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sur 126 notes
Faudra-t-il une dictature écologique pour sauver la Terre ? La question revient régulièrement dans les débats depuis quelques années, mais elle n'a jamais été aussi brûlante (c'était facile).

L'urgence est telle face au désastre climatique qui se profile, que le seul moyen de l'empêcher, ou même l'atténuer, serait la contrainte.

C'est l'application de cette funeste thèse que nous propose de lire Thomas Bronnec dans son nouveau thriller de politique-fiction parfaitement huilé.

Alors, la dictature ou la mort ?

La contrainte ici se veut démocratique, puisque l'action se situe après l'élection au suffrage universel direct d'un président qui a fait ses classes sur YouTube. Sorte de gourou sorti de nulle part, Pierre Savidan applique un programme de sobriété drastique : covoiturage obligatoire, limitation de la consommation de viande, mais surtout notation et évaluation de la citoyenneté selon son empreinte carbone, avec des camps de redressement qui ne disent pas leur nom pour les bonnets d'âne.

Si au départ les mesures peuvent paraître de bon sens voire évidentes, on prend vite conscience du glissement progressif vers la dictature dominé par "l'écologiquement correct". Une idéologie évidemment totalement hors des clous des réalités sociales et des aspirations humaines.

Extraits : "On dote de statuts juridiques des rivières et des forêts, mais on laisse crever des jeunes femmes et des bébés."

Une sombre dystopie bluffante de réalisme, comme si toute révolution aussi verte-ueuse soit-elle ne reviendrait en fait qu'à remplacer une caste de dominants par une autre...

À méditer ou à lire dans la toujours excellente Série Noire.
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En 1932 - 1933, un an suffit pour que Martin Schulse devienne un nazi dévoué et livre à la Gestapo la soeur de son associé Max Eisenstein, héros de « Inconnu à cette adresse ».

Un siècle plus tard, en moins de deux mois (mai - juin), Juliette, brillante diplômée de Sciences Po, livre son père Gabriel Cormeray, aux séides du Président Savidan, qui l'achèvent dans un centre de rééducation idéologique, un sinistre PAIRE, où sont internés plus d'un million de citoyens réfractaires à l'écologie, au déclinisme et au génocide de la moitié de l'humanité.

Pierre Savidan élu de justesse Président de la République face au candidat qualifié « d'extrême droite » par les médias, commence son mandat par réduire le traffic aérien, puis routier, avant de réglementer la consommation de viande, mesure qui provoque une levée de boucliers « populistes », prétexte à l'instauration de l'état d'urgence et à la mise en place d'un régime autoritaire, condamné par la quasi totalité des pays européens, mais encensé par la Chine. Réincarnation de Savonarole il définit le bien et le mal et excommunie les pécheurs. Psychopathe il n'écoute personne et n'accepte aucune opposition sous prétexte de « l'avenir de la planète »

Ce coup d'état se fait avec l'assentiment d'une partie du système obéissant à l'autorité (conformément à la célèbre expérience du psychologue Stanley Milgram) et est accepté par la majorité servile de la population. Thomas Bronnec plonge dans les arcanes du pouvoir pour dévoiler les états d'âmes des « grands serviteurs de l'état » et des notables qui décident de rester en poste par adhésion aux thèses écologistes ou sous prétexte de « freiner le pire » … débats qui rappellent les compromissions de la collaboration. Cette analyse des dérives liberticides est un des points forts de cette dystopie dont le second est la description de la folie dans laquelle sombre une partie de la jeunesse diplômée totalement coupée des réalités … les khmers verts succèdent aux gardes rouges maoïstes pour exterminer la moitié de l'humanité sans aucun scrupule !

Dans l'ombre, en profitant d'une justice complice, les ultras éliminent les opposants qui sont au mieux internés dans un PAIRE, au pire victime d'une série « d'accidents », pendant que des manifestations ciblent les maternités et éliminent les nouveaux nés (résurgence de l'hérésie cathare et du massacre des innocents par Hérode).

