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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Désormais solidement installé dans le milieu de l'imaginaire français, à la fois traducteur, auteur et co-fondateur du site Elbakin.net, Emmanuel Chastellière retourne à l'univers de Célestopol en authentique « amoureux de cette cité » comme il le dit lui-même en fin d'ouvrage.
Pour cette seconde escapade lunaire, on ne change pas une recette qui marche puisque c'est de nouveau un fix-up de nouvelles (au nombre de treize) entre ambiance steampunk et science-fiction à la Jules Vernes que nous offre ce Célestopol 1922 qui, comme vous vous en doutez, s'intéresse aux évènements de l'année 1922 dans la cité légendaire du duc Nikolaï.
Pas de panique cependant pour ceux qui ont loupé le premier opus, le présent recueil peut tout à fait se lire de façon indépendante…et Célestopol premier du nom est toujours disponible chez Libretto !
Voyons maintenant si cette « suite » est à la hauteur de son illustre prédécesseur dans le sublime écrin préparé par les éditions de L'Homme sans Nom !

Densifier l'univers
Retour à Célestopol donc avec, pour une bonne entrée en matière, le come-back du duo de mercenaires préférés de l'auteur : Wojtek, un homme dont l'esprit a été transféré dans le corps de l'ours qui l'a tué (et qui a survécu à la seconde guerre de Crimée), et Arnrún, une islandaise rebelle nostalgique de son île glacée. Pourtant avec Toungouska, nous voilà sur la terre ferme et non sur la lune ! Ce sacrilège apparent n'est en fait là que pour élargir le scope de l'univers et ratisser toujours plus large dans l'uchronie qui sous-tend l'univers construit par Chastellière. C'est ici la science et ses dangers qui sont mis en relief, ainsi que certains incidents mystérieux de l'Histoire (l'évènement de Toungouska en 1908 en l'occurence). Une occasion supplémentaire pour l'auteur d'asseoir la crédibilité de son monde tout en imaginant les chemins emprunté par ses propres personnages. En l'état, Toungouska donne le ton de l'ouvrage : une reprise de tous les ingrédients narratifs du précédent opus que l'on va densifier en termes de background et d'évènements plus ou moins obscurs.
En revenant de façon régulière sur la chronologie singulière de son univers et sur les nombreux pas de côté de l'histoire imaginée, Emmanuel Chastellière brode un canevas particulièrement savoureux pour les amateurs d'uchronie.
Une uchronie où l'homme a construit une cité lunaire gigantesque du nom de Célestopol, riche d'un élément rare — le sélénium — et qui semble fusionner Saint-Pétersbourg, Venise et Paris d'un même tenant. L'ambiance, particulièrement délicieuse, avec son goût pour une certaine science-fiction surannée et son côté pulps assumé, offre au lecteur de réjouissantes aventures qui vont souvent plus loin que le simple divertissement.
Car entre deux considérations sur la Nouvelle-France et sur l'hégémonie allemande en Afrique, Emmanuel Chastellière quitte sa géopolitique imaginaire pour des problèmes sociaux et humains bels et bien réels.

L'homme sur la Lune
Dès la seconde nouvelle, Rossignol, le français nous convie à la lutte des ouvriers lunaires pour leur droit, imaginant une sorte de Germinal qui n'a jamais été, constatant la vilénie d'un système voué à exploiter et tromper son prochain pour amasser le plus gros paquet de fric (et de gloire si possible).
Des thèmes très actuels qui se retrouvent dans plusieurs histoires, de l'exploitation sexuelle des automates (que l'on dit bien évidemment non-humains) dans Paint Pastel Princess en passant par l'homophobie autour d'un patineur gay dans la sublime Sur la Glace (définitivement la plus belle nouvelle du recueil) ou la lutte féministe dans le Revers de la médaille.
Retrouvant également ses fidèles automates et leur condition ambiguë, quelque part entre la machine corvéable à merci et l'être artificiel conscient de son destin et de ses limitations, Célestopol se concentre davantage encore sur l'intime de ses personnages.
Des personnages combattifs et émouvants, en prise avec un réel qui les dépassent et les malmènent bien souvent. Multipliant les décors, Emmanuel Chastellière prend un plaisir évident à trimballer son lecteur de lieux en lieux, de l'opéra à l'orphelinat, d'un théâtre ambulant au trône ducal, des champs de courses à des compétitions d'échecs, le décor change et change encore, renouvelant sans cesse l'aventure pour le lecteur.
Bien sûr, des leitmotivs apparaissent, le duo Wojtek/Arnrún devient récurrent, l'ombre de Nikolaï plane sur la cité et les Cheyennes (miroir des Apaches Parisiens) rodent dans l'ombre. Mais la vraie force de Célestopol 1922 est ailleurs.

