Memoires, tome 1

".... amateurs de romans policiers, cornez votre Série noire préférée et ouvrez le "Broussard", vous ne serez pas déçus ! " aurait écrit Frédéric Thiriez du "monde".
Je crois qu'il ne faut pas exagérer. Un polar est un polar, des mémoires, voire une autobiographie, c'est autre chose. Pas mieux, pas pire, mais autre !
Cela pourrait ressembler à un polar pendant quelques lignes, mais on voit vite que l'objet du livre est ailleurs.
Broussard, avec sa personnalité forte nous offre une autobiographie , et c'est bien cela le problème.
Il a du recul sur tout... sauf sur lui. Il se pose en victime. Dans une autobiographie, on ne propose souvent que des aspects positifs ou attachants de sa personnalité.
Éléments positifs, il n'oublie jamais de citer ses collaborateurs, comme il est capable, dans le dernier chapitre, de proposer une très bonne analyse de la situation des "paumés" qui demandent de l'aide d'une manière ou d'une autre.
Cependant, il passe son temps à se justifier et à régler des comptes, (avec des collègues d'autres services, la justice, les politiques....)
A travers certaines affaires de rapt ou de terrorisme, il donne des clés de lecture intéressantes sur le rôle des politiques par rapport aux exécutants.
On sent qu'à cette époque déjà, les policiers (gradés), la justice et les politiques (et n'oublions pas l'armée) passent plus de temps à protéger leur pauvre pouvoir qu'à vraiment faire leur métier;
On repère les tensions police / justice ...; trente ans après, rien ne semble réglé.

Les arcanes politico-politiciennes (!) du pouvoir usent la lucidité des hommes à l'esprit le plus affuté et le plus fort.
Quand Broussard évoque l'affaire Mesrine, on n'est plus dans une autobiographie. Broussard entame une explication de texte, de contexte, de justifications telle que l'ion se dit qu'il aurait pu écrire un livre complet sur ce seul thème,
En réalité il a du mal a se positionner comme acteur ou comme observateur-conteur.
On le sent amer, et l'on se dit que l'on aurait du inventer les cellules psychologiques (Dont on nous rabat les oreilles au moindre soucis) bien plus tôt On a l'impression de refermer le bouquin d'un flic devenu dépressif, qui entre le début et la fin du livre, a perdu son enthousiasme pour pleurer sur les chaussures du lecteur.

Je ne crois pas que cette écriture ait été une thérapie pour l'auteur, qu'elle soit rédemptrice.... au contraire !.
Bonne lecture...