Un polar à lire, malgré quelques longueurs (dans le seconde partie notamment), sa brutalité, des scènes de sexe aussi inutiles que vulgaires, et l'absence de personnages attachants ou emphatiques.

Collapsus est un roman noir, ou plutôt vert, criant de vérité, gavé d'actualité médiatique, un véritable lanceur d'alerte sur les résurgences des hérésies moyenâgeuses et le gouvernement par la peur qui alterne risques sanitaires, menaces terroristes et alarmes écologiques, pour supprimer d'abord les libertés puis les bouches jugées inutiles.

Merci à Babelio et Gallimard pour cet envoi lors de la dernière Masse Critique qui donne envie de poursuivre la lecture de l'oeuvre de Thomas Bronnec.

Pour rappel : Inconnu à cette adresse
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Du greenwashing au totalitarisme vert, juste quelques pavés de bonnes intentions pour un aller simple vers l'enfer...
Dans un futur très proche qui suit le quinquennat de l'actuel locataire du fauteuil élyséen, un autre OVNI a pu intégrer l'auguste siège grâce au concours mystérieux des algorithmes et autres pouces levés sur les réseaux sociaux.
Influenceur sur YouTube, Pierre Servidan, guru biberonné à la collapsologie et fervent adepte du régime crudivore, devient le neuvième président de la 5e.
Sitôt installé, et face à l'urgence qui décimera l'humanité prochainement, il enchaîne les réformes liberticides.
Scoring écologique individuel assujetti à de lourdes sanctions financières, limitation drastique des déplacements, politique de limitation des naissances, réduction de la consommation de viande...
Faute d'empêcher les vaches de péter tout leur saoul, il impose une camisole de plus en plus serrée au peuple de France qui se divise avec passion.
Quand des tirs à balles réelles fauchent des manifestants et qu'apparaissent des centres de rééducation et de détention, il est clair que la démocratie s'est perdue dans les nuages carbonés de nos cieux exsangues.
C'est un livre glaçant. C'est un livre qui puise dans la fine connaissance qu'a Thomas Bronnec de la haute fonction publique et des coulisses politiques une force de frappe démoniaque.
Force de frappe qui, pourtant, surprendra à peine après les injonctions délirantes des mois passés. Rappelons nous les plages dynamiques, les auto-attestations pour sortir Brutus, les injonctions du boire assis, pisser debout, et autres couvre-feu virucides...
En poussant les curseurs un poil plus loin, Thomas Bronnec nous livre une dystopie qui fleure bon le vécu.
Qu'ils sont fragiles les contres pouvoirs, qu'elles sont corrompables nos institutions !
Notre 5e République peut s'avérer être un boulevard pour toute autocratie qui se rêverait...
Sans prendre parti, l'auteur entraîne allègrement son lecteur dans le rêve d'un monde "tout beau tout propre" et quasiment débarrassé de cette engeance malsaine qu'est l'humanité.
Loin de moi l'idée de nier les réalités terrifiantes de perte de biodiversité ou de régression du vivant, mais j'ai trouvé ce texte jubilatoire dans la critique des dérives possibles. Non ce ne sera jamais en limitant les liberté ou en stigmatisant les uns ou les autres que nous sauverons peut-être la planète d'un épuisement déjà largement consommé. de cela au moins je suis certaine, et je recommande cette lecture stimulante à tous ceux que la période passée a glacé d'effroi et qui s'interrogent encore aujourd'hui sur les étranges chemins pris par nos édiles.
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J'adore les scénarios de politique-fiction de Thomas Bronnec et je n'ai absolument pas été déçue. Dévoré en un week-end dès sa sortie. C'est terriblement actuel et très dérangeant. Comme d'habitude, l'auteur - journaliste - joue avec subtilité de sa fine connaissance de la politique et de ses réseaux ; sa matière est faite de l'information telle qu'elle nous est livrée au fil des jours mais il la malaxe, la triture, la façonne pour nous en concocter une version légèrement dystopique qui semble plus réelle que la réalité. Et là, ça fout un peu les chocottes.

