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sur 689 notes
Un petit livre par la taille, 190 pages en format poche, deux heures de lectures, pour un dépaysement assuré.
Un premier chapitre qui raconte une histoire extraordinaire sur la mort du capitaine Morgan, un flibustier de la grande époque des gentilshommes de fortune. Raconté dans le plus pur style de la nouvelle.
Nous savons maintenant qu'il y a un trésor quelque part, non loin de cette exploitation agricole d'une île des Caraïbes.
Trois siècles plus tard, l'auteur nous plonge à travers l'histoire de trois générations de ces exploitants, la famille Otero. Surtout les filles.
Serena Otero cherche son propre trésor, l'amour avec un grand A, mais cette recherche sera difficile ; Elle croisera Severo Bracamonte qui recherche l'or et les pierres précieuses de Morgan et qui réussit avec Serena de lancer la plantation de rhum dans la modernité du XXe siècle.
Serena sauvera une jeune enfant des flammes et la nommera Eva Fuego, dont le destin à la fois grandiose et tragique épousera celui de son propre pays et constituera la deuxième moitié du livre, la plus réussie à mon avis !
Quant au trésor ! Et bien, il est là. On le découvre à un moment donné du roman mais il n'est qu'un prétexte.
Miguel Bonnefoy, en vérité, raconte par ce court roman, par cette fable, ce conte, les mirages, les bénédictions et les maléfices qu'un trésor peut apporter au peuple qui le découvre. Cette fable se rapporte à son propre pays le Venezuela et le trésor c'est l'or noir, le pétrole qui apporte bénédiction et malédiction à sa patrie et à son peuple.
Comme c'est un conte, l'auteur va donc à l'essentiel. Pas de description, pas de décor, pas d'explication, pas de message. Juste les personnages qui vivent leur rêves, leurs amours, leurs folies, leurs malédictions dans un lieu que notre imagination construit à coup de mots évocateurs : rhum, canne à sucre, caraïbes, plantation, etc.
Si on recherche une saga familiale, il faut passer son chemin, ce n'est pas ici le propos. C'est en revanche, une très belle fable sur la nature humaine, ses passions et ses tragédies, en quelques tableaux très évocateurs, en peu de mots, cette lecture nous fait quand même réfléchir sur ce que peut-être un véritable trésor pour chacun de nous et sur ce que nous en ferions.
Le style de Miguel Bonnefoy est celui d'un nouvelliste. Il va droit à l'essentiel. Peu de dialogues. C'est rythmé avec des chapitres courts pour un roman court. Et cette brièveté, lié à ce style est une qualité. Pas sûr que j'aurai apprécié une dilatation de ce récit autant que je l'ai aimé dans cette version coup de poing.
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Que vaut tout l'or du monde si le coeur reste sec ? Que vaut l'or du monde quand l'amour se fait géant des mers ?
Sucre noir est un récit d'évasion multi sensoriel bien étrange qui a le mérite de faire réfléchir surtout après en avoir pris plein les yeux et le nez à force d'images gorgées de soleil et d'odeurs aux parfums d'épices et de rhum.

Un court roman qui parvient malgré sa brièveté à retracer la vie de trois générations autour de la famille Otero qui tourne chacun à leur façon tout près d'un trésor enfoui il y a des siècles. Ça commence par le naufrage d'un bateau pirate, l'histoire s'articule ensuite autour de ce trésor que chacun cherchera pour toucher du bout des doigts des trésors bien plus précieux tel que l'amour.

Si j'ai aimé le fleuve d'images abondantes dans cette histoire, j'émets plusieurs bémols à savoir qu'il m'a été très difficile de m'attacher aux personnages qui apparaissent comme une éclipse flamboyante et filent aussi vite qu'une étoile sur un battement de cil. le vocabulaire m'a aussi semblé assez ardu, pas toujours évident à cerner. Enfin, trop de mini histoires sans la grande histoire aura eu raison de mon plaisir. Ce livre aura au moins eu le mérite de me sortir de ma zone de confort. J'ai vu des pirates, des poules aux oeufs d'or, j'ai parfois fini un chapitre ou l'autre à moitié soûle de tout le rhum qui coule dans les pages, puis je me suis souvent demandée si le bonheur était au bout de cette quête de l'or. La fin je l'ai aimée pour les réponses qu'elle m'a apportées.

