roman que je lis sur Tchernobyl (j'avais beaucoup aimé « de bonnes raisons de mourir » et « Tout ce qui est solide se dissout dans l'air ») mais cette histoire est poignante à l'extrême, sans jamais verser dans le mélo. Avec peu de mots, dans un espace temps réduit, l'auteur réussit un véritable tour de force en nous immergeant dans cette nuit à la beauté magnifiée par des personnages sublimes.

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Antoine Choplin a ce don assez particulier de poser une ambiance et de nous y plonger, en seulement quelques lignes. Il raconte ici Tchernobyl et l'après, à travers les souvenirs des habitants de la région. Il nous raconte la petite histoire dans la grande Histoire, à travers le récit des sacrifiés à qui on a fait faire le sale boulot, parce qu'il fallait bien le faire et que ces gens vivaient là. Un tout petit roman, très court mais très touchant. L'écriture est simple, sobre et poétique, c'est un style que j'aime décidément beaucoup. J'avais lu "Quelques jours dans la vie de Thomas Kusar", j'avais été charmée par la plume de Choplin. Ce deuxième roman confirme.
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Lu d'une traite en une (petite) soirée, ce roman évoque la catastrophe de Tchernobyl de manière sobre et poignante : la contamination irrémédiable d'une région, l'exil imposé, la maladie qui ronge les hommes et détruit les familles. Antoine Choplin décrit aussi les habitants de cette région avec beaucoup d'humanité et de bienveillance. Un livre petit en taille mais de grande valeur.
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Gouri, le narrateur a décidé de retourner à Pripiat où il habitait et d'où il a été, comme toute la population, évacué voilà deux ans.
Il s'est installé maintenant à Kiev avec sa famille. le lecteur le découvre en route sur sa vieille moto à laquelle il a accroché une remorque.
En chemin, il fait une halte chez ses amis Vera et Iakov dans le village de Chevtchenko où une petite communauté résiste en refusant de quitter les lieux.
Iakov est très malade. Il a fait parti des nettoyeurs volontaires après l'accident et n'a jamais voulu quitter les lieux depuis. Il habite donc aux frontières de la zone interdite.
Vera s'occupe de lui avec amour et patience. Elle tente de le rassurer sur son sort : elle sait pourtant que ses jours sont comptés. Maintenant il ne peut presque plus tenir assis...mais Vera a tout de même organisé une fête pour le retour de Gouri.
Autour de la table se retrouvent...
Léonti qui a, lui aussi participé au nettoyage. Il est venu accompagné de sa femme.
Piotr, un gamin qui a été abandonné par sa mère qui ne supportait plus de vivre là après la mort de son mari. Depuis il traîne dans le village et les habitants s'occupent comme ils peuvent de lui.
Kouzma qui a vu sa maison contaminée, détruite devant ses yeux et enfouie dans une grande fosse, puis recouverte de terre.
Tout en remplissant les verres de vodka, tour à tour chacun va exprimer son ressenti, sa solitude, son désarroi ou simplement sa propre vision des événements et de l'avenir. Ils se souviennent des jours qui ont suivi l'accident...

Mais une fois la nuit tombée, Gouri doit se remettre en route pour accomplir sa mission...
Pourquoi veut-il s'introduire dans la zone interdite pour rejoindre son ancien appartement et récupérer la porte de la chambre de sa fille ?
C'est alors que Léonti décide de l'accompagner.
Les voilà tous les deux sur la moto en route pour la zone interdite...


Voilà un roman qui parle avec justesse, poésie et pudeur de la puissance de l'amitié, mais aussi de la douleur du deuil, de ce qui a été perdu et ne sera plus jamais, et de la nuit tombée...

En fait, l'auteur parle de Tchernobyl sans jamais le nommer. Il ne donne aucun détail sur la catastrophe mais parle uniquement des sentiments que les personnages ont vécu, et des conséquences sur les humains, sur leurs familles, sur leurs vies et sur leurs projets d'avenir.

