Et donc, retrouver
Bukowski quelque quarante années plus tard, ça le fait toujours?
Ces "
Contes de la folie ordinaire", j'ai décidé de les écouter et de les lire. Et c'est donc
Denis Lavant qui s'y colle.
Évidemment aurais-je envie de dire.
Si ce n'avait pas été lui, j'aurais bien vu un
Philippe Léotard ou éventuellement
Richard Bohringer. Des gueules quoi! Ravagés par la vie. Et j'ai aimé sa voix magnétique, rocailleuse de trop de tabac et d'alcool.
Moi qui apprécie la finesse et l'élégance d'un
Stefan Zweig, est-ce que j'allais encore trouver un quelconque intérêt à lire le sulfureux Buk?
Et bien là réponse est oui. Je trouve qu'il y a du Gainsbourg chez
Bukowski (ou inversement). Ce n'est pas tant la provocation que j'apprécie chez ces deux là mais plutôt leurs failles et leur hypersensibilité qui transpire dans leur art.
Pardon par avance pour la psychologie à deux balles qui va suivre.
Je perçois chez ces deux là un besoin de se protéger des agressions du monde extérieur.
Bukowski se réfugie dans l'alcool et s'anesthésie afin de vaguement tenter de rendre ce monde qu'il n'aime pas et qui, du moins le croit-il, ne l'aime pas non plus, supportable. Et il écrit pour déranger, secouer.
Il en devient une caricature de lui-même, joue ce personnage dégueulasse et puant comme le faisait Gainsbourg. Ils donnent à manger à leur public qui en demande toujours plus.
Donc oui,
Bukowski est grossier, vulgaire, excessif, de mauvais goût, parfois grotesque, parfois très mauvais... et aussi sublime dans la déchéance et sa souffrance.
Il aime les fesses, la bière et surtout la littérature. Comme il l'écrit dans la nouvelle "La vie dans un bordel au Texas", "Je ne bois pas, je me soûle."
Lors de ma première rencontre avec
Bukowski, j'avais dix-huit ans, je découvrais une forme d'écriture totalement insoupçonnée et invraisemblable. Un ton d'une absolue liberté sans interdit.
Un langage cru, c'est donc permis en littérature? Ainsi que des histoires salaces?
Il est vrai que je sortais à peine des lectures scolaires imposées ; je pense à
Hervé Bazin,
Gilbert Cesbron,
Kessel,
Frison Roche,
Michel Tournier,
Alain Fournier et j'en passe.
Ce furent aussi pour moi les années où arrivait le "
Moins que zéro" de
Bret Easton Ellis et la découverte des "Chants de Maldoror"
De Lautréamont auquel je n'avais rien compris mais qu'on se prêtait discrètement sous le manteau "pour faire genre". C'était tellement subversif et qu'est-ce que c'est bon parfois de regarder un peu dans le rétroviseur.