Je relirai certainement cet auteur qui détient une très jolie plume onirique sur des berges un peu mystiques, un peu à part. On a raison de dire que Michel Bonnefoy est un conteur. Il a l'art de nous faire voyager et de nous en mettre pleins les yeux.
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« Le jour se leva sur un navire naufragé, planté sur la cime des arbres, au milieu d'une forêt. C'était un trois-mâts de dix-huit canons, à voiles carrées, dont la poupe s'était enfoncée dans un manguier à plusieurs mètres de hauteur. A tribord, des fruits pendaient entre les cordages. A bâbord, d'épaisses broussailles recouvraient la coque. »

Ce sont les premières phrase, fixant l' image extraordinaire de cette frégate de flibustier perché en pleine mangrove dans les Caraïbes, celle du célèbre pirate britannique, Henry Morgan, avec un trésor à bord. Miguel Bonnefoy convoque l'imaginaire collectif de la piraterie en le croisant avec celui de la forêt, magnifique collusion terre-mer qui surprend et charme d'emblée.

Le premier chapitre introduit de façon très astucieuse la suite du récit. le deuxième chapitre puis les suivants propulsent trois siècles plus tard, dans le village où le bateau pirate est tombé de sa cime, enfouissant son trésor. Les images de ce bateau perché, du vieux pirate agonisant, perdureront dans tous les chapitres, jamais le lecteur n'oublie qu'il y a un trésor, là quelque part, à portée de la famille de planteurs, les Otero qui vit dans ce village.

Derrière la maitrise de la narration, on devine que Miguel Bonnefoy vient de l'univers de la nouvelle. Chaque chapitre est construit comme une nouvelle, avec une chute qui permet d'introduire le chapitre suivant, créant une structure narrative en petites boucles qui se déploient en seulement deux cent pages sur plusieurs décennies. En quelques phrases, il sait dessiner un univers atemporel et universel que l'on n'a plus envie de quitter.

Et puis il y a ces deux personnages féminins absolument superbes : Serena Otero et sa fille Eva Fuego. Serena, on la découvre adolescente, néo-Emma Bovary qui refuse de s'effacer derrière ses ternes parents, qui rêve à d'autres horizons, suffisamment forte pour faire passer des messages à la TSF en espérant que le monde lui réponde et s'ouvre à elle : «  Maria Dolores annonce qu'elle a noyé son coeur dans un tonneau de rhum. Récompense à qui viendra le boire » y dit-elle comme une bouteille à la mer.

Sa fille, Eva Fuego, fait irruption dans la deuxième moitié, apparition quasi magique d'un bébé sauvé des flammes. de sa flamboyante naissance, elle semble porter en elle une malédiction biblique ( référence métaphorique à la découverte destructrice du pétrole au Vénézuela d'où est originaire l'auteur ), enfant sauvage devenant une autocrate redoutée, prospère, vivant dans la démesure.

L'écriture pleine de vie et de sensualité brille dans la description des personnages, entre métaphores subtiles et licences poétiques réussies. Elle parvient à créer des images aussi fortes que celle du bateau pirate échoué en pleine forêt, comme celle de la petite vieille, ancienne propriétaire de la propriété des Otero, qui revient tous les 1er novembre honorer la mémoire de son mari décédée dans une pièce condamnée dont elle a seule l'accès, arrivant ainsi avec un seau vide à remplir de larmes.

