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3,72

sur 2031 notes
Au risque de passer pour une frustrée, je me lance ...

Alea jacta est

Christine la masculine :
Vingt et un contes plutôt vingt et un portraits au vitriol lancés comme des scuds et je vous assure certains font très «mâles». On m'a conseillé de lire ces nouvelles au second degré et mon côté masculin s'est rapidement exécuté. Comme un voyeur, j'ai maté à travers le trou de la serrure et j'ai adoré. Un mélange de fascination et d'admiration m'a envahi pour cet auteur : son manque de tact qui envoie valser les conventions, son sexisme dérangeant, son franc parlé déroutant, sa violence verbale et sa force d'écriture. Un écrivain provocateur à la verve brutale, sans limite avec un je ne sais quoi de désespoir, de colère et de révolte.

Entre réalités et fantasmagories, mensonges, vérités, divagation et abus d'alcool Charles Bukowski est infecte, détestable, ignoble, exécrable mais délicieusement jubilatoire. Il décrit une Amérique profonde en pleine crise et balance la baise dans la misère et la folie sociale. Il dépasse les limites de l'acceptable, c'est un fait, on l'accepte ou pas mais putain on en demande encore !

Christine la féminine :

Tchhhh, Tchhhh, Charles à nous deux !

Depuis le temps que je voulais me payer ta tête, tu vas t'en retourner dans ta tombe avec tout le respect que je te dois.

Il y a pas à dire, tu ne sais PAS parler aux femmes toi, mais tu sais quoi, ton haleine fétide et ton coup de rien, pardon de rein, qui dure le temps d'un va et vient, merci trop peu pour moi. Je te la fais rapide, comme les lapins : toutes ces femmes, les filles du bordel et du bar à putes, Linda, Sarah et les autres, elles simulaient. Ben oui ! Faut pas abuser non plus, tu ne crois quand même pas que pour 2 dollars, avec ces hommes répugnants dénués de sentiments, elles allaient atteindre le nirvana ? Et oui, Charles, un orgasme, il faut aller le chercher, le désirer, le mériter, l'accepter avec respect, douceur avec un temps soit peu de rêve et d'amour, c'est le prix.

Connais-tu la différence entre un bon et un mauvais vin ? Un bon vin, tu le caresses du regard, tu admires sa robe soyeuse, tu l'humes, ensuite tu le grumes pour augmenter sa température et dans ta bouche quand il présente une bonne longueur, tu fais durer le plaisir et là tu avales par petites gorgés, un délice. Un mauvais vin, tu avales et tu vas gerber. Et bien entre l'amour et la baise c'est la même chose…

Bukowski déteste les femmes ou plutôt il adore ce qui lui sert de vidoir ! Tout y passe, dans le livre j'entends : exhibitions, érections, éjaculations, fellations et quand il n'y a pas de femelles, un whisky, une branlette et au dodo. Les femmes ou plutôt leur con est étalé comme un morceau de viande, dans toutes les positions, sous toutes les coutures, pourvu que ça rentre que ça sorte que ça rentre que ça… Oups ben même pas le temps que ça gicle déjà, rooh !... Bukowski, je te le dis entre quatre yeux, tu es immonde, dégueulasse, abject avec les femmes, un tue l'amour dépourvu de coeur et d'humanité.

J'ai quand même voulu comprendre pourquoi ce laid et odieux bonhomme est devenu misogyne. Je me suis dis celui-là il n'a pas du avoir une enfance douce et heureuse ! Bingo ! Père violent, alcoolique, castrateur et mère soumise et inexistante. Même schéma de construction, il est vrai que pour se construire ce n'est pas l'idéal. Quand on a compris le personnage on comprend son oeuvre, il écrit ses mots comme il les pense pour panser ses maux.

Bon vous aurez compris, j'ai été intéressé par le regard acerbe de Bukowski sur les femmes qui sont sa douleur et toute sa vie. Parfois touchée mais souvent agressée, mon côté féminin et le premier degré l'ont souvent emporté mais je dois admettre une certaine fascination pour son écriture.

