L'approche de cet essai qui évoque le cinéma d'
Akira Kurosawa est aussi originale qu'efficace. L'auteur,
Alain Bonfand, s'appuie sur les huit épisodes de "Dreams", l'un des derniers films du cinéaste japonais, décryptant des motifs, des influences, des effets de mise en scène, des souvenirs autobiographiques, etc. Kurosawa a surtout montré à travers des films qui rappellent parfois la peinture d'histoire (Ran, Kagemusha), dans lesquels les enfers bouddhistes ressemblent à ceux de
Dante, la folie destructrice des hommes ou, comme le répète
Alain Bonfand, des films qui expriment "la maladie de la terre". Kurosawa avait été témoin du séisme du Kanto et du terrible incendie qui ravagea Tokyo. Il évoque à plusieurs reprises la terreur provoquée par les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, les drames causés par la seconde guerre mondiale. Ses films noirs reflètent les années d'après-guerre, une société gangrenée par la corruption et le marché noir. Cette lucidité est cependant empreinte d'une grande compassion. kurosawa a adapté
Shakespeare et
Dostoïevski, s'est inspiré de
John Ford, de
Fritz Lang, de
Jean Renoir, de van Gogh, du théâtre Nô et du Japon ancestral à travers sa mythologie et ses légendes. Cet essai permet donc de revisiter l'une des oeuvres les plus marquantes du 7 art.