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Citation de migdal


La voiture s’arrêta auprès d'une maison d'un aspect ancien, envahie par un lierre au feuillage dru et brillant qui en couvrait les murs extérieurs et en accusait le mauvais entretien. Nous passâmes un seuil étroit ; nous fûmes dans un intérieur tout rempli de meubles et de menus objets rappelant des temps depuis plus d'un siècle accomplis. En une petite pièce assez sombre, et qui semblait aménagée pour je ne sais quelles meditations spirituelles, on avait réuni plus de cent portraits de ce Chateaubriand en pied, en buste, assis, accoudé, incliné, redressé, les uns gravés, les autres crayonnés, chacun donnant du modèle l’image la plus avantageuse.

Plusieurs membres du club, arrivés avant nous. Se pressaient dans ce sanctuaire et s'y entretenaient à voix basse.

Comme il était beau ! soupiraient les dames. Quels yeux, quelle bouche, quel menton !
(...)
Que penser de ces soupirs de femmes devant des feuilles de papier reproduisant en noir, par le moyen du cuivre et de l’acide nitrique, une tête réduite aux dimensions d’une pomme ou d'une arbouse ?

— Est-ce émouvant ! me disait Mme Ponce. Le voici au temps de Natalie de Noailles... Le voilà quand il était aimé de Pauline de Beaumont... Ici, c’est le René de madame de Custine... Là, celui de madame Récamier...

Il semblait qu’à chaque image de ce célèbre Français correspondît une femme.

— Et celui de madame de Chateaubriand ? demandai-je naïvement.

Ces mots jetèrent un froid parmi les fidèles du sanctuaire, comme si j’eusse proféré un blasphème dans quelque mosquée, turbé ou autre lieu de rendez-vous de la superstition. Je compris aussitôt qu’une bonne part de la grandeur de l’homme que l’on célébrait là revenait au nombre et à l’éclat de ses maîtresses.
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