Sans rancune Charles ! Bon c'est vrai je me la joue facile, tu ne peux me répondre mais c'est un juste retour des choses après t'être tant vidé. Peut être nous verrons nous dans l'au-delà, tu iras baiser sur ma tombe et moi j'irai cracher sur la tienne.

Au nom du père
Du fils
Du Bukowski

Amen !


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Tiens J'ai lu un bouquin bien dégueulasse… avec un auteur bien dégueulasse qui raconte des trucs bien dégueulasses, pour des gens pas dégueulasse….

Mon paternel dans le même genre parlait tout le temps de cul, il beuglait dès qu'il voyait un bout de nichon à la télé…. « thaitiiiiiii » que ça braillait à la télé, et là une petite pas trop dégueulasse se trémoussait les tétons sous la pluie à se caresser les bouts devant des millions d'obsédés…

Moi quand je l'entendais beugler, j'enfourchais ma bécane pour traverser le couloir qui me paraissait énormément long, à 4 ans tout vous parait énormément long, enfin bref je rappliquais direct devant la télé pour contempler le désir de tout homme normalement constitué que sinon il serait pédé, et je contemplais toute la poésie que pouvait m'inspirer des nichons…

Un an après je le voyais un week-end sur deux, ma mère équilibrait l'incompétence de mon père en m'enseignant quelques valeurs plus catholiques….

- Moi : Pourquoi tu marches pas droit papa ?

- Papa au rhum : ah je suis fait comme rat mon pote…

- Moi : ?????

- Papa : P'tain tu pouvais pas t'coucher hein ! on t'avait collé un Jules vernes dans le mains pour t'endormir et tu dois débarques pour m'ptéter la baraque… culéééé va… impossible de la sauter…

Des comme ça, j'en ai quelques unes, pas de misérabilisme, le spy m'a confirmé que mon enfance ne sentait pas bon la normalité, mais comparé à la misère humaine, je ne m'en sortais pas trop mal donc inutile de se lamenter le restant de ma vie, et c'est ce que j'ai fait de mieux…

Là je découvre un auteur que je pourrais appeler papa, sans les orgies, ni la poésie, mon papa à moi n'avait pas une once de talent intellectuel… mais Charles lui, éjacule les mots sur le cul de la poésie, il a le nez collé aux histoires ruisselantes de médiocrité, puantes de vérité, il enfourne sa grosse bite dans toutes les égouts de la ville en picolant du nez sur les trottoirs de la ville…

Son talent se mesure à sa culture et à sa répartie jouissive comme les boudins qu'il culbute au fil des pages, l'alcool n'a pas de yeux, sa bite non plus, il trifouille partout, se fait trifouiller souvent, il est libre, sans vie, l'oeil vitreux, la parlotte corrosive, il vomit sa verve d'enculé dans toutes les villes qu'il cuve….

Mais ce mec est un putain d'artiste, un vrai, son franc parler me fait marrer, aucune pitié dans ses mots… c'est cru avec des chattes qui puent, des poils qui collent, j'adore sa « glauquiloquence » culbutant la vie à coups de branlettes intellectuelles qui ferait bander les moins pourris…

Alors on n'aime ou on n'aime pas, et moi j'ai bandé…

A plus les copains…
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Ce Bukowski, quel divin et exquis visionnaire ! Quel stupéfiant talent ! Et surtout quelle sublime réflexion ! du cul, du cul, du CUL, le meilleur remède pour débrider une nouvelle. Il n'y a que ça de vrai dans la vie. Et pourquoi s'en priver, puisque c'est ce qui intéresse, ce qui fait débat, ce qui passionne le plus les simples immortels que nous sommes.

