Je remercie les Éditions du Patrimoine, le Centre des
Monuments Nationaux et Babelio de tout coeur pour l'envoi du splendide livre sur l'architecte Édouard Albert et ses réalisations, dans le cadre d'une opération masse critique.
Je ne connaissais pas du tout le nom et l'oeuvre d'Édouard Albert, né à Paris le 9 juillet 1910 et décédé à la suite d'une crise d'asthme chez lui à Paris le 18 janvier 1968, à l'âge de seulement 58 ans, et pourtant un nom à mettre à côté d'un Eiffel,
Le Corbusier,
Rem Koolhaas et
Zaha Hadid.
L'auteur,
Sébastien Cherruet, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture à Marseille, a consacré sa thèse de doctorat à la Sorbonne justement à l'oeuvre d'Édouard Albert.
Le Centre des
Monuments Nationaux a donc bien eu raison de lui confier l'élaboration de cet hommage à un grand homme hélas trop peu connu.
Cherruet a eu la bonne idée, dans une première partie de l'ouvrage et sur une cinquantaine de pages, de se limiter à nous présenter des photographies des prouesses architecturales de ce phénomène, tant que comme projet que comme réalisation effective, avec juste un très bref commentaire essentiel.
Les lecteurs peu familiers, comme moi, avec les impératifs de l'art de l'architecture peuvent ainsi, en examinant attentivement ces photos, se rendre compte qu'Édouard Albert était, déjà comme jeune homme, bien en avance sur son temps.
Je fais référence à par exemple ses plans de bungalows préfabriqués inspirés de l'aéronautique en 1948, sa conception de bibliothèque modulable pour une villa à Oyonnax dans l'Ain, la même année, le bâtiment administratif d'
Air France à Orly avec sa passerelle vitrée entre les 2 ailes du bâtiment, en 1961, etc.
Parmi ses réussites importantes et spectaculaires, il convient de signaler le premier gratte-ciel de Paris, la Tour Albert ou Tour Croulebarbe dans le XIIIe arrondissement, avec ses 23 étages, 110 appartements et une hauteur de 67 mètres, construit entre 1957 et 1960.
Puis, il y a la bibliothèque universitaire de Nanterre, inaugurée après sa mort en janvier 1968 ; l'église du Sacré-Coeur de Mantes-la-Ville dans les Yvelines en 1961 ; entre 1963 et 1971, le quadrilatère sur pilotis de la Faculté des Sciences et Ingénierie à Jussieu, resté malencontreusement inachevé ; des immeubles d'habitation dans l'avenue Parmentier (les numéros 27-29 et 63-65)...
Un chapitre fascinant a trait au projet de construction d'une île artificielle à Monaco. À la page 184 figure une photo du prince Rainier et de la princesse Grace admirant, le 20 décembre 1966, la moquette du projet d'Albert, qui n'a toutefois pas vu le jour.
Édouard Albert est ensemble avec Jean Prouvé (1901-1984) un des grands maîtres de l'expérimentation constructive d'après-guerre, combinant une esthétique de la légèreté et de la transparence.
Dans un article du Monde en date du 20 janvier 1968, l'architecte parisien Jacques Michel a écrit, à fort juste titre, "Si il (Édouard Albert) a peu construit, ses réalisations marquent Paris par leur qualité."