La plus fallacieuse des opérations de l'esprit est de calculer d'avance les réactions d'un homme, ou d'une femme, vis-à-vis d'une épreuve réellement imprévue. On se trompe presque à coup sûr quand on prétend résoudre ce calcul par l'application des données psychologiques déjà acquises, par une sorte de prolongement logique du caractère connu de la vie passée. Toute épreuve est nouvelle et toute épreuve trouve un homme nouveau. (p. 75-76)
Pourquoi s'opposait-on ainsi à la vérité, à la justice ? Que signifiaient cet aveuglement ou cette méchanceté des hommes ? Quels étaient les raisons, les intérêts, les passions qui pouvaient résister avec cette obstination enragée à la simple réhabilitation d'un innocent ? Car, à notre immense stupeur, la résistance s'était organisée instantanément. À peine ébranlée par les premières révélations, on la sentit se reformer aussitôt, plus dense encore, et plus agressive.
Je n'ai pas à croire ou à ne pas croire à l'innocence de Dreyfus. Mais je ne crois pas à sa culpabilité, parce que la vie m'a instruit à ne croire que ce que je comprends. Or, je ne comprends pas parce que, jusqu'à présent, on ne m'a fourni aucun mobile intelligible.
3 612 vues 23 juin 2024 #LCP
Avec ce documentaire exceptionnel, signé Jean-Noël Jeanneney et Claude Fayard, Rembob'Ina rend hommage à une grande figure de l'Histoire française. Tourné il y a cinquante ans, « Léon Blum ou la Fidélité » a le mérite d'être peuplé de témoins directs au congrès de Tours, au procès de Riom, à Narbonne et à Paris.
L'occasion d'évoquer ses différentes facettes et de s'interroger sur son héritage : Blum le dreyfusard, l'homme de juin 36, du front populaire et de ses grandes conquêtes sociales, le bouc émissaire de Vichy après la défaite de 1940 mais aussi l'avocat de l'émancipation sexuelle des femmes, un homme de grande dimension morale et intellectuelle, mais qui n'a pas, dans la mémoire collective, la place qu'il mérite.
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