Science et magie
C'est dans le savant mélange entre la science et les merveilles technologiques de la cité du Duc d'un côté, et les éléments surnaturels du récit que l'alchimie se fait la plus fascinante. On pense forcément à La fille de l'hiver ou à Une Nuit à l'opéra Romanova où la frontière entre science et magie semble bien mince. Emmanuel Chastellière s'amuse à confondre le lecteur, à le mener de fausse piste en fausse piste tout en offrant parfois un arrière-goût à la Bioshock Infinite qui ravira les amateurs du genre.
Plus encore que sa tendance à mélanger les genres, c'est aussi sa façon de mixer les réalités qui donne son cachet unique à cette cité lunaire où l'on croise Marie Curie, Anastasia, François-Ferdinand ou encore Howard Carter. C'est dans l'entrelacement des éléments historiques et imaginaires que les frontières se brouillent le mieux et que Célestopol 1922 arrive, à nouveau, à nous surprendre. Ne négligeant jamais la cohérence et la chronologie de son univers (dommage d'ailleurs de ne pas dresser une sorte de frise chronologique pour s'y retrouver), le français lui confère une épaisseur et une originalité indéniable.
Une originalité encore renforcée par la volonté de donner une tonalité slave à cette cité, que ce soit dans le vocabulaire employé ou par les mythes recyclés (comme dans Un Visage dans la cendre et son…Vourdalak !). L'ensemble forme un véritable dépaysement pour le lecteur, largement à la hauteur des récits du premier opus et qui vient renforcer de façon efficace et puissante l'univers construit et chéri par Emmanuel Chastellière.

Célestopol 1922 étend encore et encore l'univers lunaire et uchronique imaginé par Emmanuel Chastellière. Peinture impressionniste où chaque touche narrative apporte une nouvelle profondeur à l'ensemble, ce fix-up réjouira non seulement les familiers du duc Nikolaï mais également (et surtout) tous ceux qui n'ont pas encore emprunté un obus-traversier pour déambuler entre les canaux de la cité du sélenium.
Lien : https://justaword.fr/c%C3%A9..
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Quatre ans après son premier recueil inaugurant la ville de Célestopol, Emmanuel Chastellière nous propose de retrouver la cité sélène une seconde fois. Nous sommes désormais en 1922, période qu'on désigne familièrement sous le nom « d'années folles » et qui vont servir de contexte à l'auteur pour treize nouvelles mêlant habilement fantasy, fantastique et science-fiction. J'avais beaucoup aimé ma découverte du premier ouvrage et dépit de quelques maladresses, mais la lecture de ce second recueil s'est révélée bien plus enthousiasmante encore. Tous les textes au sommaire sont convaincants et nous permettent de découvrir une facette méconnue de cette cité décidément fascinante. Fondée au milieu du XIXe siècle par le duc russe Nikolaï, Célestopol possède bien des particularités, la première étant bien sûr sa localisation puisqu'il s'agit de la première ville construite sur la Lune. Et quelle ville ! le palais ducal, Saint-Basil, l'opéra Romanova, sans oublier le métro abandonné, les usines, les bordels et casino… : Emmanuel Chastellière nous entraîne dans une véritable promenade qui permettra aux lecteurs de se familiariser avec les monuments ou quartiers les plus renommés ou mal famés de la capitale lunaire. Bâtie comme un véritable musée à ciel ouvert, la cité rassemble tous les esprits les plus brillants du début du XXe, de Robert Garnier à Marie Curie en passant par Howard Carter et bien d'autres, physiciens, naturalistes, peintres… La science y occupe une place centrale, que ce soit via la présence de ces chercheurs de renom invités par le duc, ou par celle des automates, main d'oeuvre invisible et silencieuse qui évoluent dans tous les milieux de la société. La ville possède également quelques technologies particulières liées à l'exploitation de gisement de selenium, substance proche de la consistance de la brume possédant des propriétés intéressantes et qui cerne la ville dont les différentes parties sont reliées par des canaux.

Paradoxalement, magie et mystère font aussi partis du quotidien de Célestopol, l'auteur n'hésitant pas à avoir recours à des créatures issus du folklore fantastique ou aux illusions. Fortement imprégnée de culture slave, la cité n'oublie pas ses origines, si bien que l'imaginaire de ses habitants y est fortement teinté de folklore russe (contes, bestiaire, références à des figures récurrentes comme celle de Baba Yaga…). Et la Terre, alors ? Les nouvelles s'inscrivent dans un contexte géopolitique qui ressemble globalement à celui de nos années 1920 (on comprend qu'il y a eu une Grande Guerre, par exemple, et les forces en présence semble être plus ou moins les mêmes) mais l'auteur s'amuse à distiller ici et là de petits indices laissant entendre que la construction de Célestopol n'est pas la seule entorse à notre histoire. Sont ainsi mentionnés, très rapidement, l'exécution de Lénine, qui mis un coup d'arrêt à toute velléité de révolution ; la construction de l'Opéra Garnier sur la Lune plutôt qu'à Paris ; l'essor de l'empire russe (avec à sa tête une tsarine) et le déclin complet du Royaume-Uni ; l'existence d'une Nouvelle-France et d'un Napoléon IV, ou bien celle d'une République de Californie. Rien n'est jamais vraiment explicité, ce n'est pas le propos, mais ces petites touches d'uchronie ne font que renforcer la curiosité du lecteur pour cet univers qui paraît à la fois familier et exotique. Ces références au contexte terrestre permettent également de prendre conscience que Célestopol, malgré son éloignement et son isolement, est loin d'avoir coupé tout lien avec sa planète d'origine. Certains textes trouveront d'ailleurs leur origine ou leur conclusion sur Terre, qu'il s'agisse de « Toungouska » et de « La malédiction du pharaon », dans lesquels le duc Nikolaï dépêche des envoyés pour tenter de débaucher des chercheurs renommés, ou encore dans « Katarzyna » où l'on suit la quête désespérée d'une femme pour retrouver son mari vraisemblablement mort dans un crash d'avion.

