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Citations sur Souveraineté du vide. Lettres d'or (91)

Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre ainsi - dans ce rapt - combien son âme est grande, inépuisable et claire. Nous souffrons tous de cela : de ne pas être assez volés. Nous souffrons des forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir.
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La vraie vie, celle qui n'est pas dans les livres mais dont les livres témoignent, où est-elle ?

Un autre jour. J'ai oublié de vous parler de la neige qui est venue, hier, tardive, en début de soirée. De cette idée d'éternité qui est venue avec elle, qui se confondait avec son mouvement, avec sa blancheur. Douceur effondrée, lentement effondrée. J'ai tout arrêté pour la regarder, et déjà cette lettre. Je ne sais pas pourquoi je vous écris cela. J'ai regardé cette neige. Longtemps. Je ne pensais pas. Je ne pensais à rien. Ou si j'avais des pensées, leur mouvement et celui de la neige ne faisaient qu'un seul. Cette fascination, cette indistinction maladive entre le dehors et le dedans n'est pas sans rapport avec ce que je veux vous dire. La lecture, le fait de lire n'en serait qu'une variante.
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XIII
     
Vous m’avez offert un bouquet de sept roses, autant que de jours de la semaine. Elles brûlent dans l’air limpide. Elles s’ouvrent dans la chambre profonde comme un ciel. Avec le soir, elles se referment sur votre absence. C’est une chose étrange que l’absence. Elle contient tout autant d’infini que la présence. J’ai appris cela dans l’attente, j’ai appris à aimer les heures creuses, les heures vides : c’est si beau d’attendre celle que l’on aime.

Il n’y a rien dans l’attente, que la vie seule, nue et pauvre. Elle ignore la défaite comme le triomphe, l’amertume comme la puissance. Elle ne sait que la grâce d'un silence sur la terre tendre, sous le ciel calme.
Elle nous apprend que l’amour est impossible et que, devant l’impossible, on ne peut réussir ni échouer, seulement maintenir un désir assez pur pour n’être défait par rien.
     
     
Lettres d’or - pp. 99-101
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Lisant, non pas pour savoir, non pas pour apprendre, pour accumuler, pour entasser, pour acquérir. Non, rien de tout cela. Lisant bien plutôt pour oublier, pour se déprendre, pour perdre, pour se perdre. Redevenant seul, infiniment seul.
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Ce sont les ombres claires, ce sont les livres aimés. Ils entrent dans nos vies avec le soir, avec la pluie, avec la violence de la pluie sur le sol de la chambre, par un volet mal tenu, par un carreau brisé, par l'irrépressible envie de mourir au sommet d'un amour, au secret d'une enfance. Les livres aimés nous enlèvent au plus loin de nous-même, dans l'imaginaire du bonheur , dans le grand vent des récits, ils disent : regarde comme tout est beau , les lumières de ce soir, on dirait de la soie, de la peau , touche. Les livres aimés sont des rayons de miel fauve, de miel brun. Leurs pages sont venues comme ca, d'un seul coup. C'est l'auteur, c'est personne. Les manches de chemise retroussées jusqu'aux coudes, il a plongé son bras dans la ruche éternelle. Avec cette délicatesse des rustres, des sauvages, il a ramené ca, l'auteur, personne : quelques herbes, quelques phrases, quelques astres.
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J'aime votre silence,j'aime votre fatigue éternelle,j'aime votre rire. J'aime tout de vous, et je ne me lasse pas de vous contempler dans cette vie ordinaire qui vous exténue, pour laquelle vous avez les attentions les plus rares.vous recueillez ce qui n'a pas lieu, vous écoutez ce qui n'est pas dit. Tout est obscur dans votre vie, car tout y est simple.
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Se taire : l'avancée en solitude, loin de dessiner une clôture, ouvre la seule et durable et réelle voie d'accès aux autres, à cette altérité qui est en nous et qui est dans les autres comme l'ombre portée d'un astre, solaire, bienveillant.
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Un jour viendra ou une main de lumière heurtera le bois du cœur, avec une telle insistance que je ne pourrai faire autrement que me lever, et ouvrir. À la question qui me sera alors posée, je ne saurai pas répondre, sinon par un sourire : je n'ai rien fait de ma vie. Je l'ai perdue le plus possible.
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Lisant, non pas pour tout savoir, non pas pour apprendre, pour accumuler, pour entasser, pour acquérir. Non, rien de tout cela. Lisant bien plutôt pour oublier, pour se déprendre, pour perdre, pour se perdre. Redevenant seul, infiniment seul.
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l'âme. Elle a la luisance et la pesanteur de l'encre. Elle a cette densité noire, plus lumineuse que la lumière du jour.
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