Excellent livre sur Derain qui ne se contente pas de parler de sa période fauviste mais se penche sur l'ensemble de son oeuvre. Celle ci n'a cessé de se renouvelée. D'ailleurs Derain est un de ces peintres inclassables. On ne peut le limiter à une catégorie, l'enfermer dans une case. Son travail est beaucoup trop riche et ses inspirations variées pour cela.
Derain a connu la misère et le succès. Il profitera de la vie, des belles voitures mais ne cessera jamais de peindre. le livre rend bien ces différentes facettes du peintre. Il est en outre, très bien documenté, comme tous les livres de cette collection et bien illustré. C'est un plaisir de le parcourir ces pages bien écrites et remplies d'informations
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Le 26 mars 1901, Derain écrit ainsi à l'un de ses amis ; "Enrôlé, enrégimenté parmi la vaillante armée française, je m'empresse de t'écrire pour clamer un peu de toutes parts mon emmerdement. Oui, mon vieux, bon pour le service, depuis samedi, pour trois ans. Adieu peinture, adieu beaux espoirs de couleurs brillantes, étalées avec fièvre dans les prairies, les champs, entre deux baisers de la femme adorée..."
Le 11 novembre 1914, Derain écrit à nsa femme : "J'avais toujours pensé, espéré même, tout d'une guerre et je crois que je ne suis tout de même pas à la hauteur. Je n'y comprend rien de rien au fond. Cette guerre quotidienne, journalière, sans histoire, est vraiment terrible. C'est pourquoi on en sortira difficilement. Jamais on ne comprendra. Les allemands sont fous, C'est de la folie. Guillaume est fou et tous sont fous stupides. C'est une lutte terrible, une force gigantesque animée par l'incohérence..."
A Paris, Derain est maintenant une "figure" de Montparnasse. Une "figure" à la mode. Que l'on admire ou que que l'on dénigre. Que l'on respecte ou que l'on dédaigne. les uns se répètent ses aphorismes entendus au Dôme. les autres rapportent qu'il est capable de soulever le capot de sa Bugatti ... Et Derain devient le prétexte de jugements sans appels, éloges ou condamnations.
Après les truculences juvéniles, Derain s'est tourné vers la sobriété et la mesure. De ces efforts sont sortis des ouvrages dont la grandeur confine parfois au caractère religieux et où quelques-uns ont voulu voir, je ne sais pourquoi, des traces d'archaïsme. L'art de Derain est maintenant empreint de cette grandeur expressive que l'on pourrait dire antique.
Derain est allergique aux "théories"? Il a toujours cru au message artistique vierge de toute explication méthodique, et aujourd'hui encore appartient au petit groupe d'artistes qui "vivent" leur art. Marcel Duchamp