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On a un peu (beaucoup, même) oublié Jean Cau. Un auteur "de caractère", lauré du Goncourt, que le statut de secrétaire de Jean-Paul Sartre a tenu lieu de réputation. Et pourtant. Quel styliste ! Les peintures de ses contemporains sont faites au scalpel. A lire et à relire.
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Dans ses croquis de mémoire -et quelle mémoire ! Jean Cau croque à belles dents les personnages de son époque, ranimant les souvenirs par lui choisis de ses nombreuses rencontres avec le grand petit monde de la littérature, de la politique, du cinéma...

L'auteur de « Mon Lieutenant » fait découvrir au lecteur l'étonnant survol d'une certaine intimité de figures dites "éternelles", d'Orson Wells à Mauriac, de Giono à Cocteau, d'une rive à l'autre. Si Cau souligne un trait, une ombre, il le fait en conservant la pureté de son intention, avec la clarté de son regard, de sa pensée qui s'avère profonds.

Le crayon à la pointe dure et la langue vive de Cau mettent en abyme les petits travers et les grandes flamboyances de tous ces disparus qui vivent éternellement non par leurs « oeuvres » -Jean Cau se méfiant du caractère lénifiant du terme, mais par leur leg à l'humanité.

On découvre en quelques pages une part de la vérité de ces êtres devenus universels, sans fioriture, sans flagornerie. Jean Cau est un homme sincère, qui livre sa pensée sur les individus qu'il a côtoyé en toute franchise, sans s'embarrasser de pudibonderies ni de jugements à l'emporte-pièces.

Ces croquis de mémoire sont une galerie à page ouverte, un kaléidoscope qui permet de mieux apprécier les splendeurs et les misères du contingent impressionnant des grands fauves humains du siècle passé.
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Mais qui diable est Jean Cau ? Quel style, quelle verve ! Journalise, polémiste et romancier oublié, décédé en 1993. Ce recueil de portraits m'a réjouie.
Sur certains portraits, l'auteur assassine sa proie, sans états d'âme, par exemple Ponge ou Lacan. La victime devient un pantin risible. Avec d'autres portraits, l'auteur se gausse de son personnage tout en laissant transparaitre son admiration et son empathie.
Malraux, Mitterrand… Les idoles ne l'émeuvent pas. Vive la caricature, la vanne, l'anecdote saugrenue. Méchant et virtuose, sans glisser dans le vulgaire – ou alors bien rarement.

Il faut m'attarder un instant sur le cas Sartre. Jean Cau a été le secrétaire de Sartre pendant dix ans. le portrait de Sartre ne pouvait pas manquer de ces pages : un portrait loyal et plutôt engageant ; pas de fausse note. C'était sans doute un exercice délicat, car dans les années soixante, après avoir quitté son boulot de secrétaire chez Jean-Sol Partre, Jean Cau s'était détourné de la gauche ! Pas du jour au lendemain.

Ce changement de cap semble l'affaire de sa vie. Il condamne sans appel l'intelligentsia qui est resté fidèle au crédo marxiste malgré la dénonciation opérée par les dissidents. Il justifie son choix idéologique et raconte son grand moment de solitude - c'est un pamphlet.

En s'attaquant à quelques - prétendues - légendes urbaines il montre son goût pour la provocation : il soutient que la Résistance était une invention ; il déclare que le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre était une fiction des médias.

