Je suis d'accord avec 80% de ce qu'écrit Bruckner, mais cet auteur a le défaut de beaucoup de sociologues : il répète dix fois la même chose sous des angles différents et le style laisse vraiment à désirer. C'est touffu, parfois confus et manque souvent de clarté, rigueur et précision. D'après la biographie présente en début et en fin de bouquin, il en écrit presqu'un par an, ceci explique peut-être cela… Il n'en reste pas moins que beaucoup de passages sont très bien sentis et raviront ceux qui, comme moi, sont horripilés par le concert de jérémiades charrié par la presse et les réseaux sociaux.
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Le souci des humiliés est l’honneur et la grandeur d’une civilisation. Mais selon Pascal Bruckner, l’envers de ce progrès, la victimisation, est un chantage permanent et une incitation à la résignation.
Lire la critique sur le site : LeSoir
A force d'être protégés, soignés, sécurisés, serions-nous devenus hypersensibles ? L'essayiste s'interroge.
Lire la critique sur le site : LeMonde
L’hédonisme dominant, tout à son escamotage du négatif, renforcé ce qu »il voulait dissimuler : la terreur omniprésente de la douleur physique et morale. La société du bonheur obligatoire est aussi celle qui parle en permanence le langage de la détresse.
Ce qui a changé par rapport aux siècles précédents n’est pas la somme des fléaux dont nous pâtissons mais notre disposition d’esprit vis vis d’eux.
La tragédie commence dès la Renaissance avec l’espérance d’un monde meilleur, à la seule charge de l’homme qui devient comptable de ses échecs. Cette promesse de construire un Eden raisonnable avec les armes de l’Etat-providence, de l’Instruction et du Droit reste, par nature inachevée donc décevante.
Les métiers difficiles sont réservés aux étrangers qui ne mesurent pas leur peine. Il faut des esclaves aux enfants gâtés qui répugnent à se salir les mains tout en proclamant leur solidarité avec les “exploités“, surtout quand ce choix professionnel va de pair avec celui de ne pas faire d’enfants pour ne rien sacrifier de son confort
Nous avons gardé les habitudes et la mentalité de la prospérité. Notre angoisse vient d'une réussite qui nous a engourdis. Nous sortons à peine du cocon délicieux des Trente Glorieuses et nous abordons une période de tempête avec un esprit hérité d'une époque d'opulence. Nous vivons la tragédie des cultures repues, inaptes à affronter l'adversité.
Chacun de nous pourrait remonter dans son arbre généalogique et trouver, qui un exploité, qui un serf ou un pendu pour expliquer sa misère présente. Le principe de la démocratie, c'est que la faute comme la blessure s'arrêtent à celui qui l'a commise ou subie : le fils d'un gangster n'est pas un gangster, le fils d'un déporté n'est pas un déporté, même si la mémoire des traumatismes reste vive. Aucun enfant ne nait coupable ou victime du fait de ses aïeux. L'humanité recommence avec chacun de nous et je ne porte pas sur moi les stigmates de mes ascendants. J'ai une histoire familiale, je ne suis pas cette histoire, il est en mon pouvoir de l'emmener ailleurs.
La liberté, la capacité propre à chacun de conduire sa comme il l’entend est surtout la permission accordée à tous de se lamenter sur leur sort.
La quête frénétique du bonheur s’inverse en obsession frénétique du malheur. La souffrance annexe à son empire des territoires sans cesse plus étendus. La promesse démocratique, toujours déçue, exacerbe l’insatisfaction et installe la plainte au centre du psychisme contemporain.
Combien d’états indépendants invoquent l’ancienne métropole pour continuer à exploiter leurs peuples ? La pente naturelle de tout persécuté, une fois arrivé au pouvoir, est de se métamorphoser en persécuteur.
Le souci des humiliés, telle est la grandeur de l’humanisme. La victimisation comme chantage sur autrui, tel est l’envers de ce progrès. Son stade ultime, c’est l’effacement des vrais malheureux au profit des parias de carnaval qui s’emparent de la langue des opprimés , et des réseaux, pour s’imposer.
Le message des Lumières et de la Révolution, celui d’un monde meilleur débarrassé du fatalisme et du fanatisme, aboutit à une société du sanglot et de la fragilité, c’est à dire de la démission.
Le statut de paria permet de détenir potentiellement tous les droits, surtout ceux d’accuser et d’opprimer au nom de sa blessure.
Attention toutefois de ne pas nous barbouiller de sublime. La vie quotidienne ne tient que par les antihéros : il y a aussi de l'abnégation, du courage, de la folie dans le geste d'une infirmière qui pose une perfusion, lave un grand malade, vide un bassin, ou dans le dévouement des parents, des éducateurs qui nourrissent leur progéniture, la protègent, l'éduquent, la guident. La vie collective ne tient que par ce ciment invisible, cet instinct presque animal qui soude les humains les uns aux autres dans le bain tiède de la bienveillance et du secours aux plus démunis.
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Au programme :
• Recherche bien-être éperdument
On revit quelques uns des meilleurs moments de l'émission où il a été beaucoup question de santé et de bien-être avec notamment les conseils avertis de philosophes, de sociologues, Raphaël Enthoven, Pascal Bruckner, Christophe André, Perla Servan-Schreiber mais aussi ceux de Michel Cymès.
• Très chers parents
Des artistes qui rendent hommages à leurs parents, Daniel Guichard, Michel Denisot, Salvator Adamo, Catherine Frot, Bernard Hinault, Elie Semoune... ou qui sont devenus parents et que cette nouvelle responsabilité a inspiré Jamel Debbouze, Daniel Auteuil, Gérard Jugnot et son fils Arthur, Matt Pokora, Miou-Miou et Manu Payet se sont confiés
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