Ce roman a un charme fou, entre légende très incarnée et Conte philosophique sur le sens à donner à sa vie, en quête d'un trésor dont il revient à chacun de trouver la définition. Emplie de réalisme magique, il a du souffle et du coeur, le talent de conteur de Miguel Bonnefoy laissant l'imaginaire du lecteur courir au-delà des mots.
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Le livre s'ouvre sur un mirage fabuleux : drossé sur la canopée d'une forêt bordant la mer des Caraïbes, un trois-mâts sombre lentement sous les vagues vertes d'une vorace végétation tropicale, emportant dans une éternité de fantasmes sa cargaison d'or et de pirates, parmi lesquels le légendaire et cruel capitaine de flibuste Henry Morgan. Trois siècles plus tard, les pauvres paysans du coin, venus s'échiner à rendre cette terre cultivable pour la canne à sucre, observent avec curiosité le va-et-vient des chasseurs de trésors, attirés par les rumeurs parvenues jusqu'en ces années 1900.


C'est ainsi que, pour le plus grand bonheur de leur fille Serena, désespérée de sa solitude sur cette terre qui manque d'hommes à marier, les Otero se retrouvent à héberger sur leur petite plantation le jeune aventurier Severo Bracamonte, bien décidé à mettre la main sur le fameux trésor perdu. Faute d'or sonnant et trébuchant, le nouveau couple se verra comblé par l'adoption d'un bébé sauvé des flammes qu'ils baptiseront Eva Fuego, sans savoir à quel point ce prénom s'avérera prédestiné. Sous la férule de fer d'Eva devenue femme, la plantation, assortie d'une rhumerie réputée, entraînera dans son développement toute l'économie de la région, jusqu'à ce que, par un terrible retour de bâton, toute cette richesse née d'une monoculture implose littéralement, ramenant le village devenu ville à sa pauvreté initiale.


Multipliant les clins d'oeil au grand Gabriel Garcia Marquez, son réalisme magique et son célèbre Cent ans de solitude, la plume elliptique et poétique du franco-vénézuelien Miguel Bonnefoy nous emporte dans un récit flamboyant, richement métaphorique. Dans ce village, brutalement ramené à sa misère originelle après un enrichissement fulgurant venu d'une manne miraculeuse, se reflète l'histoire du Venezuela et de son, non pas sucre, mais or noir, tandis que la chasse à de multiples trésors, menée chacun à sa façon par les différents personnages, illustre ironiquement combien, souvent, l'on court vainement chercher au loin le bonheur qui s'offrait à portée de main.


Miguel Bonnefoy excelle à faire tenir dans ses formats courts des récits colorés, à la fois fables et sagas historiques, offrant plusieurs niveaux de lecture et l'accès à ce qui, au fil de son oeuvre, construit peu à peu un univers particulier.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'histoire commence au sommet de la mangrove caribéenne où échoua naguère un bateau de pirates. Une tempête probablement avait expédié le navire et son équipage dans ce lieu insolite. C'est encore le mauvais temps qui les fit disparaître quelque temps après, corps, âmes et biens.

Et des biens, il y en avait beaucoup, on parla même d'un trésor, celui du capitaine Henry Morgan qui attire encore, trois siècles plus tard, les aventuriers de tous poils. Severo Bracamonte est de ceux-là, qui arrive un beau jour sur ce même lieu où aujourd'hui se tient un village cultivant la canne à sucre. Longuement l'homme cherche, creuse, tire des plans avec acharnement et méthode. Mais de trésor, il n'en trouve point. Ou plutôt si, mais d'une toute autre nature celui-là, bien plus précieuse... Malgré tout, la quête du trésor de Morgan ne s'arrête pas là. D'autres prospecteurs vont suivre, et le trésor se transformer au gré des aspirations de chacun : fortune, puissance ou amour.

Chaleur, nature généreuse et luxuriante, personnages mythiques et croyances magiques, l'atmosphère fait penser à celle de certains romans de Gabriel Garcia Marquez ou d'Isabel Allende. Comme ces illustres prédécesseurs, Miguel Bonnefoy nous emporte dans un monde puissamment imaginatif et coloré. Conteur hors pair, il nous fait pénétrer son univers avec des phrases courtes et simples, mais oh combien belles et évocatrices, qui nous portent et nous font apprécier pleinement cette fable picaresque et sa morale intemporelle.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Rivages pour cette belle découverte.
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Fermez les yeux ... laissez-vous guider ... d'abord sentez ! Un doux parfum, mélange exquis de goyave, d'amande, de vanille et de mille autres épices ... sentez encore ... vos pieds dans le sable, la douce chaleur qui vous enveloppe ... écoutez et laissez vous bercer par cette tendre mélodie : le chant des oiseaux, l'oscillation des vagues, le sifflement de la brise . .. et enfin savourez ! une belle couleur ambrée, des notes discrètes de muscades, girofle, poivre et cannelle : un bon vieux rhum ...