A la suite d'un concours de circonstances pas forcément prévisible, Pierre Savidan a été élu Président de la République trois ans auparavant. Personnage sulfureux, sorte de gourou écologiste au passé trouble, il a mis en place des mesures drastiques en faveur de l'environnement dont l'outil principal est un système de scoring qui évalue les comportements de chaque individu avec un principe de bonus et de malus. Autour de lui, les positions radicales de certains réclament d'amplifier le mouvement ce qui favorise l'émergence de conflits de plus en plus violents face à ceux qui tentent de résister et dénoncent les privations de liberté. Les scènes d'ouverture du roman sont très parlantes voire choquantes, on est tout de suite dans le bain. Les esprits s'échauffent et les luttes d'influence s'intensifient à l'intérieur même du cénacle politique tandis que le président d'un grand groupe alimentaire, archétype de l'exemple combattu par les tenants d'actions radicales, devient le symbole de la résistance.

Le sentiment de malaise distillé au fil des pages vient du fait que les ingrédients nous sont familiers. Des centres de rééducation ? Il suffit de regarder l'histoire des dictatures. le danger de la stigmatisation qui nourrit les haines et débouche sur la violence ? On en voit tous les jours. Thomas Bronnec brosse parfaitement la solitude du pouvoir, les jeux politiques, la perversion de certaines influences, la tentation de l'abus de pouvoir et la folie qui n'est jamais bien loin. Il pousse les curseurs, jongle avec les questions qui sous-tendent les débats autour des enjeux climatiques : peut-on mener (imposer ?) le changement sans violence ? Faire le bien des individus malgré eux et forcer leur degré d'acceptation ? L'intrigue est en permanence sur un fil et c'est en cela que le livre est réussi : on est saisi par la révélation de la fragilité des remparts institutionnels que l'on pense inébranlables, et surtout par l'idée que ce type de concours de circonstance électoral est tout à fait possible quelle qu'en soit la couleur politique.

J'ai particulièrement apprécié le traitement des personnages féminins qui sont ici déclinés dans toute une palette de caractères, de statuts, de fonctions et d'humeurs ce qui n'est pas si fréquent, et font tout sauf de la figuration. Résultat : un roman très réussi, une lecture hyper addictive mais pas hyper rassurante. Raison de plus pour s'y intéresser.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Thomas Bronnec est un journaliste et écrivain qui connaît bien la politique, au point d'en faire le centre de ses romans. Avec l'image que nous en donnent les médias, ce sujet ne m'attirait pas spécialement. Mais en m'ouvrant les portes, cet auteur a su me passionner pour ces jeux de pouvoir. J'ai lu deux volumes de sa précédente trilogie et j'ai adoré.

Dans ce nouveau roman, il nous propose une dystopie dans laquelle l'écologie tient un rôle prédominant. Les désastres naturels créés par l'Homme conduisent le pays à élire un fervent défenseur de la planète aux commandes des institutions. Ce président tente de tout révolutionner. Seulement, pour être vraiment efficace, il doit mettre en place des décisions draconiennes qui compromettent la liberté individuelle. La question est alors posée : « Serons-nous capables de sacrifier des acquis et mêmes des êtres afin de sauver l'humanité ? ».

Dans cette histoire, l'auteur démontre que toute idée extrême peut entraîner une catastrophe. L'Homme est incontrôlable par nature, surtout lorsqu'il agit pour ses convictions. Mais on comprend surtout en sous texte, qu'il est peut-être trop tard pour stopper la marche en avant engagée depuis des décennies et que les vraies solutions ne sont plus envisageables.

Thomas Bronnec connait les coulisses du monde politique et grâce à son talent de vulgarisation, on entre dans les arcanes du système gouvernant. Cette fois-ci, il a poussé le curseur assez loin dans les situations et dans les personnages pour marquer les esprits. J'ai pris un grand plaisir à pénétrer dans ce jeu de dupes où se mêlent manipulations, mensonges et traitrises. Il a réussi à extraire de ce monde opaque un thriller haletant, sans concession.