L'auteur nous montre simplement des personnages qui partagent une soirée, presque ordinaire entre amis, à la lisière de la zone interdite.
Puis il nous montre le retour du narrateur qui s'introduit comme un voleur dans la zone interdite, devenue un no man's land, pour y dérober, dans sa propre maison un souvenir, dont il ne peut plus se passer pour vivre...
Et le lecteur ne peut à aucun moment se dire que Gouri vient, comme les contrebandiers, voler ce qui lui appartient car à lui, on a déjà tout volé...
Un style percutant, empreint de poésie, où les phrases courtes et toutes en simplicité d'Antoine Choplin nous atteignent en plein coeur...
C'est impossible à décrire : il faut le lire et le faire lire d'urgence aux lycéens.


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un homme décide de revenir dans son village après le désastre. il s'est fixé comme but de récupérer une porte (je n'en dirais pas plus..) il va retrouver des anciens qui comme lui ont du fuir leur habitation. Ils se souviennent, se racontent. l'écriture est juste, belle, elle touche directe au coeur. la maladie, la mort mais aussi, des gestes simples, des regards, des silences, le texte renvoie par petites touches sensibles et pudiques à la solidarité des êtres touchés par le même mal. La mort plane à chaque page comme un nuage trop proche, trop bas. peut être faut il de telles catastrophes pour mieux faire ressortir les sentiments simples et forts qui nous unissent, malgré tout.
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Revenir pour les lieux d'un drame sans fanfare ni tambour, juste pour y accomplir ce qui doit être fait, revoir des amis, laisser la place au silence pour mieux communier avec eux que la catastrophe a laissés sur le bord de la route. Tel est l'objet de cet aller et retour qu'un homme va effectuer entre Kiev, la ville où il vit et travaille, et ce qui reste de la zone de la centrale nucléaire de Tchernobyl : une ville fantôme.
Je n'avais pas été séduite par le précédent opus d'Antoine Choplin. Celui-ci m'a enveloppée. Pourquoi ? J'ai du mal avec la lenteur, et le caractère contemplatif en littérature, en temps ordinaire. C'est que peut-être ce livre –là n'est pas tout à fait ordinaire…
Les silences en disent long ; l'écriture est simple en apparence, mais dans la sobriété se cache la richesse de ces populations sacrifiées, le martyre ce ces territoires détruits à vie.

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Un peu plus de 2 ans après l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, Gouri, qui s'est exilé à Kiev avec sa famille, revient dans les villages jouxtant l'ancienne centrale. Il rend visite à des amis qui sont restés là envers et contre tout, malgré la maladie qui commence à frapper. Il prévoit d'attendre la nuit pour s'introduire dans la zone interdite, au plus près de la centrale, et rejoindre le village de Pripiat pour retourner dans l'appartement qu'il habitait au moment du drame.


Je ne sais pas si l'auteur a voyagé en Ukraine pour écrire son roman, mais ce qui est certain, c'est que l'on a l'impression d'y être. Il restitue pour nous le silence qui plane sur les villages qui entourent la centrale, la désolation des maisons abandonnées, l'épaisseur de l'air avec ce « je ne sais quoi » qui s'insinue dans tout votre être, les pillards qui continuent à rôder au péril de leur vie. Cela donne un roman à l'ambiance très particulière, qui m'a beaucoup plue.


Malgré le sujet et la mort qui plane au-dessus des personnages, je n'ai pas trouvé ce roman pesant. Au contraire, il est lumineux, très humain. En effet, autour de Tchernobyl, la vie continue envers et contre tout. Ceux qui sont restés, désormais isolés, combattent la maladie comme ils le peuvent, s'entraident, profitent du temps qui leur reste et ravivent les beaux souvenirs.