N'ayez pas honte de lire de la belle fesse, du moment que vous ne vous mettez pas à léchouiller les pages (surtout en public). D'ailleurs, le titre original de ce recueil de nouvelles n'est-il pas : Erections, ejaculations, exhibitions and general tales of ordinary madness. Et de la fesse, vous en aurez à profusion : de la belle ronde à la grosse flasque, de la douce et délectable jeunette à la vieille flétrie et défraîchie. Tous les goûts sont dans la nature, et Bukowski, en grand professionnel et amateur de la « chose », se fera un plaisir, une ambition, un devoir de toutes les essayer, de toutes les caresser voir d'y pénétrer avec sa GROSSE « tige de jade ».

Et chaque nouvelle (essentiellement autobiographique) de Buk s'enfonce plus profondément dans le délire. Je JUBILE devant autant de drôlerie cocasse, devant les petits malheurs et bonheurs de ce bon vivant. La vie est si courte, le bonheur si fragile qu'il faut en profiter à chaque instant. On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve, alors pourquoi préparer des plans, pourquoi planifier un futur incertain, baissons simplement nos pantalons et baisons juste ensemble ici et maintenant.

Je suis prêt à faire de ce Hank, surnom de Charles Bukowski, mon nouveau héros. Par moment, j'aurais envie, moi aussi, d'avoir le courage ou la simplicité d'esprit de tout laisser tomber (y compris mon plan épargne logement, mon plan épargne retraite, mon plan épargne entreprise, enfin tout ce qui comprend le mot « plan »), d'envoyer CHIER tout le monde (petits chefs, grands cons ou petits connards prétentieux, voyageurs inconnus et sans intérêt de la ligne 13...). J'aurais envie de me contenter d'une journée en tête à tête avec mon fidèle compagnon d'armes Jack Daniel's avec comme unique pensée le néant et comme simple tenue vestimentaire mon caleçon fétiche et sans chaussette.

Vivre l'instant présent, procurer du bonheur autour de soi (surtout aux petites dames) ou se procurer simplement du bonheur pour assouvir son sentiment de bien-être à chaque minute de cette petite vie, pour atteindre la pleine quiétude de son âme... Ne serait-ce pas le début des préceptes bouddhiques, la recherche d'un nirvana terrestre ? Et si Bukowski représentait le moine zen moderne ? Je vais en faire bondir certains devant la crudité de ses écrits, peut-être même en choquer d'autres, mais à mes yeux Bukowski est un gars qui mérite respect. Son talent indéniable, sans compromis, est présent à chaque page pour nous conter sa vie, LA VIE. Cette vie, faite de petites folies « ordinaires », me montre à quel point le bonheur est souvent difficile à accéder, mais aussi parfois, juste à portée de main, à portée de verre. Les contes de la folie ordinaire fut mon premier Buk. A cet égard, il a marqué déjà mon esprit qui est déjà en manque de suite. Vivement mon prochain Buk. Jamais avant, mon esprit n'avait tant jubilé devant les quelques bons mots d'un tel écrivain, d'un tel poète.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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De Bukowski, je ne gardais en mémoire que quelques images tirées de feu « Apostrophes », l'émission de Bernard Pivot. Images pas vues en direct, j'étais beaucoup trop jeune (ah qu'il est bon mais surtout trop rare de pouvoir l'écrire !...) mais plutôt aperçues parmi la multitude d'images offertes par tous ces bêtisiers dont la télé nous inonde jusqu'à plus soif, un comble pour ce vieux Hank ! Mon enfance étant ce qu'elle est, je n'ai pas de tendresse particulière pour les ivrognes, au contraire. Mais il se trouve que le talent du_Bison, grand fan de la dive bouteille et de cet auteur (ne me demandez pas dans quel ordre, j'aurais un peu de mal à me prononcer) m'a donné envie d'en découvrir davantage sur l'homme, sa vie, son oeuvre, partagé que j'étais entre curiosité, fascination et amusement.

Suite à la lecture de son billet (chez le_Bison, on parle de billet, pas de critique), je me commandais « Contes de la Folie ordinaire » sur www.pochetroc.fr et je ne le regrette pas une seconde.

