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EAN : 9782707812889
255 pages
Librairie A-G Nizet (15/05/2006)
3.5/5   2 notes
Résumé :
A une époque où la Turquie pense mettre en place un état-civil (bref il y a pas mal de temps), Amédée (Ahmed de son vrai nom) jeune diplômé du baccalauréat français passé au lycée de Galata Séraï d'Istanbul, débarque à Paris.
Il ira de surprises en déceptions sans jamais perdre son enthousiasme ni sa confiance dans le progrès.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En 1932, Maurice BEDEL, prix Goncourt 1927, publie Zulfu, qui fait écho au roman aziyadé de Pierre LOTI, en racontant le voyage en France d'Ahmed, bachelier turc, républicain militant, attaché parlementaire d'un député turc, affairiste redoutable dont la fille Zulfu étudie en Sorbonne.

Progressiste, Ahmed occidentalise son prénom en Amédée et arrive dans l'hexagone convaincu que le progrès consiste à industrialiser, polluer, rouler en automobile, produire toujours et encore. Croyant que la république française a vocation à éclairer l'humanité en étant un phare industriel et persuadé que nos politiciens se dévouent au bien commun, il va d'étonnement en incompréhension puis en déception en constatant que le français moyen est plutôt conservateur, paysan méfiant vis à vis de ses élus …

Ahmed, alias Amédée, ambitionne de séduire Zulfu certain que ses études l'émanciperont pour en faire une femme de progrès débarrassée de toute superstition et soucieuse d'égalité entre les sexes … mais elle finit par épouser un jeune noble français et refuse de retourner en Turquie.

Une intrigue banale, des personnages assez caricaturaux, mais finalement pas plus que les héros de Pierre LOTI, auraient pu éliminer ce roman de nos bibliothèques, s'il n'avait été écrit par une des plus belles plumes de l'entre guerre, et surtout si la vague islamique qui submerge aujourd'hui la Turquie et le discours écologique qui domine nos médias ne lui donnaient une saisissante modernité en relativisant le progressisme oriental et en dénonçant les utopies idéologiques.

Les anecdotes qui nourrissent cet ouvrage sont une source jaillissante de bonne humeur en décapant le vernis intellectuel qui masque nombre de réalités éternelles. Un régal !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La voiture s’arrêta auprès d'une maison d'un aspect ancien, envahie par un lierre au feuillage dru et brillant qui en couvrait les murs extérieurs et en accusait le mauvais entretien. Nous passâmes un seuil étroit ; nous fûmes dans un intérieur tout rempli de meubles et de menus objets rappelant des temps depuis plus d'un siècle accomplis. En une petite pièce assez sombre, et qui semblait aménagée pour je ne sais quelles meditations spirituelles, on avait réuni plus de cent portraits de ce Chateaubriand en pied, en buste, assis, accoudé, incliné, redressé, les uns gravés, les autres crayonnés, chacun donnant du modèle l’image la plus avantageuse.

Plusieurs membres du club, arrivés avant nous. Se pressaient dans ce sanctuaire et s'y entretenaient à voix basse.

Comme il était beau ! soupiraient les dames. Quels yeux, quelle bouche, quel menton !
(...)
Que penser de ces soupirs de femmes devant des feuilles de papier reproduisant en noir, par le moyen du cuivre et de l’acide nitrique, une tête réduite aux dimensions d’une pomme ou d'une arbouse ?

— Est-ce émouvant ! me disait Mme Ponce. Le voici au temps de Natalie de Noailles... Le voilà quand il était aimé de Pauline de Beaumont... Ici, c’est le René de madame de Custine... Là, celui de madame Récamier...

Il semblait qu’à chaque image de ce célèbre Français correspondît une femme.

— Et celui de madame de Chateaubriand ? demandai-je naïvement.

Ces mots jetèrent un froid parmi les fidèles du sanctuaire, comme si j’eusse proféré un blasphème dans quelque mosquée, turbé ou autre lieu de rendez-vous de la superstition. Je compris aussitôt qu’une bonne part de la grandeur de l’homme que l’on célébrait là revenait au nombre et à l’éclat de ses maîtresses.
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Je laissai ce petit groupe s’égarer dans d'oiseuses controverses et je fus prêter l’oreille aux discours qu’échangeaient dans I'embrasure d'une porte plusieurs personnages d’un aspect très sérieux. Ils parlaient des affaires de l’Europe. L'un jugeait que, si les choses allaient mal, la faute en était à la France ; un autre affirmait que la France était trop riche en militaires, en or et en colonies ; un troisième l’approuvait et ajoutait que, si l'on désarmait la France, si l’on prêtait son or aux peuples qui en manquaient et si l'on distribuait ses colonies à ceux qui n'en avaient pas, la paix reviendrait sur la terre et la prospérité s’étendrait à toute l'Europe et aux deux Amériques.

« Ce sont des étrangers, me dis-je. S'ils parlaient de la Turquie, à Ankara, comme ils parlent de la France, à Paris, ils seraient prestement reconduits à la frontière. »

J’allai à Mme de Villeneuve-Châtillon et je lui appris à voix basse que des étrangers se concertaient dans son salon pour ruiner la France et la livrer à qui voudrait la prendre après l'avoir désarmée.

— Enfant, me dit-elle en riant, ce sont des députés français, et non des moindres.
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Bientôt, nous traversâmes une étroite région de jardinets et de chalets où les ouvriers se délassaient du travail de l’usine en cultivant des légumes, en arrosant des fleurs, tandis que leurs femmes étendaient sur un fil, entre un lilas et un pieu de clôture, le linge de la lessive. De grands panneaux ornaient la route et coupaient agréablement l’horizon. On y lisait, en belles capitales sur fond rouge, jaune ou vert : Gentiane Suze... Amer Picon... Byrrh... Pernod... Ainsi l’ouvrier, accoudé au manche de sa bêche ou déposant son arrosoir, songeait, en les voyant, aux plaisirs de l'apéritif.
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J'avais dix-huit ans ; j'étais sans emploi ; mais je savais tout ce qu’il faut savoir pour arriver ministre, général, directeur des tabacs, poète national ou cire-bottes, car je sortais du lycée de Galata Séraï avec le diplôme de bachelier français.
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Le parlement siégeait. C'est-à-dire qu’il célébrait avec enthousiasme l'excellence des mesures prises par le chef du gouvernement : c'est le rôle naturel d'une assemblée législative dans un pays délivré de l’horrible oppression des tyrans.
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