Le recueil brasse ainsi quantité de références et influences, ce qui donne l'impression d'une grande diversité. Diversité des genres exploités, d'abord, puisque l'auteur ne se prive pas de mêler science-fiction et fantastique ou science-fiction et fantasy. L'aspect SF est évidemment lié à la localisation de la ville sur notre satellite mais provient aussi des automates qui, bien que n'ayant que rarement le rôle principal, sont omniprésents dans quantité de récits. le plus marquant d'entre eux est évidemment Ajax, majordome du duc Nikolaï que l'on découvre tour à tour en parfait serviteur s'acquittant avec froideur et efficacité des missions ordonnées par son maître ou en être doué de sensibilité et capable de faire preuve de beaucoup d'empathie. C'est le cas dans « Sur la glace », nouvelle voyant l'arrivée à Célestopol d'un champion olympique russe de patinage artistique forcé de prendre une décision lourde de sens. Un très beau texte, plein de délicatesse et d'émotion. On retrouve nos automates dans « Memento Mori », où l'un d'eux constitue le seul réconfort d'une petite fille perdue entre une soeur indifférente et un père tyrannique. Là encore l'histoire est émouvante et la chute particulièrement marquante. Leur présence se fait plus discrète dans plusieurs autres nouvelles, pourtant ils jouent malgré eux un rôle essentiel au coeur de l'intrigue, qu'il s'agisse des automates d'usine utilisés pour briser des travailleurs un peu trop revendicatifs ou des fameuses prostituées du bordel haute-gamme « Chez Hécate » dont il était déjà fait mention dans le premier recueil. A ce cadre typiquement SF se mêle donc de temps à autres des influences propres au fantastique ou à la fantasy. C'est le cas dans « La malédiction du pharaon », texte qui reprend tous les codes de la nouvelle fantastique classique tout en introduisant un nouvel élément uchronique, ou encore de « Un visage dans la cendre » qui fait carrément appel à une créature emblématique de ce genre littéraire.

On s'oriente davantage vers la fantasy avec certaines nouvelles qui font la part belle au surnaturel. Ce peut être un homme ayant trouvé un moyen de dompter la chance (« Le correcteur de fortune »), un prestidigitateur au tour impossible (« Une nuit à l'opéra de Romanova »), ou encore une jeune femme vide de tout souvenir et capable de déchaîner la tempête (« La fille de l'hiver »). La richesse de l'ouvrage vient également de la diversité avec laquelle l'auteur aborde les différents sujets traités, alternant ainsi entre le récit intimiste (une histoire d'amour et de manipulation dans « Mon rossignol », un deuil impossible à faire dans « Katarzyna ») ou le pur récit d'action faisant la part belle aux courses poursuites, aux combats et aux rebondissements. On retrouve cette même variété du côté des personnages qui ont des origines très diverses ce qui nous permet d'observer d'un peu plus près les différents milieux sociaux qui cohabitent dans la capitale lunaire. Ainsi, quand bien même plusieurs nouvelles sont consacrés à des personnages occupant une position sociale privilégiée (un sportif de haut niveau, des membres de la famille royale, des notables…), d'autres prennent soin de révéler des aspects moins reluisant de Célestopol en mettant en scène des ouvriers exploités, des voleurs, des artistes désargentés ou des saltimbanques marginalisés. On y trouve autant d'hommes que de femmes, des vieux aussi bien que des enfants, des automates comme des humains, ce qui permet là encore de renforcer l'impression de richesse qui se dégage de l'univers élaboré par Emmanuel Chastellière. On croise enfin un certain nombre de personnages récurrents, à commencer bien sûr par le génial et terrible duc Nikolaï, sans oublier le duo de mercenaire mi-ours, mi-humain, l'automate Ajax ou encore l'étrange et inquiétant personnel du casino flottant.

Pari réussi pour Emmanuel Chastellière qui nous offre avec « Célestopol 1922 » un très beau recueil encore plus abouti et plus riche que le précédent. Les treize nouvelles au sommaire valent le coup d'oeil et permettent, chacune d'une manière différente, de mettre en lumière différents aspects de la cité sélène où science et magie font bon ménage. Une très belle découverte.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Emmanuel Chastellière était-il dans la lune en pondant ce recueil ?
Je n'ai aucun doute sur le sujet, vu que j'ai eu l'impression de me balader pour de vrai dans cette ville de Célestopol.

Il y a deux ans, Célestopol premier du nom m'avait laissé un goût d'inachevé, mais il est toujours resté dans ma mémoire avec quelques flashs de cette cité lunaire. Alors, lorsque ce Célestopol 1922 a fait son apparition, je n'ai pu que l'acheter.

Comme dans tout recueil, les nouvelles composant Célestopol 1922 vous emmènera avec elles sur notre satellite, d'autres vous feront garder les pieds sur terre. Mais quoiqu'il en soit, j'ai vraiment apprécié me plonger dans les tranches de vie des différents personnages. L'auteur arrive à poser l'ambiance, à nous rendre réel cette cité imaginaire. J'ai beaucoup apprécié le fond de luttes sociales qui s'en dégage, luttes sur bien des aspects de notre société. Cerise sur le gâteau, ce fond ne vient pas prendre le pas sur le récit, mais l'accompagne en douceur. Les textes se répondent parfois entre eux, dessinant peu un peu un portait de Célestopol.
Seule question que je me pose : Faut-il avoir lu le premier recueil pour le lire ? Je n'ai pas d'avis trancher. le premier vous fera part de la construction de cette cité, vous présentera quelques personnages fil rouge, mais je me dis que l'on peut très bien s'immerger dans ce 1922 et savourer les précisions plus tard. A vous de voir, mais il y a de grandes chances qu'après votre lecture d'un des livres, vous vous jetiez sur l'autre.