Ajustez votre tailleur, serrez votre cravate, cirer vos chaussures, préparez vos promesses et pénétrez dans cet univers impitoyable ! Vous allez vous régaler !
Lien : https://youtu.be/NNRogAzd1mw
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Coup de Coeur 2023 du comité de lecture et d'analyse polar des bibliothéque de la ville de Paris.
Devenu président de la République, Pierre Savidan, leader des écologistes, enchaîne les mesures impopulaires pour faire face à l'urgence climatique. Il a notamment créé des centres de rééducation idéologique où sont envoyés les citoyens les moins écologiques. Fanny Roussel, une de ses collaboratrices, le pousse à aller plus loin tandis que Lisa Viansson l'invite à considérer la colère du peuple.
Voilà ce qu'on dit Véra de la bibliothèque Valeyre
Déjà auteur d'une trilogie sur le pouvoir politique et les élites face au pouvoir, Thomas Bronnec nous plonge à nouveau dans un roman de politique-fiction. le récit est poussé si loin qu'il en glace le sang mais il a le mérite de poser la question de la limite fragile de nos démocraties, sur lesquelles il faut garder un oeil. Les magouilles des politiciens et de leurs communicants sont déjà de bien trop fidèles reflets de notre société réelle. Roman où l'humanité n'est pas forcément là où on le croit…

Lien : https://collectifpolar.blog/..
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La dictature écologique est la nouvelle dystopie à la mode. L'opposition entre la préservation de la planète et les libertés individuelles est le nouveau sujet de débat médiatique, souvent abordé par l'angle d'attaque le plus nul possible : les plats végétariens à la cantine ou les vélos dans Paris.

Thomas Bronnec ne fait vraiment pas mieux que nos chers journalistes de C8 et de BFM lorsqu'il s'agit d'écrire un roman politique, proposant la naissance d'un régime autoritaire sur fond de lutte contre le réchauffement climatique. La réflexion philosophique aurait pu être intéressante, passionnante même, si l'auteur maîtrisait seulement le sujet – et la langue française par la même occasion.

Tout d'abord, revenons aux bases de la construction d'un roman, que Thomas Bronnec semble avoir tout simplement oublié.
Le cadre spatio-temporel : QUAND cela se passe-t-il ? Immense question, à laquelle nous n'aurons aucune réponse précise si ce n'est celle contenue dans les Notes de l'Auteur à la fin de livre : « le roman se déroule dans un futur plus ou moins proche, à une date que j'ai volontairement laissée floue".
Si j'en crois les références aux attentats de Charlie Hebdo, aux « boomers », à Instagram et à Pierre Rahbi , on se situe dans un futur extrêmement proche. J'ai alors des centaines de questions qui me viennent auxquelles je n'ai aucune réponse :

- Que font les associations environnementales ? Il me semble que Greenpeace, les Amis de la Terre et l'ensemble des militants écologistes auraient leur part à jouer d'une manière ou d'une autre. Ils sont aujourd'hui les représentants les plus actifs de cette cause. Ils seraient soit soutien de Pierre Savidan, soit des opposants. Leurs actions ne sont pas mentionnées. Enorme manque nuisant à la crédibilité du roman.
- Où sont les scientifiques ? Donnent-ils des conseils au Président pour lutter contre le réchauffement climatique ? Quel diagnostic pose le GIEC sur les mesures préconisées ? Là encore, ils doivent être mentionnés, d'une manière ou d'une autre.
- Et surtout…Que font les autres pays du monde, particulièrement l'Union Européenne ? Ils sont mentionnés brièvement sans que leurs actions n'impactent fortement les décisions prises. Lorsque l'on sait les accords commerciaux et les traités juridiques qui nous lient à l'UE et aux autres pays, oublier la mondialisation dans ce roman me semble si ce n'est flemmard, stupide. D'autant plus que, pour la préservation de la planète, c'est plutôt une chouette idée que de s'allier à d'autres Etats.
- Où sont les hommes politiques et les médias que nous connaissons ? Je veux bien être dans un roman et avoir affaire à des personnages fictifs. Mais lorsque l'on parle politique française actuelle, on ne peut me citer que des noms inexistants.