Une écriture bien plus fluide que je me l'imaginais. Un univers fascinant par son réalisme décadent. du sexe, non du cul, oui, c'est ça, du cul et de la baise ! Oui, de la baise et ceux qui me connaissent ici vous diront que ça n'est pas pour me déplaire. Un côté pervers, vieux dégueulasse, qui finit par en devenir presque fascinant. Culs bénis s'abstenir ! Bukowski se met très immodestement mais toujours brillamment en scène, parfois clairement, parfois moins. Un savant mélange d'imaginaire, de « féerique » et d'autobiographique qui fait que toute cette « folie ordinaire », à l'échelle de sa vie, en devient parfois totalement surréaliste et en dehors de tout ordinaire pour nous pauvres mortels non alcoolisés. Un humour grinçant et un regard toujours percutant sur ses contemporains. Bref, des moments de lectures jubilatoires !

Et voilà qu'arrive déjà le final mais quel final, alcoolique, zoologique, et apocalyptique…

Au-delà d'un basique travail d'imagination biographique, ce recueil de nouvelles m'apparaît comme un véritable travail sur la création et les difficultés de cette création. Non, sans laisser habilement penser, que tout ça a été fait comme ça, un peu par-dessus la jambe. Si c'est le cas, ce devait être une belle jambe, bien plantureuse…

Charles Bukowski, « Contes de la folie ordinaire », où comment porter le delirium tremens au rang d'art littéraire…

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Ce qui est le plus drôle avec ce recueil de nouvelles, c'est de lire les critiques. Il y a tout et son contraire, et si j'osais le blasphème, ce qui est de mise avec l'auteur, je tenterais un : on croirait une compilation religieuse.
Il doit y avoir au moins une secte Bukowski. Avec du cul, pas de thune et de la crasse. Et au moins une autre qui ne supporte pas.
Depuis Miller et sa trilogie sexus, je n'avais rien lu de comparable.

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Wouaw. Alors c'est ça Bukowski. Non parce que je m'attendais à un truc hardcore, politiquement incorrect et bien trash, alors que j'ai trouvé des nouvelles tout en sensibilité - Il a une façon de se mettre à nu… sans complaisance mais sans en faire trop non-plus, une sorte de sincérité qu'on sent à fleur de peau, à peine désabusée.
« - Ca ne me dérangerait pas tellement de tuer un homme, mais (…) j'ai pas envie de rentrer dans cette saloperie caca d'oie qui démange la peau ; j'ai la peau très sensible.
- Je suis heureuse d'apprendre que vous avez une sensibilité quelque part.
- Moi aussi. Mais je préfèrerais que ce ne soit pas ma peau.
- Vous devriez écrire avec votre peau. »
Eh bien peut-être que finalement c'est ce qu'il fait, en nous racontant ces histoires : Celle d'une fille qui ne supporte plus qu'on ne perçoive que sa beauté physique et qui s'abime dans sa laideur à lui ; Celle d'une rencontre bien décevante avec une inconnue fantasmée…


… Ah ben non au temps pour moi, je me disais aussi ! Je vous ai fait peur, hein ? Je vous rassure, la suite est beaucoup plus conforme à sa réputation : policée, tout en nuance et en subtilité… Non pardon, je me trompe encore, partie sur ma lancée. Des contes oui, de la folie si on veut, de l'ordinaire voilà, de vrais contes pour enfants, quoi. Ok y'a beaucoup de cri, de bière, de vin et du porto à l'overdose. « On se croit au fond du trou, et on tombe encore. Et merde ». L'auteur qui peine à vivre de son oeuvre se met en scène, cherchant l'inspiration dans des excès insensés, poussant les vices jusqu'à l'absurde, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de sens à chercher à tout ça. Ni le lecteur non-plus. Pourtant, ce dernier ne renonce pas si vite : Parce que la plume a quelque chose d'attachant, parce que ces contes portent des symboles qui feraient le bonheur d'un psy. Parce qu'un certain recul guide cette plume, en totale contradiction avec ce que l'on lit. Tantôt protecteur, victime, bourreau ; à la fois capable de raisonner, de se voir avec lucidité mais sans jugement ; et en perte totale de repères : comment en est-il arrivé là ? La femme castratrice, la femme objet, la faible femme, la femme rêvée, celle à protéger… un portrait vécu(l) par nouvelle ? « Chaque femme a sa manière de baiser. Voilà pourquoi on continue, voilà comment on est pris au piège. »