Célestopol 1922, voilà un titre qui donne le LA : une ville lunaire en 1922, ce que contredit fortement le premier texte, Toungouska, se situant sur la terre principalement en 1908 ! Mais à la décharge de l'auteur, cette mise en bouche arrive à dresser un background de belles manières.

Dans Mon Rossignol, un couple d'amis se retrouvent quelques années plus tard. L'une en bas de l'échelle sociale, l'autre comme député sur la pente descendante. Leurs idéaux vont-ils accorder leur violon ? Un texte qui explore les classes et luttes sociales en montrant comment se décident les acquis sociaux. Très bon texte au goût amer.

Sur la glace nous narre la volonté du Duc, le grand manitou de la ville, d'organiser une compétition de patinage avec le meilleur patineur de la Terre qui avait mis un terme à sa carrière. Une occasion d'approcher de plus près les fameux automates qui peuplent la cité. Toujours politique, ce texte montre que quiconque est toujours sous une férule et ce qu'il en coûte de s'écarter de la norme social.

Memento Mori conte l'histoire d'un père et ses deux filles dans le quartier riche. Il élève seul ses filles alors que sa condition sociale ne cesse de se dégrader, comme la maison qu'il ne veut quitter, car elle porte en elle les souvenirs de sa femme décédée. Tous les éléments sont réunis pour le drame. Un texte qui m'a moins emporté, un peu linéaire et sans enjeux qui m'intéresserait.

Dans Une nuit à l'opéra Romanova, le plus célèbre des tours de magie est en vente aux enchères, rameutant les magiciens de la terre. Célèbre, car il contient une malédiction : chaque magicien l'ayant eu entre les mains est mort avant de montrer son tour. On continue d'explorer les us et coutumes de Celestopol et aussi d'en apprendre plus sur certains personnages récurrents. Un bon texte, mais je suis toujours émerveillé devant un tour de magie.

Le Correcteur de fortune, un être ayant le don de chance quitte la terre pour Célestopol. Mais la chance semble tourner... Même si la chute se devine assez vite, on passe un bon moment à se demander si la chance va nous sourire ou si l'auteur va nous rouler dans la farine.

Katarzyna : Un bar interlope, une femme, une cuite et une relation non consentie. Pas la soirée idéale. .. nous allons découvrir l'histoire de cette femme. Un texte d'ambiance, plus SF que les précédents qui va nous emmener sur des chemins priestiens.

Place au féminisme dans le revers de la médaille, l'histoire d'une femme passionnée de livres et de liberté qui va faire la rencontre d'une personne qui va faire changer sa vie. Avant de faire la révolution, que faut il faire pour préparer les mentalités ? Un texte un peu trop rapide pour être tout à fait crédible. Quelques dizaines de pages n'auraient pas été de trop pour cerner la psychologie des personnages et rendre cela réaliste.

Un visage dans la cendre : Un voleur de bas étages accepte une mission de la dernière chance pour avoir un peu de thune : retrouver le chat d'une bande de gosses de rues. Une escapade fantastique dans des entrailles de Celestopol que j'ai beaucoup apprécié

La malédiction du pharaon m'a laissé un peu de marbre, avec son histoire mettant en scène un certain Howard Carter, un archéologue sur le déclin se voit offrir une offre irrésistible.

Un vétéran de guerre, une fabriquante de masque en porcelaine et une maison close, les protagonistes de Paint Pastel Princess. Lui tente d'oublier son passé traumatique, elle d'oublier sa laideur en créant de la beauté, et la maison utilise les automates pour assouvir le plaisir de riches. Je n'ai pas été trop étonné par le dénouement trop convenu, mais l'histoire offre quelques belles péripéties et se focalisent sur l'esclavage des automates.

La fille de l'hiver : Une sauvageonne erre dans les rues de Célestopol et semblerait être dotée de pouvoirs surnaturels. Un ton plus dramatique pour ce récit fantastique et SF qui met enfin en avant le personnage qui ne cesse d'hanter ce recueil, le fameux Duc.

Danser avec le chaos clôt ce recueil, une lovecrafterie qui ne m'a pas emballé.
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En 2019, je découvrais pour la première fois la plume d'Emmanuel dans son premier recueil de nouvelles consacrées à Célestopol, cette cité lunaire imaginaire à l'univers steampunk vernien et russophile. Il m'aura fallu du temps, il m'aura fallu explorer le reste de sa bibliographie pour y revenir, mais j'y ai replongé avec un immense plaisir.

Ce nouveau recueil, c'est 13 histoires (vive le nombre 13 !) et 1922, année de révolution. Il fallait oser ! L'auteur, comme ses lecteurs, n'a pas pu lâcher l'univers qu'il avait bâti pierre par pierre avec émerveillement dans Célestopol premier du nom, je n'ai donc pas été surprise de le voir y revenir. J'ai même adoré cela et d'autant plus dans le catalogue de l'Homme sans nom qui a permis à l'ouvrage d'avoir une superbe couverture signée Marc Simonetti avec l'une de mes nouvelles préférées comme inspiration.

