Grâce aux deux lectures possibles qu'offre ce nouveau guide des Belles-Lettres, le lecteur satisfera comme il le voudra sa curiosité au sujet des Mayas : une table des matières, un index des thèmes permettent de voyager dans ce court ouvrage pour obtenir les renseignements désirés. On peut aussi suivre le propos de l'auteur selon sa progression. Dans la limite de nos connaissances, il brosse un tableau de l'essentiel de cette civilisation, depuis son cadre géographique, plus varié qu'on ne pense, à son découpage chronologique proposé par les historiens ; viennent ensuite l'histoire, la société, l'économie, puis en second lieu "L'homme maya" dans ses aspects religieux, artistique et sa vie quotidienne. Les climats régnant dans le pays maya restreignent à peu de chose l'archéologie des éléments périssables, à savoir, ce qui donne les plus précieux renseignements sur la vie des gens. Ce petit livre est d'autant plus précieux que tout ce qui a été publié d'intéressant, ou presque, l'a été en anglais et en espagnol. Le format maniable et la modicité du prix interdisent tout luxe iconographique.
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Ouvrage très intéressant, une approche complète du monde Maya, son histoire et l'histoire de sa découverte, ses langues, le système d'écriture par glyphes, sa culture, l'organisation économique, sociale, politique et religieuse de cette civilisation ancienne de l'ère géographique méso-américaine.
Un ouvrage indispensable sur ce sujet, pour tout étudiant ou chercheur autodidacte, voire n'importe quel voyageur préparant son périple du Guatemala au Sud du Mexique, en passant éventuellement au Belize ou au Honduras.
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Mais l'architecture et la sculpture ne s'adressent pas seulement aux hommes. On retrouve partout exprimé le souci de recréer sur terre une image, même déformée et miniaturisée, de l'univers. Cela permet de se sentir en harmonie avec le cosmos et d'agir sur lui... L'édifice en dur et la sculpture sur pierre sont des créations qui existent pour elles-mêmes et qui ont leur vie propre. Les dépôts de fondation donnent vie au bâtiment comme à la stèle. Ne nous étonnons pas que certains d'entre eux impliquent dans leur cérémoniel la création de l'univers. L'édifice est créé comme l'univers le fut. La sculpture du sarcophage du roi Pacal de Palenque et de la dalle qui lui sert de couvercle était comprise comme un acte de foi, expression de croyances profondes dans l'harmonie du cosmos et du cycle mort et renaissance ; le seul fait de sculpter ces scènes actualisait, donnait vie et pouvoir à ces croyances. Par comparaison, la contemplation de la sculpture par une dizaine de personnes au moment de l'inhumation apparaît d'importance mineure.
p. 177
Cependant, on peut estimer que l'écriture maya a été bridée par son emploi hiératique et officiel. Les récits historiques sont solennels et impersonnels, presque toujours écrits à la troisième personne du singulier. Rares ou inconnus sont les formes plurielles, les déclarations autobiographiques, les exhortations, les impératifs, sans parler des lettres d'amour ou des recettes de cuisine. Beaucoup de mots du langage courant n'ont sans doute été jamais écrits. Les adjectifs sont rares, et le texte est loin d'exprimer la richesse de la langue parlée. A l'instar des autres écritures mésoaméricaines, il est probable que le texte écrit fournissait des faits bruts que le discours oral devait amplifier et enjoliver.
p. 175
Sur les monuments comme sur les codex, l'écriture n'a pas éliminé l'image. Parfois les deux domaines (écriture et image) parlent de la même chose ; ainsi le linteau 8 de Yaxchilan raconte par le texte et par l'image la capture de deux ennemis par le roi et son capitaine. Le texte court se limite strictement aux faits : date, action, noms et titres. L'image nous montre les protagonistes que leur posture, leur importance dans le décor, leur costume et leurs bijoux caractérisent, et donne ainsi une masse d'informations complémentaires. Même quand les messages paraissent se répéter, ils se complètent plus qu'ils ne se doublent. S'ils se recoupent, ils ont cependant des domaines de prédilection : l'écriture est parfaitement adaptée à l'événementiel, aux calculs de temps, à la mise en corrélation des divers cycles astraux et du cycle dynastique. De son côté, l'image permet d'exprimer la simultanéité, l'ambigüité, la contradiction ; par exemple, la richesse du message transmis par la seule coiffure du roi est considérable.
p. 175