Nous voilà embarqués dans un village des Caraïbes ... oh les Caraïbes ! Parfum d'enfance : À l'abordage !!! Piraterie, trésor & co ...

Prêts pour l'aventure ?!

Alors, laissez-vous tenter par cette fable !
La plume lyrique de Miguel Bonnefoy nous conte, en préambule, l'histoire d'un trésor disparu. Et pas n'importe quel vulgaire trésor ! Non ! C est celui du plus célèbre corsaire : Henry Morgan.

L'histoire débute trois siècles plus tard, non loin du fameux butin légendaire.
Le récit fabuleux de trois générations de la famille Otero. Leur destin, tour à tour, sera extrêmement lié à cette richesse enfouie et tant convoitée.

Miguel Bonnefoy, formidable conteur, explore délicieusement cette chasse au trésor. Mais quel trésor ?! La fortune ou bien la richesse du coeur ? eh oui si certains s'obstinent désespérément à chercher la richesse, d'autres trouvent, un trésor bien plus précieux : enfoui en eux, dans le regard de l'autre, ou, tout simplement, dans la beauté de l'instant ...

Pour ma part, j'ai trouvé un trésor dans cette sublime prose, si poétique, aux effluves épicées ...
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Sucre Noir


Sur des terres brûlées au sucre
Une légende fait des remous de passions…
Capitaine Henry Morgan, veuillez dévoiler vos trésors
Réfléchissant la lumière ambrée du rhum
Et faire tomber en poussière, la douleur du deuil!

Ne cherchez plus le livre qui vous fera vibrer!
Oubliez la fièvre vaine des chercheurs d'or!
Incarnez plutôt, la fortune des coeurs enflammés!
Revivez la folle ambition des boucaniers!

Bon voyage au sein de ses pages,
Où, trois générations se succèdent,
N‘en déplaise au Destin, qui
Non content, de leur imposer une peine immense,
Emmène aussi le feu conquérant sur les plantations,
Festoyant gaiement à la soif de l'avarice, et
Oblitérant, dans l'écume des vagues, les larmes perdues…
Yoho, Matelot, en avant pour une belle histoire embrasée de pirates!



Nota Bene: En passant sur le blog, vous verriez sans doute plus d'effet couleurs ;)
Lien : https://fairystelphique.word..
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Une légende de trésor perdu. Un coffre rempli de pièces d'or, de bijoux, de denrées précieuses, disparu dans le naufrage d'une frégate mystérieuse, au dix-septième siècle…

« Déjà lu, dis-tu, une histoire de pirates qui s'entretuent !...
– Pas du tout, tu confonds avec l'Ile au trésor, Stevenson...
– Il n'y aurait pas une histoire de sous-marin de poche ?
– Ça, c'est dans Tintin et le trésor de Rackham-le-Rouge...
– J'ai trouvé ! Des mobiliers et des objets marins rongés par les eaux, envahis par le plancton et le corail !
– Là encore, tu n'y es pas. Tu évoques, à tort, la stupéfiante fiction romanesque non littéraire, l'invraisemblable faux trésor et vraie oeuvre d'art exposé par Damien Hirst au Palazzo Grassi et à la Dogana de Venise.

Dans Sucre noir, ce sont des branchages, des broussailles et des plantes tropicales qui recouvrent la frégate, après qu'elle s'est abîmée dans les arbres, en plein coeur d'une forêt caribéenne.
– Un navire naufragé dans les arbres ?...
– Et alors ! En littérature, il faut avoir le sens du merveilleux… Et cette histoire de naufrage n'est que le premier chapitre du livre. Il fallait bien un mythe originel pour expliquer qu'une légende de trésor perdu reste vivace dans les lieux, trois siècles plus tard, suscitant de temps à autre la venue d'un chasseur d'or décavé ».

