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EAN : 9782955871041
312 pages
PRESSE FEDERALISTE (01/10/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
Albert Camus a été l’un des auteurs parmi les plus significatifs et originaux du vingtième siècle. Célèbre surtout pour ses romans, il fut longtemps oublié en tant qu’intellectuel critique et militant sans parti. C’est seulement maintenant que sa figure est pleinement sortie du cône d’ombre où elle était reléguée, celui de la polémique avec Sartre, que les essais et les interventions politiques de Camus, lus sans les lentilles des idéologies, sont évalués pour ce qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je commence la lecture d'un livre d'Alessandro Bresolin publié aux Editions Fédéralistes et intitulé : "Albert Camus:l'union des différences". J'ai commencé par la préface d'Agnès Spiquel, grande spécialiste de Camus dont je voudrai vous donner un extrait. On sait que Camus aurait souhaité pour l'Algérie une troisième voie et , notamment il a soutenu un projet fédéraliste. Voici ce qu'écrit Agnès Spiquel:
"On sourira et on criera à l'utopie comme, dans les années 1950 ,on a crié à l'aveuglement devant les tentatives courageuses des Libéraux qui, avec Camus, ont tenté de promouvoir une Algérie libérée de la colonisation mais plurielle et conservant un lien avec la France dans le respect et "l'union des différences". La troisième voie, qu'ils ont tenté de frayer entre les solutions de plus en plus extrêmes auxquelles recouraient les nationalistes et les colonialistes, n'était pas celle d'un juste milieu confortable pour la conscience-mais bien un choix résolu pour la liberté et pour la justice.LEUR ÉCHEC HISTORIQUE N'INVALIDE PAS LEURS CONVICTIONS POLITIQUES."
Pour le reste l'ouvrage contient une première partie consacrée à la question algérienne et à la position de Camus dans cette période cruciale qui va des années 30 à la fin de la guerre en 1945. Cette partie est une analyse très complète de la position ,notamment des algériens dont la plupart des partis ne souhaitaient pas , à l'époque, se séparer de la France mais voulaient une égalité de traitement.On suit l'activité importante de Camus à cette époque d'abord dans le cadre de son adhésion au parti communiste puis lorsqu'il en fut exclu. C'est l'époque où il se met au théâtre qu'il pense être un excellent moyen d'éducation populaire.
Un passage de cet ouvrage est également très intéressant lorsqu'il montre que les partis musulmans en Algérie ne se sont pas laissé prendre par les sirènes du régime de Vichy qui pensait les attirer à lui et a sa politique par son antisémitisme et par l'abolition du décret Cremieux. (p.84 et s) Ces partis furent loyaux à la France et à ses valeurs et cela explique leur profonde déception après la guerre.
L'auteur s'attache ensuite a montrer l'attachement que Camus avait pour l'Espagne dont il aimait les paysages, le caractère des espagnols qui ressemblait a ce qu'il était et son attitude politique à l'égard de la guerre civile. Il lutta toute sa vie contre le franquisme et eut honte de l'attitude de la France et de l'Europe face à Franco.
J'ai beaucoup apprécié ,aussi, la partie consacrée aux relations de Camus avec l'Italie et, notamment cette analyse de la réception du fascisme si différente dans un pays comme l'Allemagne et en Italie , ce qui confirme à Camus l'idée que dans les pays méditerranéens "la doctrine recule devant le pays" (p.114)
Et enfin l'auteur et c'est l'objet de son étude étudie les conceptions fédéralistes de Camus qui ont échoué, notamment en Algérie, entraînant le pays vers un nationalisme étroit et borné.
Au détour de cette étude on rencontre le poète Jean Senac (si injuste à l'égard de Camus ) et Assia Djebar qui, évoquant son appel pour une trêve civile écrit ceci;" Il est possible que ne se représente personne, dans le sillage de l'émouvant Camus de janvier 1956, qu'on ne trouve personne aujourd'hui, capable de prononcer, au milieu de l'arène, des mots semblables, d'une puissance qu'on espère supporter pour une dernière fois."
Et le livre contient aussi, à la fin, un entretien avec Catherine Camus devenu la gestionnaire de l'oeuvre de son père et qui parle notamment du projet de faire entrer Camus au Panthéon.
Au total un livre plein d'enseignements, riche d'analyse de l'oeuvre et des conceptions politiques de Camus.
Lien : https://jpryf-actualitsvoyag..
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Alessandro Bresolin a construit son livre comme une sorte de biographie thématique , à la fois historique et politique, il raconte les rencontres du futur Prix Nobel, ses amitiés, il livre une analyse personnelle de certains extraits de l'oeuvre camusienne mettant en exergue son engagement intellectuel sur la politique de l'Union soviétique, le franquisme, la situation en Algérie...
Le livre se clôture par un interview amicale avec Catherine Camus, laquelle se confie avec émotion, simplicité, franchise.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation

Préface d’Agnès Spiquel
Société des Études Camusiennes

« Empêcher que le monde ne se défasse » : l'ardente nécessité dont parlait Camus dans son Discours de Stockholm est plus vive encore aujourd'hui ; et, dans cette vigilance active, la responsabilité des intellectuels est immense. Pour les aider dans cette tâche, ils peuvent se référer à leurs aînés – non pour y trouver des réponses toutes faites, mais pour voir comment ils ont fait, eux, pour penser leur siècle.
Alessandro Bresolin se tourne vers Camus qui eut à affronter l'Histoire de terreur et de sang qui fut celle du XXe siècle. Il ne l'érige pas en professeur de morale politique ; mais il cherche – patiemment – à voir comment la pensée et l'éthique politiques de Camus se sont formées, au contact des événements et d'un réel dont il a toujours refusé de détourner sa conscience, son intelligence et sa sensibilité.