Et chaque nouvelle, aussi provocatrice soit-elle, est sa manière de se livrer ; voilà comment on se trouve pris au piège de ses maux, voilà comment il nous tient finalement en haleine - chargée, l'haleine. Comme celle de ces générations qui, après guerre, ont éprouvé leurs libertés dans les abus. On obtient des nouvelles en forme de contes, une vie entre rêve et réalité, où un auteur désabusé, pas très beau, accro aux excès et encore en recherche de son public, met en scène sa vie quotidienne (alcool, boulot, fiestas), ses emmerdes ordinaires, ses amours à la… folie. « Bukowski a peur des femmes (…) Bukowski est un grand angoissé ». Des récits courts, des faits, pensées, sensations. Des sentiments ? N'ayons pas peur des peur des mots, malgré ses airs d'obsédé qui n'en a rien à branler, ou d'alcoolique imbuvable et violent qui n'en a rien à battre, il y en a aussi : du colérique, du désespéré, du refoulé, du dégueulé. Parmi les cadavres de bière qui jonchent son appart, entre deux tournées dans les bars et des pensées enfumées ; au milieu des « bonnes femmes », ou de rixes improvisées ; dans les draps froissées de nuits fauves dérobées. « - Je suis peut-être trop vieux pour être aimé comme les autres.
- Tout ce qu'il te faut, c'est que quelqu'un te trouve ».


Le propos et la plume ne m'ont pas toujours paru d'un grand intérêt en eux-mêmes, et sa vulgarité provocatrice m'a parfois semblé utilisée comme une insulte gratuite envers certaines personnes, comme si ne pas se décrire lui-même sous son meilleur jour l'autorisait à juger les autres ; mais ils peuvent faire sens ensemble, si l'on cherche à comprendre ce personnage atypique et son parcours. Etonnamment, d'aventures en tranches de vie, sans fard, sa plume apprivoise. Mais son personnage, comme tous les extrêmes, semble souvent insupportable et im...bitable*. A vous de voir si vous voulez vous laisser intriguer, happer, froisser, énerver, toucher, intéresser, écoeurer, effrayer, amuser, enivrer, désespérer, enc**…fumer par ce tourbillon de débauche sans… queue ni tête, réservé à un public averti. Car de son point de vue : « Pour s'en sortir dans une nouvelle, il faut du cul. Beaucoup du cul, si possible. » Vous êtes prévenus. Mais, comme dit le psy de la prison où il a fait un tour, « … sous un masque impassible, cache une profonde sensibilité… » Et vous, êtes-vous fan, détracteur, curieux ?


(* et ** : désolée, j'le f'rai plus. Promis, cuvé ; gerbé.)
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Bukowski, c'est un peu une comme une vieille maison délabrée, comme une verrue au milieu d'un lotissement flambant neuf. Une tache. Très moche selon les conventions, car pas entretenue mais elle défie les années malgré les intempéries et on se demande comment!

Pour le raffinement, les circonvolutions pour parler de sexe, d'alcool ou des servitudes organiques, il faudra changer d'adresse! Ce serait comme infliger un ravalement puis un bardage à cette maison qui finalement n'a pas besoin d'embellissement car il se pourrait bien qu'elle soit une sorte de décor underground.

L'ouvrage a un style. le style direct d'un clochard céleste.




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Nom : Henry Charles Bukowski Junior.

Profession : aspirant poète

Qualités : lucidité ? insoumission ? talent d'écriture ? romantique (non, là je plaisante). Misanthrope ? Et puis, comme une Renault diesel, je parle sans filtre. Pas comme cet abruti d'éditeur qui a traduit le titre de mon recueil "Erections, Ejaculations, Exhibitions and General Tales of Ordinary Madness" par "Contes de la Folie Ordinaire".