Roman ou conte ? Dans une zone incertaine des Caraïbes, Miguel Bonnefoy, jeune écrivain franco-vénézuélien, met en scène trois générations d'une même famille. Au coeur de la fiction, une femme, Serena, et son mari. Elle succède à ses parents, puis cède la place à sa fille, Eva Fuego. Un drôle de phénomène, celle-ci. Un être marqué par le feu.

Au long de ces trois générations, une petite exploitation agricole de cannes à sucre se transforme en un conglomérat alliant l'industrie du rhum et autres spiritueux, au transport de pétrole, un nouveau type de trésor noir offrant de belles perspectives pour se sucrer.

Une histoire bien charpentée. Mais le contour flou des personnages, l'évanescence des repères de lieu et de temps, donnent au récit la coloration étrange d'un conte intemporel.

Conte ou fable ? Les contes recèlent toujours un fond philosophique. Dès qu'il est question de trésor, c'est toujours la même morale qu'on ressort. Ce ne sont pas les pièces d'or qui font la vraie richesse. On la trouve dans l'amour, dans les plaisirs simples, comme l'écoute du chant des oiseaux, la contemplation des couleurs tropicales, la senteur des fruits mûrs ou le goût d'un rhum vieilli…

Et puisqu'on est dans les leçons de morale, attention aux excès d'ambition et de cupidité ! Sachons tirer la leçon d'un feu d'artifice éruptif laissant dans le ciel « un couvercle de cendres qui mit trois ans, dix mois et cinq jours à disparaître »...

Fable ou poésie ? L'un n'empêche pas l'autre. L'écriture de Miguel Bonnefoy est très lyrique. Très travaillée. Car le lyrisme n'est pas une envolée spontanée. Il faut savoir piocher des mots rares et étranges dans des univers exotiques, dans des mythes antiques, dans des matières précieuses. Composer des listes de mots au surréalisme improbable. Comme sur cette table où « s'entassaient des quintaux de clous de girofle venus des Moluques, de l'ivoire du Siam, du cachemire du Bengale et du bois de sental du Timor ». Ou comme les fleurs que Serena cueillait dans la forêt, « des pinces de homard, des oiseaux de paradis, des jasmins antillais, des roses de porcelaine ».

Roman, conte, fable, poésie. On trouve tout cela dans Sucre noir. Un livre bien construit et joliment écrit, qui n'a pourtant pas réussi à emporter mon enthousiasme et mon émotion.

Peut-être aurais-je dû témoigner plus d'empathie aux personnages, en les accompagnant à chaque verre de rhum qu'ils buvaient.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Un bonbon, un rafraichissement, un temps suspendu. C'est ce que m'évoque cette lecture un peu hors du temps … ou plutôt du temps d'avant … avant que je ne sois un adulte qu'on espérait dans le moule.
Une histoire de pirate, de trésors, de bateaux qui s'échouent sur les arbres … de flibustiers plus tarés les uns que les autres et d'un rafiot qui s'enfonce de branches en branches …
La légende court … Près d'un village des Caraïbes il y aurait un trésor, un trésor fabuleux, il serait là depuis trois cents ans en attente d'être cueilli. Une pareille fortune attire les ambitieux dont Severo Bracamonte. Mais il a beau s'échigner il ne trouve rien ... rien que la belle Serena Otero qui lui déclare que le vrai trésor est sous ses yeux : regarde comme la nature est belle. Il finira par arrêter ses recherches conquis par les yeux de la belle, plantera son cierge, de la canne à sucre et fera fortune.
Et puis il y a cette petite vieille, l'ancienne propriétaire, qui tous les premiers novembre revient dans la chambre du fond, l'acte de vente le stipulait : interdit de toucher quoi que ce soit dans cette pièce.
C'est un très beau texte, très fouillé, très travaillé, les mots sont choisis avec soin pour décrire l'ambiance lourde de la quête où se mêle les vapeurs de la distillation du rhum.
C'est un livre qui se lit très vite mais qui porte en lui une vraie réflexion qui perdure longtemps après le mot fin.
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Toute une vie , Serena s'est languie de mots d'amour , à demi-susurrés , mi-dits , ceux-là mêmes qui font chavirer les esprits .

