Malek Chebel s'attaque courageusement à un sujet tabou: la pratique de l'esclavage dans les pays musulmans. Autant dire que le sujet se doit d'être traité avec la plus grande rigueur, sur le plan historique certes, mais aussi en référence aux prescriptions du Coran, le tout replacé dans le contexte culturel, littéraire et social de la période concernée: depuis l'ère "pré-islamique" à l'époque actuelle.
Un livre qu'on doit lire pour mettre en perspective ce qu'on découvre sur l'esclavage moderne, ce qu'on sait de la traite des Noirs, ce qu'on a appris sur la pratique de l'asservissement dans l'Antiquité, au Moyen-âge, et pour s'apercevoir que peu de civilisations ont échappé à cette malédiction. Ce qui bien sûr ne justifie en rien la violence subie par ceux qui sont traités comme des meubles ou comme des sous-hommes.
L'esclavage est admis par les philosophes, toléré par les textes religieux, accepté par les politiciens "progressistes", et bien sûr réclamé par ceux qui le considèrent comme indispensable à leur fortune et leur bien-être.
La rhétorique des pro-esclavage parvient à justifier une déshumanisation qui semble inconcevable aujourd'hui.
Mais on voit bien que le phénomène est loin d'être éradiqué.