C'est le biais de masse critique que j'ai reçu ce roman, je suis toujours curieuse de découvrir de nouveaux auteurs ou de lire des ouvrages que je n'aurais jamais lus.Et je remercie pour cela Babelio.
C'est le cas pour celui-ci dont je ressors perplexe, je dois aussi avouer que je me suis forcée pour le finir ! en fait on suit trois destins, plutôt deux d'ailleurs celui de Frank Merlo, l'ami de
Tennessee Williams, deux êtres bien réels, et celui de Anja Bloom-Blomgreen, une actrice de fiction. Peut-être est-ce mélange si évident entre réalité et fiction qui m'a gênée. Frank Merlo fut l'ami de
Tennessee Williams durant 15 ans et il meurt assez jeune d'un cancer du poumon, c'est un être solaire auquel on s'attache et qui peine à trouver sa place parmi les artistes qu'il est amené à fréquenter. C'est un séducteur robuste, dans l'ombre de l'écrivain et qui ne parviendra pas à avouer à son ami ce qu'il éprouve pour lui. Dès le début du récit, on retrouve certaines scènes de
SOUDAIN L'ETE DERNIER, celle où Liz Taylor sort de l'eau dans son maillot blanc sous l'oeil avide des garçons séparés d'elle par une grille, plus loin dans le roman c'est la scène de la dévoration de Sebastian, raison de la névrose de jeune fille qu'incarne L.Taylor, dans le récit c'est l'attaque des gitans à la testa del Lupo, cette scène est reprise peut-être pour signifier ce qui scelle la relation d'Anja et de Frank. Ce sont sans doute les références à ce film qui ont parasité ma lecture.
Autant, j'ai été bouleversée par ces scènes dans le film autant là elles m'ont semblé juste reprises et plaquées, comme si le roman était là pour expliquer le processus de création de
Tennessee Williams, alors que justement le livre met plutôt en avant Frank.
Le roman fait donc des allers-retours entre les étés solaires et le présent sinistre d'Anja ou la fin sordide de Frank, Tennessee se bat contre ses diables bleus, "
Les diables bleus de Tenn étaient comme des chats sauvages, disait-il, qui vivaient sous sa peau." Ce tourment de l'écrivain passe au second plan pour illuminer Frank car le récit s'articule autour de lui.
De ce point de vue, le personnage d'Anja a du mal à s'intégrer, pourquoi l'ajouter ? ou qui est-elle réellement ? La pièce secrète qu'elle garde dans un tiroir, cadeau de
Tennessee Williams, serait un hommage à Frank, mais la pièce s'avère pathétique et creuse, que comprendre là aussi, si ce n'est que même là Frank n'est rien ou que le grand auteur n'a pas su ou pu mettre en lumière celui qu'il aimait.
Le roman cependant rend bien l'ambiance particulière de l'Italie de l'époque, ou du moins ce que j'en sais, cette dolce Vita ensoleillée, cette nonchalance des auteurs, leur petite coterie mesquine, leur investissement du monde sans limite, leur prétention aussi à pouvoir l'occuper et à capter sur eux l'attention.
Sans doute, un peu long, le récit donne cependant envie de relire les pièces, j'ai d'ailleurs appris que certaines n'étaient pas traduites en français, et de revoir les films.