Ils sont deux,
Le Merle (Ar
no) et La Barbe (Belej);
Le Merle a quinze ans, la Barbe, seulement 5 ans de plus, tout un monde à cet âge là.
Cela fait déjà dix ans qu'ils effectuent la transhumance de leur troupeau pour rejoindre le col de Rosajan dans les Alpes et l'eau de vie de Dania.
Dans ce monde là, les objets inanimés ont pourtant une âme : « les étoiles dansaient car elles se savaient observer par les deux bergers ». Dans ce monde là, les petites biquettes parlent entre elles, même si les deux bergers ne les entendent pas. Ils savourent leur bonheur car « aux âmes tranquilles, le bonheur immuable, va! » dit La Barbe !
Pourtant, une menace semble poindre à l'horizon que les premières lignes nous rappellent, en la personne du Grand Batave...peut-être est ce un ami ?
Roman du silence où tout le monde fait du bruit : les deux protagonistes échangent, les étoiles réagissent, les troupeaux vivent leur vie.
« Un vrai roman littéraire, au vocabulaire riche et fourni, aux phrases alambiquées et joyeuses. Un roman du paysage, qui demande à s'arrêter à chaque mot, à chaque idée. le roman nous entraîne sur 445 pages, dans les montagnes, où nous suivons deux bergers, la Barbe et
Le Merle. Mais bientôt, le Grand Batave vient répandre de nouvelles idées, de nouvelles techniques et sème la mort, d'abord des étoiles puis des Hommes... Heureusement l'amour de Jelena permettra la survie des héros, malgré leur révolte, une avalanche et grâce à la mort du Grand Batave et de son fidèle Flandrin...leur mort pourtant n'empêche pas le Progrès de se répandre partout, ni aux Hommes de se perpétuer et de sauver
la Grande Vallée où, au final, un coquelicot renaît... »
« Le roman appartient à un genre (le roman pastoral) et à la tradition littéraire de
Giono. Il est ainsi très marqué et ne peut pas plaire à tout le monde. Son thème principal (l'apparition de la figure du Grand Batave, symbole de la modernité dans une campagne pétrie de traditions) pourrait paraître pour très conservateur, le rejet de cette modernité par les deux bergers marquant le début de leur malheur...dans ce roman, tout prend vie, les brebis, les chèvres, les jonquilles, la montagne, ce qui renforce l'aspect poétique du livre mais aussi parfois sa naïveté. le vocabulaire est très soutenu, on sent l'auteur vouloir faire « oeuvre littéraire » même si cela l'entraîne à utiliser de nombreuses fois certains mots (« chenu », « chanfrein », « déréliction », « potron-minet ») amenuisant la portée littéraire pour en faire un exercice un peu artificiel »