Dès sa sortie aux éditions Sarbacane, j'ai été attirée par cette bande-dessinée, adaptation d'un roman japonais de
Sawako Ariyoshi.
Les Dames de Kimoto est le récit de trois destins de femmes, issues de la même famille, durant la première moitié du 20ème siècle, dans un Japon en proie aux bouleversements de son époque.
Début du XXème siècle. Hana est une jeune femme de grande beauté, intelligente, raffinée et parfaitement accomplie. A l'âge de vingt ans, elle épouse l'aîné d'une famille plutôt aisée, promis à un brillant avenir. Contrainte de quitter sa grand-mère Toyono qui l'a élevée et l'a accompagnée depuis sa plus tendre enfance, Hana doit s'adapter à sa nouvelle vie aux côtés d'un mari souvent absent et dépourvu de tendresse et d'affection. Les années passent ; Hana a donné naissance à deux enfants, dont une fille, Fumio, au caractère radicalement opposé : si Hana a toujours respecté les traditions et s'est incliné devant les aspirations de son mari et sa belle-famille, Fumio grandit en développant des idées socialistes et progressistes, notamment en ce qui concerne la place des femmes dans la société japonaise. Les deux femmes, pourtant unies par leur passé commun et un lien mère/fille indéfectible, traversent une période conflictuelle que seul le mariage de Fumio semble apaiser. Puis, à son tour, Fumio tombe enceinte à deux reprises : le premier né ne survit hélas que de quelques semaines, mais la seconde naissance est celle d'une fille, Hanako, qui grandit dans un Japon en guerre, tout en tissant des liens forts avec sa grand-mère Hana.
N'ayant pas lu le roman original, mes impressions se limiteront donc au contenu de la bande-dessinée : d'un trait régulier, les dessins de
Cyril Bonin m'ont particulièrement plu, nous plongeant dans la culture japonaise, sa délicatesse, ses limites aussi, ses évolutions tout au long d'un siècle en pleine effervescence. En près de 100 pages, les destins d'Hana, Fumio et Hanako sont minutieusement esquissés jusqu'à sa conclusion émouvante, scellant la fin d'une ère.
Les Dames de Kimoto a été une lecture passionnante, se démarquant par son propos féministe, son immersion dans l'histoire japonaise, de la guerre russo-japonaise à la montée du fascisme ayant conduit à la Seconde Guerre mondiale, ainsi que par ses thèmes intemporels, comme la quête de soi, le déracinement, le deuil, l'anticonformisme, le devoir ou les ravages du temps…