Tares : beaucoup, dont alcoolique, misogyne (par défaut). Globalement se référer aux qualités.

Hobbies : l'alcool, la baise, les courses de chevaux. A part ça, j'ai la bougeotte, sans doute parce que je suis un fracassé de la vie, un de ces récifs obscurs sur lequel vient butter le ressac de la société...Sinon, Louis-Ferdinand Céline.

Ambitions ; écrire et qu'on me foute la paix. Que ça me rapporte juste de quoi oublier...

Sinon, pour l'avis de Pavlik, faudra attendre qu'il cuve...Tout le monde ne tient pas le bourbon aussi bien que moi.

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« Harvey a débouché un nouveau litre. On a parlé de Kafka, Dosto, Tourguéniev, Gogol. Tous les emmerdeurs. »


C'est-à-dire que Charles Bukowski n'est pas un emmerdeur, lui. C'est-à-dire qu'il parle de bière, de whisky, de putes et de bastons. Mais en fait, là n'est pas le point nodal - la thématique abordée. La question à se poser à propos de ces passionnants objets d'étude est plutôt la suivante : comment bien en parler ? Même si Kafka, Dosto, Tourgéniev et Gogol racontaient leurs beuveries et leurs partouzes, Bukowski les trouverait sans doute toujours aussi chiants. Quant à lui, il parvient au miracle de ne pas l'être malgré le radotage de thématiques sexuelles et alcooliques qui finissent pourtant rapidement par tourner en rond.


Comment rigoler avec Bukowski ? On peut commencer en ouvrant l'index et en feuilletant au hasard des titres de ses Contes de la folie ordinaire. On aura peut-être envie de connaître la « vie dans un bordel au Texas », de découvrir une étonnante « machine à baiser », de comprendre pourquoi « la politique est l'art d'enculer les mouches » ou de pleurer un peu à l'évocation de l'histoire des « douze singes volants qui ne sont jamais arrivés à baiser ». Ouais mais enfin, tous ces titres n'évoquent pourtant pas le principal objet de mécontentement, de fascination et d'admiration mêlés de Bukowski : les femmes. C'est en cherchant à mettre le plus grand nombre d'entre elles dans leur pieu que les personnages de ces contes s'instruisent le mieux. Ils découvrent des mentalités dérangées –qui se taillade par excès de vanité, qui transforme son homme en gode vivant- et des univers loin de toutes les expériences qu'ils n'avaient encore jamais pu imaginer –ici un zoo lâché en pleine demeure, là le cabinet d'un savant fou qui n'a pas tiré son coup depuis longtemps et qui invente une femmoïde dernier cri. Des femmes partout à en vomir.


« Tous ces noms, toutes ces femmes qui boivent, qui chient, ont des règles, baisent des mecs, se font boucler dans des lit-placards, ça me dépasse. »


Alors, pour décompresser, les personnages de Bukowski s'alignent du pinard, écrivent des journaux underground, se bastonnent ou zigouillent des gens qui l'ont bien mérité. le tout avec très peu de sentiments parce qu'il s'agit de toute façon des dernières activités qui demeurent un tant soit peu intéressantes pour des hommes blasés et revenus de tout le reste. La lucidité n'a pas disparu mais la volonté s'est tarie depuis belle lurette et porte à la résignation. Une résignation sans sentiments, bien sûr.


