Je trouve la couverture de toute beauté et je trouve qu'elle résume parfaitement l'histoire de cette famille japonaise du point de vue des femmes et sur trois générations. La bande dessinée est inspirée du roman du même nom de
Sawako Ariyoshi qui date de 1959, et tout au long de ma lecture j'ai eu cette impression que la bande dessinée ne faisait qu'effleurer l'histoire et ses personnages. J'ai cru comprendre que le roman est un grand classique au Japon, et bien évidemment, une telle adaptation n'est jamais évidente.
Cyril Bonin se livre là, à un exercice difficile où il faut trouver le bon équilibre pour qu'il y ait une cohérence entre le dessin et le récit.
Aux travers des yeux des 3 héroïnes, Hana, Fumio et Hanako, je découvre une jolie fresque sociale sur le Japon où je découvre les évolutions sociétales. du Japon du début du XXème siècle traditionnaliste au Japon d'après-guerre, les changements sont nombreux…
Hana est une jeune fille de bonne famille et même si elle a été à l'université, elle a été éduquée essentiellement pour être une bonne épouse. Les arts domestiques, les bonnes manières, le koto ou encore la poésie japonaise n'ont pas de secrets pour elle. Son mariage est arrangé avec le fils d'un notable. Et déjà, les croyances ancestrales pèsent dans le choix du mari. Hana est une épouse modèle, elle s'occupe des enfants tout en encourageant son mari dans sa carrière politique. Hana pourrait apparaître comme un personnage fade et sans réelle personnalité mais il ne fait pas oublier que les premières pages de la bande dessinée se déroulent pendant l'ère Meiji et les conventions sociales sont encore très codifiées et strictes. Il est vrai qu'elle exprime rarement ce qu'elle ressent, mais je trouve que c'est une femmes forte qui fait face aux différentes difficultés avec une certaine abnégation. Alors oui, j'aurais aimé qu'elle exprime ses sentiments mais cela n'aurait pas cadré avec l'époque et le Japon. J'ai trouvé sa fille Fumio plus intéressante, même si parfois je la trouvais vraiment agaçante. Mais elle a un esprit de rébellion qui fait plaisir à voir, les idées nouvelles commencent à faire leur chemin, Fumio rêve de liberté et d'égalité. Elle est en opposition, avec sa mère, sur bien des sujets. C'est un choc des générations entre la mère et la fille qui ne se comprennent pas. Il faudra attendre la naissance de Hanako pour que les tensions s'apaisent entre Hana et Fumiko. Elle est un trait d'union générationnel, c'est une jeune fille entre modernité et tradition.
Au fil de ma lecture, je me suis dis qu'il fallait peut-être mieux lire de roman de
Sawako Ariyoshi pour profiter pleinement de cette oeuvre graphique, il manquait clairement de profondeur au récit pour que je l'apprécie à sa juste valeur. Au final, le récit est assez froid, il me m'a pas particulièrement ému, j'en attendais plus de ce côté-là. Je reproche aussi le manque de repères temporels, c'est peut-être évident pour un japonais ou une japonaise, cela l'est beaucoup moins pour l'occidentale que je suis. le dessin est très joli et j'ai beaucoup aimé le choix des couleurs avec des nuances de rose, de brun et de vert.
Les dames de Kimoto est une oeuvre graphique visuellement très belle mais qui, me concernant, manque d'émotion. Je pense me procurer prochainement le roman qui me permettra de mieux appréhender les relations entre Hana, Fumio et Hanako. Je pense également me pencher un peu plus sur le travail de
Cyril Bonin dont j'ai apprécié le trait de crayon.
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