Son dieu est Giono – un dieu païen qui a illuminé son adolescence. Cependant tout n'est pas brillant dans ce recueil. Il y a quelques portraits-remplissage (Ava Gardner, Hemingway, Koestler …) et un article soporifique sur Venise. Soporifique car adorateur. Pour l'adoration il vaut mieux se tourner vers Jean d'Ormesson.
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Ouvrage conseillé par Fabrice Luchini, ce qui coule de source dès que l'on en a lu quelques pages, tant Jean Cau et lui partagent la même passion pour la langue, la littérature, la philosophie, la philosophie et leurs héraut(o)s. Les hommes et les aspects politiques ne sont pas ce qu'il y a de plus réussi dans le recueil. L'auteur est beaucoup plus à l'aise, en affinité, positive ou négative, avec les écrivains. Ses traits peuvent être à la fois incisifs, bienveillants, tendres avec souvent une grande justesse car malgré la timidité que ressent le jeune homme qu'il fut tout un temps, il conserve cette distance qui l'empêche d'adhérer (« comme une huître », aurait dit Breton). Cela nous donne de superbes « croquis » de Cocteau, de Genet, de Gallimard, de Queneau, une hilarante exécution dans les règles du professeur Lacan à la salle de sport (de gymnastique, plutôt), d'étranges heures en compagnie d'Orson Welles – que James Ellroy qui le déteste aurait dû lire, au lieu de se contenter de lui démolir le portrait dans son 2e quatuor.
Les textes consacrés à Venise et à la corrida me ramènent tout droit au Paris Match de mes parents (évoqué par un autre babeliaute) – définitivement une autre époque, qu'on la regrette ou non.
Ce carnet de croquis se clôt en apothéose par un portrait de Sartre, dont Jean Cau fut un temps secrétaire et pour lequel « on l'attend au tournant », « mais je n'y serai pas ». En effet, mais le regard et les souvenirs d'un homme ayant partagé l'espace vital avec un monstre de cette époque et qui en rend compte avec pudeur, fidélité, humour (la partie consacrée au dr Schweitzer, auquel Sartre était apparenté, ai-je appris) et grand talent.
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Encore un conseil de mon libraire. Jean Cau pour moi c'est le Paris match que lisait mon père. Un ancien secrétaire de Sartre devenu un dévot gaullien. Pas très passionnant. J'ai rechigné à l'acheter dans cette nouvelle édition de poche. le style est époustouflant. C'est ironique, un brin cynique, je ne vois personne capable de rivaliser actuellement devant cette qualité d'écriture.
Les portraits sont exceptionnels.
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Jean Cau avait publié en 1985, chez Julliard, "Croquis de mémoire". Pocket a eu l'excellente idée de le rééditer.
Dans son exergue, Jean Cau explique son état d'esprit, ses motivation et la manière de ce travail de mémoire.
Le résultat est un régal. Avec pudeur et saveur, il fait revivre le souvenir des illustres que son travail de secrétaire de Sartre, de journaliste, le hasard lui ont fait rencontrer. Il en donne une image qui n'est pas caricaturale, mais acérée, une eau-forte. Mitterrand, Lacan, Cocteau, Montherlant, Sartre, dée de le rééditer.
Dans son exergue, Jean Cau explique son état d'esprit, ses motivation et la manière de ce travail de mémoire.
Le résultat est un régal. Avec pudeur et saveur, il fait revivre le souvenir des illustres que son travail de secrétaire de Sartre, de journaliste, le hasard lui ont fait rencontrer. Il en donne une image qui n'est pas caricaturale, mais acérée, une eau-forte. Mitterrand, Lacan, Cocteau, Montherlant, Sartre, Mauriac et beaucoup d'autres s'y montrent comme on ne les connaissait pas.
Jean Cau a une humanité qui éclaire le sujet, une malice qui le met à jour, une intelligence qui le dissèque, dans un style qui éblouit. Il nous fait partager ses admirations, ses aversions.
Au chapitre 21, il va nous parler de Ernst Junger, mais lui , de culture aussi espagnole, il le commence par une envolée lyrique à la gloire de la langue française, éblouissante.
Ce livre n'a pas vieilli. Il témoigne sur l'auteur et sur une époque. Il mérite d'être lu et relu.
Le blog à Dancharr
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Des scènes de sa vie croquées avec talent. Sartre, Cocteau, Hemingway, Chanel. Toujours brillant dans son style ramassé, il nous faut voir ces illustrés figures à travers des lunettes parfois admiratives, souvent cyniques, jamais banales. Son évolution des rives surréalistes et communistes vers une droite païenne et libre pensante apparaît en filigrane, notamment dans les pages consacrées à Sartre.
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