« J'étais magasinier chez un concessionnaire automobile et j'avais du mal à joindre les deux bouts. Mes seules joies étaient la bouffe, la bière et l'amour avec Sarah. C'est pas ce qu'on appelle une vie bien remplie mais il faut faire avec ce qu'on a. »


Ainsi se succèdent les passages de grand ennui, de baise et de bastons, dans l'égalité la plus indifférente. Charles Bukowski veut se donner l'apparence d'un mauvais garçon stupide et dégénéré, mais sa sincérité ne peut s'empêcher de transparaître dans le moindre dialogue anodin. Il faut savoir lire entre les lignes. On imagine le comptoir d'un bar auprès duquel seraient alignés quelques vieux à la vie décousue, misérable, loin de leurs idéaux, avalant bière sur bière dans le silence ou –pire encore- dans une monotonie agitée de discours à bâtons rompus. Une beigne de temps en temps. Un coup de baise en rentrant. Et c'est reparti pour un tour.


« Maintenant, oubliez-moi, chers lecteurs, je retourne aux putes, aux bourrins et au scotch, pendant qu'il est encore temps. Si j'y risque autant ma peau, il me paraît moins grave de causer sa propre mort que celle des autres, qu'on nous sert enrobée de baratin sur la Liberté, la Démocratie et l'Humanité, et tout un tas de merdes. »


Il n'empêche, qu'il le veuille ou non, Charles Bukowski ne peut s'empêcher d'évoquer les grandes thématiques des emmerdeurs. Il le fait en douce en appuyant bien sur leur absence. Si la liberté, la démocratie et l'humanité disparaissent, ces petits contes de la folie ordinaire deviendront bientôt de plus en plus fréquents. N'est-ce pas un puissant plaidoyer en leur faveur ? A moins que ce ne soit en fait qu'une révélation de leur inutilité. Dans les deux cas, les emmerdeurs n'ont plus de raison d'être.


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Comme tout un chacun, ou presque, j'avais entendu parlé de Bukowski. Comme tout un chacun, ou presque, j'avais vu dans un bêtisier la fameuse scène d'Apostrophes. Comme tout un chacun, ou presque, je voulais en savoir plus.
Et finalement, j'y suis venu, j'ai lu et j'ai su.
La folie ordinaire, c'est celle qui se cache à la vue de tous, sous les lits des étudiants, dans les cuisines des ménagères de moins de cinquante ans, sur les canapés des chômeurs de longue durée, dans les hôtels miteux où se retrouvent les marginaux… c'est celle de tous ces gens que la littérature américaine pudibonde dissimule derrière l'écran du rêve américain.
Les contes de la folie ordinaire sont une retranscription, certes très particulière, de cette misère américaine et Bukowski le fait avec un humour noir, un cynisme, une grossièreté et un détachement incroyable.
L'auteur a un sens du rythme extraordinaire dans sa façon de raconter les choses, qui fait que lecteur se trouve presque malgré lui happé par le récit. Bien sûr, c'est parfois glauque, quelquefois violent, et souvent sale mais Bukowski reste un poète et un écrivain lucide sur son temps et sur les divagations humaines. Au delà des clichés sur l'homme, permettez-vous d'être touché par sa vision désespérée de l'amour, notamment dans sa première nouvelle sur « La plus jolie fille de la ville », soyez dérouté par sa vision de la démocratie lorsqu'il énoncera que « la différence entre une démocratie et une dictature, c'est qu'en démocratie tu votes avant d'obéir aux ordres, dans une dictature, tu perds pas ton temps à voter », et surtout découvrez « cette sacrée cour » et « tous ces planqués derrière leurs rideaux, jamais levés avant midi. Leurs bagnoles se déglinguent devant dans la poussière, les pneus ramollissent, les batteries fatiguent. Tous ces types mélangent l'alcool et la défonce et tout ça sans revenus apparents. Je les aime bien… »
Un dernier mot de Bukowski pour conclure : « Croyez-moi quand on est usé par la biture continuelle et la bouffe douteuse, et qu'on n'en peut plus de baiser pour oublier, il ne reste plus que les canards. je m'explique : il faut bien sortir de son trou, sinon, on est bon pour la grande déprime et le plongeon par la fenêtre. (…) Alors on s'assied sur un banc et on regarde les canards ; ils se la coulent douce, pas de loyer, pas de fringues, nourriture à gogo. Ils n'ont qu'à barboter, chier et caqueter ».
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