Le sociologue québécois
Gérard Bouchard a été engagé il y a une dizaine d'années par l'UE pour enquêter sur les raisons pour lesquelles il n'y a pas vraiment "d'identitée européenne", et comment pallier à ce problème.
Pour lui, le problème se présente ainsi : l'Europe, en tant qu'entité politique, n'a pour projets que des politiques économiques et bureaucratiques. Rien qui ne fasse rêver. Rien qui ne rende fier. Rien qui ne puisse constituer une identité, qui pousserait quelqu'un à se dire "Européen".
L'oeuvre de Bouchard se concentre habituellement sur les "mythes" et leurs valeurs fondationelles pour les nations et leurs habitants. L'Europe n'est pas exempte de mythes. L'Histoire nationale de la plupart des pays européens est commune. Elle commence avec les Grecs, se poursuit avec les Romains avant de se lancer dans un moyen âge qui devient graduellement propre à chacun.
Même les vikings prétendaient que leurs ancêtres venaient de Troie.
Et les Grecs dans ces histoires représentent l'émergence de la raison. Les Romains, celle de la raison d'État. C'est le mythe fondateur de l'Europe. Même les crimes contre l'humanité de l'Europe ont été commis au nom de la raison la plus dénudée de rationalité.
C'est où l'Europe devrait tabler, selon
Gérard Bouchard. L'Europe, garante de la raison face au zèle américain, au va-t-en-guerre russe, à l'autoritarisme chinois.
(Parenthèse quasi hors sujet mais : c'est le truc qui m'avait fasciné dans le FAUST de
Serge Lehman. Cette vision d'une Europe comme dernier bastion de la raison et de la modération dans un monde cyberpunk globalisé et ultra-capitaliste.)