Si l'on se trouve dans un futur plus lointain, alors l'incohérence n'est plus à démontrer. Les anachronismes seraient multiples. Par ailleurs, les conditions environnementales seraient beaucoup plus graves : coupure d'eau, sécheresse et effets sur l'agriculture, réfugiés climatiques, déplacements de population, guerres engendrées par ces phénomènes, disparition massive de certaines espèces, montée des eaux… Bref toutes les joyeuses catastrophes que les scientifiques nous promettent. Dans ce cas-là, le récit aurait dû être tout autre, les changements de comportement étant induits par une réalité environnementale davantage que politique.

Bref, Thomas Bronnec ne mentionne que ce qui l'arrange et fait ainsi des oublis nuisant fondamentalement à la cohérence de son récit.

Cet amateurisme de l'écrivain se retrouve au sein du programme de Pierre Savidan. Je serai plus tolérante car ce personnage est davantage présenté comme un marginal un peu illuminé. Mais tout de même, attardons-nous là-dessus 5 min. Je ne comprends pas du tout sa politique. Il propose une loi sur le covoiturage mais le développement des transports en commun ou du télétravail n'est pas mentionné. Il semble développer l'électrique sans que l'on entende parler des éoliennes, de l'hydrogène ou des énergies solaires. Il n'est pas mentionné les actions suivantes, pourtant fer de lance de l'écologie : isolation et rénovation des logements et réduction des consommations d'énergie, suppression totale du plastique, développement d'une agriculture plus durable… Bref, des éléments essentiels qui sont tout simplement relégués à la poubelle , recyclable ou non, on ne sait pas. le personnage, par ailleurs, est d'une contradiction flagrante : il mange du chocolat et fuit en hélicoptère !

Enfin, je terminerais ma critique assez véhémente, en abordant le sujet de l'écriture. Je n'ai que très rarement lu un livre si mal écrit. La grammaire est autant malmenée que la finesse de réflexion. Les personnages sont toujours cités par leur prénom et nom de famille, ce qui est d'une lourdeur peu commune. Et je ne m'attarde pas sur les rapports homme/femme, qui conviendraient davantage à un passé lointain qu'à un futur proche.