Les personnages de ce roman sont pour la plupart en sursis. Après l'explosion, les hommes ont été enrôlés pour enfouir les retombées nucléaires dans la terre, au nom du patriotisme et de la promesse d'une grosse rétribution. Certains sont déjà malades, comme Iakov, d'autres attendent d'être rattrapés. Gouri, lui, s'en est allé quelques jours après l'accident, et on ressent chez lui une certaine culpabilité de les avoir abandonnés. Mais il n'est pas épargné non plus puisque sa fille Ksenia est très malade. J'ai été particulièrement touchée par Iakov qui, aux portes de la mort, se soucie encore de musique et de poésie, et de réussir à dire à sa femme combien il l'aime.


J'ai été séduite par l'écriture d'Antoine Choplin, qui est sensible et poétique. Son style suscite l'émotion, tout en retenue, sans jamais tomber dans un ton larmoyant. C'est une écriture délicate, qui est dans la suggestion. Les descriptions m'ont vraiment parlé, j'ai pu me figurer les paysages de Pripiat.


Ainsi, j'ai été séduite par ce roman qui s'intéresse aux villages qui survivent tant bien que mal aux environs immédiats de Tchernobyl, au bord de la zone interdite. Il est porté par des personnages très humains et une écriture qui suscite avec délicatesse une émotion puissante. Je lirai volontiers un autre titre de cet auteur, et je vous conseille celui-ci sans hésiter !
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Gouri sur sa moto, avec une petite remorque accrochée, file sur une route russe en direction de Pripiat, ville fantôme par la « grâce » de l'accident nucléaire de Tchernobyl. Il veut absolument récupérer la porte de la chambre où sa fille Ksenia a fait des dessins.
Tous ces risques pour ça me direz-vous ! Et bien oui et non. Les souvenirs sont accrochés à cette porte. Et puis, il va s'arrêter en chemin, juste avant la zone interdite, chez ses amis Vera et Iakov. Iakov, comme lui était un liquidateur et il en a payé le prix fort. Autour d'un repas, ils feront remonter le temps, se rappelleront les bons moments. A la nuit tombée, Gouri repartira pour Pripiat avec pour protection un simple mouchoir noué sur la bouche. Cette zone est gardée par les soldats et fréquentée par des bandes de voleurs, une zone de violence. Arrivé sur la place devant son ancien appartement, il se souvient de l'époque heureuse où la grande roue, les autos tamponneuses animaient la fête du 1er mai.
Maintenant, il est écrivain public à Kiev, il a eu de la chance de dégoter cet emploi, sa fille Ksenia est très gravement malade, ses amis meurent des suites d'irradiation. Alors, il aidera Iakov à écrire sa lettre d'amour, sa lettre d'adieu à Vera.
Ce livre, très court, est empli d'une belle humanité sur un décor d'apocalypse. Pas de bavardage inutile, pas de phrases grandiloquentes, on sent les silences dont celui de la forêt percé par les chants d'oiseaux. Antoine Choplin m'a séduite. Je vais oser un de mes mauvais jeux de mots : Ce livre irradie d'humanité et de tendresse.


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Il y a eu la vie à Tchernobyl.

«Après les derniers faubourgs de Kiev, Gouri s'est arrêté sur le bas-côté de la route pour vérifier l'attache de la remorque.»

Gouri part en moto vers la zone. La zone interdite de Tchernobyl.
Gouri est un ancien «volontaire» pour nettoyer le réacteur N°4 de la centrale.
«C'était tôt le matin, deux camions militaires sont arrivés ici au village. Une huitaine de gars sont descendus et le chef a pris la parole pour dire qu'ils recrutaient des hommes pour nettoyer la zone. Que s'engager pour ce travail, c'était ni plus ni moins faire son devoir de citoyen.» Ce seront les liquidateurs.

