Schumann, ce nom illustre, a deux visages : Robert et Clara. Ou plutôt Clara et Robert. Car, fait exceptionnel pour le XIXe siècle, Robert n'était alors connu que pour être "le mari de sa femme", reconnue pour être une virtuose, au même titre que Paganini.
Comme pour tout artiste romantique qui se respecte, la vie des
Schumann brilla par son parcours particulièrement accidenté, alternant moments de joie intense à ceux marqués par les plus sombres déboires.
Robert, poète et compositeur, se veut créateur d'un langage lyrique qui passait par les sons. Clara, également compositrice mais connue en son temps pour sa virtuosité pianistique, contribuant grandement à faire connaître les oeuvres de son mari en les interprétants lors de ses concerts.
Un couple soudé par la musique, qui s'est formé envers et contre Wieck, le père possessif de Clara, qui ne voulait pas laisser son "chef-d'oeuvre" à l'instable
Schumann. Constatant les incroyables dispositions de sa fille, très tôt Wieck se décida à faire de Clara ce que Léopold Mozart avait fait du petit Wolfgang : un prodige musical. Et de fait, son phénomène pianistique partait en tournée dans la haute société européenne, où elle récoltait les lauriers, ceux de
Goethe entre autres.
Robert, qui rencontra la jeune fille âgée de 9 ans lors de l'un de ses concerts, ne devait plus jamais se séparer d'elle. Il s'installe en effet chez les Wieck pour suivre les leçons de piano du redoutable père qui, au départ, admire le génie sommeillant du jeune homme.
Mais déçu par sa maîtrise technique du piano, Robert, la première euphorie passée, sombre à nouveau dans la dépression.
Quelle folie le poussa alors à installer un système de poulies pour aguerrir ses doigts et devenir aussi virtuose que Clara ? le mécanisme, pour le moins douteux, agitait sa main comme le marionnettiste ses pantins. Cette expérience ne lui causa pas autre chose qu'une paralysie de la main droite ! Il ne sera donc jamais virtuose. Ce qui doit, au fond, secrètement l'arranger : il n'aura pas à rivaliser avec sa femme. Il se tourne alors vers la composition, au moment où Clara cesse cette activité. Jeux de miroirs inversés, les
Schumann ?
Cet accident le démoralisa et l'impossibilité d'épouser Clara face au refus obstiné de Wieck achevèrent de le décourager. Un désarroi qui le poursuivait depuis toujours. Phénomène sans doute accentué par la perte d'êtres chers qui disparurent prématurément, comme l'une de ses soeurs qui se suicida alors qu'elle était en proie à une crise de démence. Cette folie s'avérerait donc être un incontestable héritage génétique.
Caractère instable qui n'était pas pour rassurer le père de Clara. Il faudra attendre la conclusion d'un procès en 1840 pour que les deux jeunes gens obtiennent l'autorisation nécessaire à leur mariage. Leur vie maritale se déroulera sans nuages, jusqu'à ce que la folie n'emporte définitivement Robert en 1856.
Ils comptent parmi leurs amis les grands noms de l'époque : Liszt, Mendelssohn et le violoniste Joachim. L'émulation et l'entraide durera jusqu'à la mort de
Schumann, et même après.
Comme toujours dans cette collection des éditions du Seuil, une étude musicologique accompagne la biographie du compositeur. J'ai trouvé celle de
Schumann moins fournie que celle de Vivaldi. le point qui m'a semblé intéressant est l'explication des motifs musicaux en regard des évènements biographiques de
Schumann, et surtout en relation avec Clara, jonglant entre déclaration d'amour et déclaration de désespoir.
Un livre abordable pour découvrir
Schumann !