" Pour combattre la monotonie de son quotidien , elle eut l'idée d'adresser elle aussi des messages à un inconnu .
Bien que l'homme n'existât pas , sa confiance ingénue la porta à croire qu'elle pouvait le faire apparaître par la seule force des mots .
(... )
elle entendait le speaker lire son annonce qui n'était adressée à personne d'autre qu'à elle et , devant le miroir de la nuit , rêvait d'un homme à son image . "

Peu de gens côtoient la famille Otero .

Seule , la vieille et ancienne propriétaire apparaît une fois par an et reste enfermée dans l'habitation du fond pendant quelques heures pour pleurer , dit-elle , son époux défunt .
Ce pacte fait partie de la vente de la maison et semble normal aux nouveaux habitants .

C'est ainsi que Serena attend toujours son prince charmant .

Il faut croire que ses prières sont exaucées avec l'arrivée de Severo Bracamonte .
Il est courageux .
Il propose son aide au père Otero pour charger des cannes à sucre sur un chariot .
Le travail fini , on scelle une nouvelle amitié par quelques verres de rhum .

La fille l'observe . Il est laid . Elle ne lui trouve aucun attrait .
" En quelques minutes , il avait dressé un portrait accablant qui disait tout de lui . Ce n'était pas le bel inconnu qui avait écouté ses lettres à la radio , mais un homme aux désirs avares , cupides , un jouisseur qui vivait au hasard , sans discernement , mû par ses propres passions .
Il ne voulait pas être aimé , il voulait être riche ."

Quel endroit plus seyant que ce lieu de légende , où transpirent les exploits du capitaine Henry Morgan , pouvait gonfler aussi fort la fougue de l'aventurier .
Bardé de cartes minières , de dessins d'orpailleur , de parchemins et même de planisphères , Severo s'incruste dans leur foyer .

Récalcitrante au début , Serena est plus en plus troublée par l'ardeur , la force et la sensualité de ce locataire forcé .
Une certaine intimité , mêlée de curiosité et de pulsions émotionnelles , va rapprocher ces deux êtres que tout oppose .
" Cette peau vierge brûlait la sienne .(.. )
A présent , elle était là devant lui , rendue au suc de son corps .
Serena , comme possédée, ne parvenait pas à contrôler ses mouvements . "

Le mariage vient renforcer leur complicité .

A la mort de ses parents , Serena unit ses connaissances au savoir-faire de son mari .
Ils s'enrichissent grâce à la fabrication du rhum .
" Severo Bracamonte comprit qu'il aimait la terre plus que l'or . "

Si le travail calme l'ardeur du mari à la recherche d'un trésor , il n'empêche pas sa femme de soupirer malgré la gentillesse et le courage de celui-ci .
elle a besoin de cet amour que jamais elle n'a connu .
Si encore , elle était mère !

Le destin veille .
Il n'a pas son pareil pour modifier les vies .

Notre auteur " Miguel " possède un appétit d'ogre où tous ses sens sont en alerte .
Il savoure l'amour comme il déguste le rhum , sans retenue .
On le sent dans ses descriptions , ses portraits si colorés , si vrais , notamment lorsqu'il met en valeur le travail de la terre par tout un peuple qui suit l'étranger qui les a enrichis .
Mais il excelle , lorsqu'il pénètre le coeur de la belle qui pleure cet amour inconditionnel que jamais elle ne ressentira , telle Emma Bovary .

Le souffle de la poésie a caressé cette romance pour porter l'amour à sa quintessence .
Et pourtant : " Avec le temps , va , tout s'en va ! "
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