Ce recueil, c'est donc l'occasion de recroiser avec bonheur la plume si riche et presque onirique, ici, moderne et pourtant surannée, d'Emmanuel dans ces ambiances steampunk que j'affectionne tant. Il reprend et réinvente son univers, ses ambiances, ses personnages dans 13 nouvelles histoires qui se vivent, se croisent, s'échappent et prennent vie. Les amateurs de Célestopol premier du nom seront ravie de retrouver le même genre de péripéties sur Terre et sur la Lune où les lieux et époques changent mais la nature des hommes reste la même. On est ainsi ravie de recroiser Arnrun et Wojtek et le Duc Nikolaï, qui sont à nouveau les personnages fil rouge de ces histoires, mais qui vivent parfois de sacrés chamboulements le temps de cette année folle que l'auteur nous raconte ici.

Il est ainsi question de politique, de droits sociétaux et de la lutte sociale (femmes, automates) qui va avec, d'anciens amours, de couples malheureux ou maudits, et bien sûr d'automates au milieu d'humains. Il y a beaucoup de drames sentimentaux et familiaux dans ce recueil, mais également des histoires plus surprenantes où se mêlent magie et prestidigitation, vol et correcteur de fortune. On croise également des personnages de divers horizons : Europe, Asie, Grand Nord…, ce qui donne un joli melting-pot culturel. C'est ainsi un réel plaisir de croiser des figures connues comme Marie Curie, l'archiduc François-Ferdinand, l'égyptologue Howard Carter et la mystérieuse Anastasia.

Tout cela prend place dans un fort joli décor steampunk aux belles influences magico-technologiques, avec une tension entre les deux entre séparation et rapprochement, symbolisée avec force par le Duc Nikolaï, personnage qui me fascine depuis le départ. Et pour donner encore plus de vie à ce cadre, Emmanuel accorde une belle place à l'art, au spectacle vivant et à la culture au sens large dans le décor de ses histoires avec des noms ayant réellement existé, référencés par l'auteur avec des notes en bas de pages pour les curieux comme moi. J'ai trouvé cela à la fois très immersif et envoûtant. J'ai vraiment eu le sentiment de plonger moi aussi dans le tourbillon artistique, politique et sociétal de cette époque.

Comme le dit le résumé, l'auteur entreprend vraiment de revisiter cette époque si riche du tournant de l'Entre Deux Guerre, époque où les tensions montent, notamment en Russie, patrie de Nikolaï et en Allemagne, son éternelle rivale. C'est une riche toile de fond sur laquelle vont venir se planter les différentes histoires imaginées par l'auteur autour de Célestopol et son Duc. Celles-ci sont parfois très différentes les unes et des autres. Certaines ont laissé leur trace sur moi, comme Memento Mori, avec sa famille à la dérive portée par le regard de ces jeunes enfants, ou encore La Malédiction du Pharaon, qui est une magistrale uchronie sur un Howard Carter allant sur la Lune, sans parler du petit chef d'oeuvre qu'est La fille de l'hiver, qui a également inspiré l'illustrateur ici. D'autres, en revanche, n'ont été qu'une toile de fond pour en arriver là, pour colorer ce monde, et je le regrette un peu, même si sur le moment, ce fut à chaque fois plaisant à lire car l'auteur est à l'aise dans tous les formats, j'ai l'impression.

Mon seul vrai manque dans cette histoire, c'est Célestopol. J'avoue que j'attendais que la ville prenne une place plus prépondérante dans les histoires, quelle prenne vie en fait ! Et j'ai eu l'impression qu'elle était juste là en toile de fond mais que plusieurs de ces histoires auraient pu pareil se passer sur Terre et cela m'a frustrée. J'avais trouvé la ville bien plus mise en avant, telle un personnage à part entière, dans le premier recueil et je pensais qu'il en serait de même ici. Or l'auteur a, un peu, pris le contre-pied en mettant l'humain (au sens large) au centre de son histoire avec ses questions de morale, d'éthique et de société. Ce n'était pas ce que j'attendais mais ce n'était pas déplaisant du tout, loin de là.

Deuxième recueil d'histoires dans l'univers de Célestopol, cette lecture me confirme combien j'aime les univers steampunk mais aussi les récits courts, parfois brillants comme La fille de l'hiver, La Malédiction du Pharaon ou Memonto Mori où en 20, 30, 60 pages l'auteur est capable de complètement nous retourner la tête et le coeur. Avec ces histoires à la fois humaines et philosophiques, Emmanuel nous interroge à nouveau sur notre relation à l'autre, à notre histoire, à nos désirs pour le futur, et c'est passionnant. J'ai adoré repartir sur les traces de Nikolaï et sa Célestopol, et je ne serais pas contre un autre voyage si l'auteur veut bien mettre un peu plus en scène sa ville pour combler mes frustrations >< En attendant, il excelle en uchronie humaine et robotique.
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Depuis fin 2021 dans ma PAL, j'ai enfin découvert la plume de Emmanuel Chastelliere dont j'ai beaucoup entendu parler avec son recueil de nouvelles Célestopol 1922, ici dans sa version grand format de chez HSN éditions, en attendant sa superbe version poche de chez Folio SF dont la sortie est prévue en mai.

Ce recueil de nouvelles est dans le même univers que le roman Célestopol sorti en poche aux éditions Libretto. Dans cet univers, l'auteur nous propose une uchronie steampunk : au tout début du XXème siècle, l'homme a déjà colonisé la Lune et Célestopol, la cité lunaire, est devenue la perle de l'Empire Russe. Comme son nom l'indique, Célestopol 1922 nous propose un focus sur l'année 1922 au travers de 13 nouvelles.