Pour résumé, l'intention est bonne mais le résultat est d'une médiocrité triste . Il s'agit là d'un sujet beaucoup trop sérieux pour qu'il soit abordé d'une manière aussi peu rigoureuse.
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Thomas Bronnec, né à Brest, est journaliste. Il a vécu au Vietnam et y a réalisé de nombreux reportages dont il s'inspirera pour écrire un premier roman policier, publié en 2012. Il est aussi l'auteur d'enquêtes et de documentaires pour la télévision. Collapsus son nouveau roman vient de paraître.
En France, demain ou aujourd'hui. A la surprise générale, Pierre Savidan, gourou écologiste dans son Finistère natal, s'est fait élire Président de la république en surfant sur la vague populiste. Immédiatement il lance un programme de mesures drastiques pour enrayer le réchauffement climatique. Instauration d'un « scoring écologiste individuel » où chacun se voit attribuer un nombre de points pour ses actions non respectueuses du climat, au-delà d'un certain seuil on est envoyé dans un camp de redressement ; limitation des voyages en avion, loi sur la commercialisation de la viande, limitation des naissances, etc. A ses côtés, dans l'ombre, Fanny Roussel, ex-alcoolique handicapée et ex-maîtresse du président, son âme damnée, l'exécutrice de basses oeuvres ne reculant devant rien. Elu pour son écologisme assumé, ses méthodes autoritaires le muent en dictateur et la fronde parmi les défenseurs de la liberté et des règles constitutionnelles commence à gronder en dépit des morts suspectes dans leurs rangs…
Un excellent roman car très dérangeant.
Je n'entre pas trop dans le détail de l'intrigue, l'enthousiasme des uns pour ce programme, la levée de boucliers des autres face à cette atteinte aux libertés individuelles, les sanctions qui tombent et freinent les ardeurs, les lâchetés et compromis, les dissentions familiales, l'attitude des journalistes et celle des grands corps de l'Etat (Conseil constitutionnel etc.), les vengeances permises aux nouveaux hommes/femmes forts du régime… Des scènes de sexe explicites m'ont paru bien racoleuses.
Venons-en à l'essentiel. Comme l'indique le titre du bouquin, il s'agit d'envisager les conséquences de la collapsologie : « la théorie de l'effondrement global et systémique de la civilisation industrielle, considéré comme inéluctable à plus ou moins brève échéance. » Si on accepte ce postulat, seules des mesures drastiques pourraient éventuellement freiner le processus et c'est ce que fait Savidan. Mais qui dit mesures drastiques, implique restrictions des libertés, « état d'urgence climatique ». D'où la question qui nous est posée : Faut-il laisser l'humanité disparaître, en restant libres, ou en sacrifier la moitié et nos libertés, pour en sauver une partie ? Vous avez peu de temps pour rédiger votre devoir…
Dérangeant donc, mais aussi agaçant, Savidan ressemble à certains hommes politiques que nous connaissons en France comme à l'étranger, mais il n'est jamais l'un exclusivement. le lecteur, en fonction de sa sensibilité politique lui trouvera son alias.
Un roman qui met en évidences les contradictions soulevées par le défit écologique immense face au réchauffement climatique ; on s'y croirait, pour le meilleur ou plus certainement pour le pire. Un bouquin beaucoup plus angoissant qu'un thriller avec un serial killer bien allumé, car l'écrivain ne tombe pas dans le manichéisme simplet, les mauvais et les bons ont parfois un peu de l'autre selon les situations.
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Dès la 4ème de couverture, j'ai été happée par le sujet d'actualité de ce roman. En effet, enseignante, je travaille sur cette thématique depuis plus de 20 ans et tente de sensibiliser les jeunes, de les soutenir et de les former. Une thématique passionnante et essentielle dans notre monde en « multi » crise, qui nous divertit (quel suspense), tout en nous faisant réfléchir sur notre avenir, car, nous le savons, nous allons devoir nous adapter, faire des efforts et évoluer si nous voulons protéger notre planète. Un récit qui, sous couvert de fiction, nous pousse dans nos retranchements, nous ouvre les yeux et nous offre une réflexion poussée sur les dangers du « grand effondrement » pour reprendre les mots de Yves Cochet, ancien ministre et membre des Verts puis d'Europe Écologie. Un texte utile, à lire et à faire découvrir car toute réflexion sur ce sujet brûlant est précieuse. Merci à l'auteur !
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Les chiffres les plus sérieux informent qu'il y a 9 millions de morts par an sur la planète dues à la pollution. Encre et salive sur ce qui est plus qu'un risque coulent jusqu'à tout inonder, sans atteindre en fait le niveau des actions.
Un roman de plus prend le risque de n'être qu'un roman de plus. Il faudrait qu'il apporte ou l'humour nécessaire où le suspense qui n'empêche pas la réflexion.
Thomas Bronnec écrit en connaisseur des arcanes du pouvoir et bons nombres de discours et intrigues en coulisses sont crédibles.
Et dans ce roman où les mesures gouvernementales ont des allures de démesure, où la capitale et le capital ne savent plus où donner de la tête, même s'il y a peu de place pour le bons sens, on n'est pas loin du réalisme d'un dérapage vraisemblable. Et comme les propos de certains hauts responsables d'aujourd'hui dénotent un certain manque de maîtrise de soi on peut craindre que nous ne soyons pas si loin d'un jour où, encore plus loin que ces écocides perpétrés en toute impunité, ne se produise une bascule digne de l'apprenti sorcier.
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