Elle devait prendre son courage à deux mains et s'adresser aux fantômes. Elle monta les marches. A cet instant, Léon et Loraine apparurent. Elle respira mieux, même si elle doutait que ces enfants soient en mesure de la défendre s'il arrivait quelque chose.
Tamara prit une grande inspiration. Elle avait peur du doudou, mais elle avait trop envie de savoir... Elle ne pouvait pas s'en empêcher, comme si le "consulter" avait quelque chose de vital.
Tess n'entendait plus que des cris de détresse qui lui parvenaient assourdis, des appels à l'aide, les gifles de l'eau sur la coque. Puis une chaloupe pleine de passagers descendit le long de la coque gémissante et, là... le bateau se renversa, emportant la chaloupe dans ses remous.
- Ce Thomas est quand même un sale type.
- Il faut de replacer dans l'esprit du temps, modéra Gabin. Les enfants APPARTENAIENT à leurs parents, qui pouvaient les maltraiter sans que quiconque songe à intervenir. Sans parler des Grecs, chez qui le père avait carrément droit de vie et de mort sur ses enfants. S'il décidait de les abandonner dans la rue ou ne pleine campagne, ça ne regardait personne. Et rappelle-toi : dans la Bible, Abraham est prêt à sacrifier son fils pour obéir à Dieu, il n'est même pas question de demander son avis au fils. Les enfants sont un "biens" appartenant au père.
Tess traduisit :
- Tu veux dire qu'on ne doit pas juger des évènements d'une époque à partir de la mentalité d'une autre ?
- Ce serait aussi anachronique que de faire un concours de vitesse entre un scribe qui écrit à la plume d'oie et toi qui met un message sur ton portable...
Le temps était l'allié de la mort.