A la base, je dois avouer que j'ai souvent du mal avec les recueils de nouvelles car j'y trouve un petit décousu mais, en l'occurrence, ici je ne l'ai absolument pas ressenti. En effet, l'auteur nous propose 13 histoires qui se déroulent au fil de cette année 1922 et on y retrouve des références d'une nouvelle à l'autre. Et puis il y a 3 nouvelles dans lesquelles nous retrouvons le couple Arnrùn / Wojtek que j'ai adoré et qui apporte encore plus de liant.

La plume de l'auteur est très belle et addictive et l'univers uchronique développé ici est vraiment riche et particulièrement bien construit. Je me suis réellement retrouvée sur la lune dans cette ville grandiose et mystérieuse. Les thématiques développées (lutte des classes, recherche d'identité des automates, complots politiques et manipulation), l'ambiance de la Russie du début du XXième siècle et les aspects steampunk m'ont totalement embarquée !

Au-delà de la colonisation de la lune, cette uchronie propose également une réécriture de l'histoire intéressante et j'ai également aussi beaucoup apprécié retrouver des personnages historiques, comme Marie Curie.

Certaines nouvelles m'ont emportée plus que d'autres mais au final, j'y ai retrouvé la fluidité d'un roman. Ce fut une très bonne lecture et j'ai désormais l'intention de découvrir le roman qui est également dans ma PAL.
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Célestopol 1922 est un recueil de 13 nouvelles, qui nous emmènent dans cette cité lunaire, qui se découvre bribe par bribe, à travers 13 scènes de vie. Il vient après le premier recueil, Célestopol, mais peut se lire de manière indépendante.

Emmanuel Chastellière signe ici un recueil unique, et harmonieux.
Une harmonie formelle d'abord, avec des nouvelles qui sont des parenthèses de vies, de personnages de Célestopol. le recueil est lui-même une parenthèse, concentrée sur une année. Ces personnages, on les croise, on les retrouve… Les nouvelles sont toutes liées et dialoguent entre elles. J'aime toujours refaire coucou à des personnages que j'ai croisés avant, et de les voir interagir avec d'autres.
Harmonie dans la tonalité du recueil aussi. Célestopol offre un visage mélancolique, mais empli d'humanité touchante. Les personnages sont d'une finesse incroyable, en peu de pages humains et automates créent quelque chose de très fort. Les textes sont assez tristes, poignants, avec des personnages ancrés dans leur solitude, leurs soucis qui sont finalement très... terriens. Ils ont vécu l'espoir d'un idéal, qui s'avère assez décevant, pour tous.

L'auteur propose ici un recueil aux échos steampunk discrets, parsemés dans les textes par petite touches. Pas de trucs clinquants, de boulons et de rivets à chaque page, pas de vapeur qui vous étouffe, de ballon qui vole sans arrêt. Pourtant, il est bien là, joue à cache cache. Il se mêle parfaitement avec la science et la magie, deux thématiques fortes qui caractérisent parfaitement Célestopol, qui se situe sur le fil entre les deux.
Il y a un effet impressionniste dans Célestopol 1922 : cette ville a plusieurs facettes, selon l'angle elle est différente, selon les classes sociales aussi; en bref, elle se donne à voir par les yeux des personnages qui y vivent. Comme un puzzle, la cité se dessine sous nos yeux au fur et à mesure de la lecture, dans toute sa richesse et ses contradictions.
Et ce qui est assez génial, c'est que cette cité lunaire… est finalement très terrienne. Sur Terre ou sur la Lune, les humains sont les mêmes, avec leurs espoirs, et leurs travers.
Et l'on retrouve alors cette tonalité douce-amère infusée dans les pages du recueil…

J'ai aimé plusieurs nouvelles mais Sur la glace est d'une beauté vraiment touchante, Katarzyna est vertigineuse et La fille de l'hiver est la nouvelle phare du recueil, qui donne tout son sens à la cité.

J'avais plein d'attentes avant de lire ce recueil. Je voulais une ville merveilleuse, waouh, radieuse, pleine de rêves, parfaite, bruyante, avec des ingrédients steampunk partout. Je voulais des nouvelles avec un fort degré de tensions... Ne me demandez pas où je me suis mis ça en tête, je n'en sais rien. Toujours est-il que je n'ai pas eu tout ça. Une fois passées les perturbations du décollage, on se prend à apprécier le voyage et à se laisser porter par l'auteur, qui nous propose un voyage différent, à côté de nos attentes traditionnelles. J'ai bien aimé finalement cette façon de voir, ce projet littéraire intéressant.
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Je découvre la plume d'E. Chastellière et son travail sur l'univers de Célestopol avec ce recueil de nouvelles "1922". le premier bon point, c'est qu'on peut lire ce recueil sans avoir lu le récit initial. On sent qu'on passe à côté de certains clins d'oeil, sûrement aussi à côté de toutes les subtilités de l'univers et de la cité, mais ça reste parfaitement lisible. J'ai pris un vrai plaisir à découvrir Célestopol et le monde qui l'entoure à travers divers récits, portés par des personnages très variés. Honnêtement, plusieurs mois après la lecture, je ne me souviens pas de tout, mais des scènes et des personnages m'ont marquée. Je pourrais malheureusement pas donner de noms exacts, mais j'ai apprécié les récits avec les automates, avec les légendes urbaines ou celles avec les cliff hangers absolument rageants. J'ai trouvé ça aussi sympa qu'on croise certains personnages dans plusieurs nouvelles, surtout quand le PDV permet d'en découvrir d'autres facettes. J'ai simplement regretté de rester sur ma faim (ou carrément ma compréhension) pour certaines nouvelles. Sinon, je trouve que l'auteur réussit très bien à présenter Célestopol dans sa grandeur et sa complexité, dans sa dureté et son ingéniosité. Les origines très diverses des personnages est aussi une force. On passe de l'un à l'autre sans s'ennuyer.
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Pour ma part, l'auteur français n'est pas un inconnu. Je suis celui-ci depuis de très nombreuses années mais via la casquette de traducteur et de chroniqueur passionné pour l'association « Elbakin ».

