Je ne sais pas à quoi je m'attendais en lisant les «
Chroniques martiennes » mais pas à cet OLNI, cette espèce de créature de Frankenstein littéraire.
Il y a un thème commun : la vie sur mars ; et un ensemble de textes, pas forcément des nouvelles, qui s'y rattachent.
Le début surtout est très décousu, on passe d'une planète habitée par une civilisation martienne florissante, à des villes mortes depuis des millénaires, à une population martienne décimée entièrement (probablement à cause d'un virus humain), à une poignée de survivants, pour à nouveau considérer que tous les Martiens sont morts.
Les premières nouvelles font dans l'humour (très) absurde, humour auquel je suis peu sensible.
Ensuite, les textes s'assemblent avec plus de logiques et certains récits montrent beaucoup de soin et de profondeur. Notamment « Usher II », la meilleure selon moi, et « le pique-nique d'un million d'année », la dernière.
Bradbury est un homme de son temps, dirons-nous, et considère les femmes comme des ménagères obsédées par leur apparence et incapables de se débrouiller seule. À cet égard « Les villes muettes » est le summum du sexisme.
En revanche, quand Bradbury montre les défauts de l'humanité, il se montre un peu plus subtil. On voit, à travers les textes, une humanité incapable de laisser derrière elle ses erreurs et ses errements, de se renouveler, et toujours prompte à la violence. On y lit aussi une modernité fragile et destructrice, qui ne peut durer dans le temps, ou, quand elle dure, comme dans « Il viendra des pluies douces », c'est de façon absurde et inutile. Comme l'écrit Bradbury lui-même : « ils ont déraillé, en voulant perfectionner les machines et pas la façon de les faire marcher ».
Le dernier tiers du recueil était meilleur que le reste, mais pour un livre culte, je suis déçue.