Ecrivain public à Kiev, il revient sur les lieux deux ans plus tard.
Il veut récupérer la porte de la chambre de sa fille.
«Il y a pas mal d'inscriptions dessus. Des choses que nous avions écrites ou dessinées, Ksenia et moi. Un peu de poésie, des mots comme ça.». Et les marques de la taille de Ksenia, à douze ans, à treize et demi, quatorze.
Gouri, sa femme et sa fille habitaient à Priapiat, près du square Pouchkine, pas loin de la centrale.
Aujourd'hui c'est une ville fantôme où dans les jardins brillent des taches violacées de césium, une sorte de jus qui suinte de partout et sombrent des oiseaux aveugles.

Sur son chemin il va rencontrer des survivants. Ils vont raconter, se raconter la catastrophe. Ils vont chanter, au son de l'accordéon, ivres de vodka et de souvenirs le temps…d'avant l'événement.
Véra, Piotr, Pavel, Ivan, Leonti, Kousma, Vassili, Svetlana et les autres.
Et Iakov qui se meurt.
«Le visage est méconnaissable. Il a perdu ses cheveux et la peau du crâne est diaphane. Laissant voir en plusieurs endroits l'épaisse saillie des veines. L'un de ses yeux est presque fermé, comme celui d'un boxeur après un combat. Les joues sont creuses, les lèvres curieusement retroussées, les mâchoires crispées.»

Son précédent livre «Le héron de Guernica» m'avait enchanté.
L'histoire de Basilio, un jeune peintre autodidacte qui peint les hérons cendrés des marais de Guernica. La guerre d'Espagne, Picasso…
Toujours tout en retenue, écrivain économe, pudique, presque magique mais tellement généreux avec le lecteur.
Cette nuit tombée m'a séduit.
L'écriture de Choplin, teintée d'atticisme, jette comme un sort sur le lecteur.
Il nous charme avec ses mots légers, ses courtes phrases lestées d'adjectifs trop qualificatifs.
L'ombre des mots, discrète, à peine visible, invisible presque, déborde d'émotions, nous arrache des larmes, nous prend aux tripes.
L'ombre du drame nous tient le fil à la page.
Merci Monsieur Choplin.

«Sans bon sentiment, l'on ne fait que mauvaise littérature.» écrivait Gide.

«Je suis allé plusieurs fois sur le toit avec lui. Il voulait toujours mettre un ou deux coups de pelle de plus que les autres. Il dépassait les quarante secondes à chaque coup.»

Tchernobyl, 25 ans après : de 25 000 à 125 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination un bilan qui sera selon les estimations de 14 000 à plus de 985 000 morts à travers le monde.

Mais ce livre vous en dira beaucoup plus que ces chiffres…
C'est le pouvoir de la littérature.
Lien : http://lesangnoir.wordpress...
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Un roman sur un thème difficile mais pourtant on se plait à suivre Gouri et sa quête pour récupérer un souvenir afin que sa fille touchée par les retombées radioactives, s'accroche à la vie. Cette quête en Ukraine l'emmène sur une route jalonnée par le passé avant que la centrale de Tchernobyl n'explose. Un passé heureux. On le suit sur cette route désespérément dépeuplée mais où pourtant règne un souffle de renouveau comme si la vie était plus forte que la mort.
Sur sa route,il croise des amis, refusant de s'expatrier dans une ville moins dangereuse Nombre d'entre eux sont malheureusement déjà touchée par la maladie. Ils vont , tout à la joie de retrouver Gouri, passer une soirée conviviale en buvant de la vodka, se remémorer le passé avant la catastrophe et le passage des bulldozers pour enterrer les villes. Jamais ils ne se plaignent de la situation. Ils déplorent seulement que les villes aient été abandonnées à leur triste sort et que leurs amis aient du quitter la région pour des cieux plus cléments.
Gouri nous emmène sur une route où malgré la désertification, un souffle de vie recommence à pointer son nez.
Antoine CHOPLIN, nous a livré dans ce récit court et sobre, un roman plein de sagesse et d'humanité ; Où l'ombre de la mort pourtant présente dans chaque ligne, cède la place bien malgré elle à l'espoir.....
A découvrir sans tarder.
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