Emmanuel chastellière “Celestopl 1922”
Editions "L'homme sans nom”
Publié en mars 2021
415 pages
Illsutration : Marc Simonetti et olivier Sanfilippo
Graphisme : François-Xavier Pavion.

Celestopol 1922” est un recueil de 13 nouvelles qui est intimement lié à son premier recueil du nom (je vous donne dans le mille !) “Celestopol” paru en 2017 avec une réédition en poche en 2019 chez Libretto. Bien qu'intimement lié, ces deux objets littéraires se lisent indépendamment. Chaque livre étant un point d'entrée dans ce magnifique univers proposé par Emmanuel Chastellière.

Sous un dôme de verre et d'acier, la ville lunaire de “Celestopol” vit dans un crépuscule d'un brun chaud avec des reflets dorés perpétuel où le jour et la nuit n'existe pas vraiment. Grâce à une source incroyable d'énergie tirée dans les profondeurs de l'astre lunaire, “Celestopol” est devenue le fleuron de l'empire Russe. Fer de lance utopique pour les nantis, dystopie quotidienne dans les villes souterraines, “Celestopol” est un prisme à multiples facettes.

Chaque nouvelle met en lumière une facette de la ville lumière et aborde les différentes couches sociales sous plusieurs aspects.

L'auteur lie chaque histoire de manière intelligente avec un fil transparent. Un personnage ou un objet apparaît dans une autre nouvelle servant de lien pour ficeler le tout.

Les nouvelles restent inégales. Là où certaines m'ont enchanté, d'autres ne m'ont pas transporté comme je l'aurais souhaité.

Je vous invite tout de même à franchir le pas et à donner sa chance à cet ouvrage où le héros principal est la ville de Celestopol.
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--- Mon top 3 ---

Comme toutes les histoires, certaines marquent plus que d'autres, et le format court ne change rien à cette habitude. J'ai sans conteste adoré La Fille de l'hiver qui m'a ravie par sa complexité et touchée par son issue inéluctable. J'ai également apprécié le Correcteur de fortune et Katarzyna, la première pour son originalité, la seconde pour sa fin inattendue.

Mais qu'on se le dise : toutes les nouvelles sont intéressantes, toutes transmettent des émotions, délivrent un message fort. Lutte sociale, recherches scientifiques ou encore sentiments amoureux : les thématiques sont multiples ! En outre, l'auteur n'hésite pas à côtoyer les bas-fonds de Célestopol comme les hautes sphères du pouvoir. Dans son recueil, chacun possède une voix, quelle que soit sa condition !

--- Et si l'homme avait conquis la lune ? ---

Telle est l'idée folle exploitée dans ce recueil de nouvelles. Avec simplicité, Emmauel Chastellière réinvente le passé de figures connues (citons par exemple Marie Curie et Howard Carter), se réapproprie leurs découvertes, leur dicte un nouveau destin. Certes, il pourrait s'agit d'un jeu dangereux, mais il s'en sort admirablement bien. Il faut dire que le format s'y prête puisqu'il permet de sauter d'un personnage à l'autre sans retracer toute sa vie. Bien évidemment, d'autres personnages sont créés de toutes pièces et je les ai tout autant appréciés !

En vérité, j'ai senti une véritable maîtrise dans la construction de ce livre uchronique. L'auteur a pris soin de développer divers aspects indispensables à toute société, et plus particulièrement le contexte géopolitique. Ah, et n'oublions pas l'essentiel : nous nous trouvons sur la lune ! Ainsi, j'ai adoré voyager dans tout Célestopol afin d'en découvrir les secrets, des plus sombres aux plus lumineux.

--- Des personnalités creusées ---

En quelques lignes, Emmanuel Chastellière offre à ses héros une histoire, un caractère et des aspirations qui leur sont propres. S'il n'hésite pas à les habiller de sentiments communs, comme l'amour, la tristesse ou la colère, il ne tombe jamais dans le cliché ou l'excès. C'est parce qu'ils sonnent juste que ses personnages parviennent à nous toucher dans leur détresse ou leur bonheur.

Cette réussite repose en grande partie, je pense, sur la finesse de sa plume. Fluide et sans lourdeurs, cette dernière nous pousse à tourner les pages sans jamais les compter.

--- Point de perfection, mais on s'en approche ---

Disons-le franchement : j'ai passé un très bon moment de lecture entre les pages de ce recueil. Pour autant, j'aurais aimé davantage de liens entre les nouvelles afin de pouvoir les débusquer un à un. Alors, rassurez-vous, il en existe, ne serait-ce que par le cadre de l'histoire ou même par la récurrence de certains personnages tels qu'Arnrùn, Wojtek et Ajax (mention spéciale pour ce dernier dont j'ai adoré la personnalité). Cependant, j'ai trouvé que le potentiel n'était pas exploité au maximum. Mais comme toujours, cet avis n'engage que moi.

