Un médecin exerce son activité dans une zone marécageuse et se déplace en barque pour accéder à ses patients. Il soigne les gens de peu, les gens isolés, il s'intéresse à eux puis il les photographie. Une ambiance particulière se dégage de ce roman à l'écriture évocatrice. On s'attache aux personnages. La tension est permanente car on sent qu'un drame peut surgir à tout moment.
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Notre feuilletoniste a lu ce très beau premier roman, qui restitue admirablement la voix et les accents des habitants des étiers de Vendée des années 1960.
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Il lui parle fort et lentement, comme s'il s'agissait d'un petit vieux et pour que la femme aussi, occupée au fourneau, surchargée de travail, se sente concernée, il a besoin ici de se faire entendre, et use parfois avec eux de mots compliqués pour faire autorité.
Elle, aux doigts nerveux qui n’arrêtent pas de se recoiffer tout le temps, avec de minuscules gestes compulsifs comme des pattes de chat qui rebondissent en jouant, avec le bruit de ses ongles sur son crâne, elle, assisse sur ses os et presque chauve et blanche surtout, presque jaune comme la pièce ici, comme le plâtre et la chaux, ou le talc un peu vieilli, humide, c’est la mère qui se tient dans l’angle.
Il ne se passe que le vent qui souffle, le vent siffle et s’enroule, gonfle et balaie tout l’espace et souffle. Pacot reste introuvable. Le marais, encore blanc d’eau, tend ses miroirs au ciel laiteux. Il marche dans la mélasse des jours, il pousse sa barque. La battue n’a rien donné.
Ça fait trois jours que l’eau monte, que le ciel vire du noir au violet, que les araignées tissent leurs toiles sur les poutres des maisons, les grenouilles se sont tues, les mouettes et les cormorans se sont réfugiés en bande dans les terres, il tient à faire son tour maintenant.
C’est la sclérose des jours ici qui rend malade, l’inertie. Ce à quoi sa femme, calme et immobile, semble se résigner ; cette résignation le met parfois dans une colère à casser les pierres.