A. Bresolin met son enquête sous le signe d'une pensée fédéraliste à laquelle il adhère depuis longtemps et dont il va chercher les marques dans Camus lui-même : « union des différences » est d'ailleurs la définition que celui-ci donne de la fédération dans Chroniques algériennes, en philosophe qui sait la différence entre totalité et unité, la seconde permettant seule le respect des différences. Ce livre constitue ainsi une bonne initiation au fédéralisme, dans son lien avec la tradition libertaire ; grâce à une documentation fouillée, et bien maîtrisée, il éclaire des pans entiers de l'Histoire ; il retrace le parcours de la pensée fédéraliste, différencie « anarchiste » et « libertaire ». Entre Italie, Espagne, France et Algérie, il dessine le berceau privilégié d'une idéologie méditerranéenne où, avec les traits et difficultés spécifiques à chaque pays, s'épanouit une tradition de liberté dans le refus des centralismes et des verticalités ; c'est à l'aune de cette tradition qu'est relue par exemple la lutte de Messali Hadj contre le colonialisme (et contre le FLN pendant la guerre d'Algérie).
Ces mises au point se font, tout naturellement, dans le suivi pas à pas de la « formation » de Camus : par exemple ses engagements dans l'Algérie des années 1930; ses points de rencontre avec Ferhat Abbas ou sa proximité avec Messali Hadj ; l'influence déterminante d'un homme comme Robert-Édouard Charlier ; ses rencontres et son amitié avec Chiaromonte ou avec Silone. Camus n'apprend pas le fédéralisme dans les livres ; il le découvre à travers des hommes – surtout à ce carrefour essentiel de la guerre qui, dans le brassage forcé des intellectuels, a permis les rencontres où les convergences ont affermi les convictions : la pensée fédéraliste vient renforcer les préventions de Camus contre les nationalismes et préciser son désir d'Europe. Il est fascinant de le voir apprendre peu à peu l'Europe et fonder la pensée politique qui sous-tendra ses articles de Combat puis ses textes et interventions devant la montée de la guerre froide ; qui soutiendra aussi son implication dans les Groupes de liaison internationale.
L'éclairage fédéraliste jette également une autre lumière sur L'Homme révolté ; on pouvait s'y
attendre depuis que plusieurs travaux de ces dernières décennies ont mis l'accent sur les convergences
profondes de Camus avec la pensée libertaire et sur l'abondance de ses publications dans les organes de ce courant. Ce même éclairage est également probant pour une relecture de Chroniques algériennes : sur son versant politique, « Misère de la Kabylie » propose une évolution fédérale de la province, à partir de son organisation communale traditionnelle ; et on comprend mieux ce qui sous-tend la référence, souvent moquée, aux propositions de Lauriol dans « Algérie 1958 ». Se dessine ainsi, chez Camus comme chez les fédéralistes italiens avec lesquels il est en lien et qui tentent eux aussi de penser une issue pour l'Algérie, un schéma de fédération à la fois internet et externe, pour l'Algérie comme pour la France : une Algérie nouvelle, pluri-ethnique et pluri-religieuse, pourrait être bâtie comme une fédération elle-même fédérée à la France et à la fédération européenne, puis à une fédération eurafricaine, avant d'en arriver à la fédération mondiale.
On sourira et on criera à l'utopie comme, dans les années 1950, on a crié à l'aveuglement devant les tentatives courageuses de ces Libéraux qui, avec Camus, ont tenté de promouvoir une Algérie libérée de la colonisation mais plurielle et conservant un lien avec la France dans le respect et « l'union des différences ». La troisième voie, qu'ils ont tenté de frayer entre les solutions de plus en plus extrêmes auxquelles recouraient les nationalistes et les colonialistes, n'était pas celle d'un juste
milieu confortable pour la conscience – mais bien un choix résolu pour la liberté et pour la justice. Leur échec historique n'invalide pas leurs convictions politiques.
Camus voyait dans le nationalisme le terreau des totalitarismes de toutes espèces ; le monde actuelle confirme à l'envi. Ce livre est donc éminemment utile ; d'autant qu'il montre comment une pensée politique s'élabore peu à peu au contact, souvent rugueux, de l'expérience – celle-ci étant sans cesse passée au creuset d'une brûlante exigence, indissolublement politique et éthique
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Au cours des dernières vingt années il est fréquent de lire ou d'entendre que la pensée d'Albert Camus es actuelle. Ce n'était pas ainsi quand il était encore en vie, et longtemps après sa mort il n'en a pas été de même.
Mais soutenir que son message est actuel peut être trompeur, si l'on réduit Camus à un moraliste solitaire ou à un critique des dérives du marxisme et des régimes de l'Est (...) Camus était de ceux qui interrogent et parlent directement à l'homme. Aujourd'hui, c'est pour cela que nous continuons à nous questionner sur le sens de son message, qui met profondément en discussion la société française et occidentale dans laquelle elle vivait.
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L'Espagne restera pour lui (Camus) une obsession jamais satisfaite du moment que, sauf à l'occasion de son voyage aux Baléares en 1935, il se refusa toujours de la visiter, et ce à partir de 1939 c'est-à-dire depuis que Franco avait pris le pouvoir, pour ne pas cautionner la dictature. Il se sentait donc un exilé de l'Histoire dans un pays , la France, qui l'avait forgé en tant qu'homme sans jamais faire se sentir pleinement chez lui, un autre paradoxe espagnol à Don Quichotte qui "depuis trois siècles n'a pas cessé lui aussi d'être exilé parmi nous. "
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