Enfin, ma frustration fut grande d'entendre parler du duc Nikolaï à maintes reprises, sans jamais le rencontrer vraiment. Heureusement, ce manque a été largement comblé dans La Fille de l'hiver, cette nouvelle lui offrant un rôle absolument spectaculaire. Toutefois, ma patience aura été mise à rude épreuve, puisqu'elle se situe à la fin du livre.

Ceci étant dit, ce personnage est peut-être creusé plus avant dans le premier recueil, ce qui serait une très bonne raison de m'y plonger…
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J'avais découvert l'univers de Célestopol dans le précédent recueil de nouvelles éponyme de l'auteur publié aux éditions de L'instant puis Libretto. C'est donc avec un grand plaisir que je suis repartie en direction de la cité lunaire avec Célestopol 1922 et je n'ai pas été déçue du voyage.

Emmanuel Chastellière revient donc avec ce récit dans l'univers de Célestopol, une cité d'inspiration russe construite sur la Lune. Il se focalise cette fois-ci sur une année bien particulière : l'année 1922 à travers 13 nouvelles qui démarrent en janvier 1922 pour se terminer en janvier 1923. On suit donc de manière chronologique tout ce qu'il s'est passé cette année-là dans la cité lunaire à travers des nouvelles indépendantes dans lesquelles on retrouve certains personnages déjà connus pour ceux qui avaient lu le précédent recueil, mais aussi des nouveaux. Dès la première nouvelle, on retrouve ainsi avec un grand plaisir Arnrùn et Wojtek, un duo de mercenaires que j'apprécié énormément et qui seront présents dans plusieurs nouvelles de ce recueil. le fameux Duc Nikolaï, fondateur de Célestopol et son automate/majordome nous font également l'honneur de leur présence dans quelques nouvelles. Et, même quand il n'est pas présent physiquement, la figure emblématique de Nikolaï plane toujours sur la ville et il n'est donc jamais très loin.

Emmanuel Chastellière nous conte le récit de cette année 1922 à travers de multiples points de vue issus de toutes les classes sociales. Il revient bien sûr sur les invités de marque qui sont passés à Célestopol tels que Marie Curie, l'archiduc François-Ferdinand ou encore Howard Carter. Car, je ne l'ai pas mentionné, mais on est ici sur un récit uchronique, c'est-à-dire que l'auteur se base sur une réalité historique qu'il détourne pour construire son récit. Il met ainsi en scène des personnes ayant réellement vécu à cette époque en leur intégrant un lien avec la cité lunaire. Emmanuel Chastellière fait donc venir de grands noms de l'Histoire sur Célestopol et l'une des personnalités les plus attendues par Nikolaï en cette année 1922 n'est autre que Marie Curie. J'ai été très agréablement surprise de découvrir cette grande scientifique que j'admire beaucoup dans l'univers de Célestopol. J'ai trouvé son personnage vraiment bien écrit par l'auteur, on sent qu'il s'est renseigné sur elle pour en dresser un portrait réaliste. Outre cette scientifique, Emmanuel Chastellière met également en scène des artistes ou des figures politiques de quoi ravir chacun en fonction de ses affinités !

Mais on ne trouve pas que des célébrités sur Célestopol, bien au contraire, Emmanuel Chastellière a à coeur de mettre en avant ceux qui sont souvent invisibilisés. Une grande partie des nouvelles se concentrent sur des anonymes, des personnages de l'ombre à cause de leur classe sociale trop basse, des enfants l'avis ne semble intéresser personne, mais aussi des automates qui possèdent leur propre sensibilité, très souvent méprisée par les humains. C'est l'un des gros points fort de ce recueil que de suivre toutes les voix qui sont mises en avant d'une manière très juste et sensible.

Emmanuel Chastellière maîtrise extrêmement bien le format court et il réussit encore une fois à proposer un recueil dans lequel toutes les nouvelles possèdent la même qualité. Si j'ai forcément une nouvelle favorite qui est Une nuit à l'opéra Romanova, il n'y a aucune nouvelle que je n'ai pas appréciée. Chacune des nouvelles nous permet de découvrir une nouvelle facette de cette cité lunaire si fascinante à travers diverses voix comme je le disais plus haut, mais aussi diverses thématiques. Les nouvelles nous emmènent ainsi dans le milieu de l'architecture, dans le milieu de la magie, dans celui de la prostitution ou encore de l'art. Certaines nouvelles sont plutôt axées sur la recherche d'un passé ou bien sur des luttes de classes. Chaque sujet est traité de manière très convaincante si bien qu'on est toujours curieux de savoir où la prochaine nouvelle nous emmènera. de plus, Emmanuel Chastellière a un don pour accrocher le lecteur dès les premières lignes, il sait très bien introduire ses personnages et ses thématiques et poser cette ambiance si particulière que possède Célestopol.

Chacune des nouvelles possède une sorte de mélancolie qui m'avait déjà beaucoup plu lors de ma lecture du précédent recueil. Les textes sont souvent assez sombres et dégagent une ambiance brumeuse et étrange si propre à la cité de Célestopol qu'elle est difficile à définir. On retrouve également l'influence slave dans la culture de la ville qui contribue à lui conférer une atmosphère si particulière. Emmanuel Chastellière réussit réellement à donner de la vie à la cité lunaire et malgré toutes les sombres facettes qu'il nous présente, on ne peut s'empêcher d'être fasciné par Célestopol.
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