"Voyage (le)
On ne le répétera jamais assez : quand on voyage, rien ne vaut un écrivain pour guide. C'est le meilleur moyen de se perdre
avec bonheur. Mais parce que se retrouver, quel intérêt ?"(p.845)
Déjà deux années que j'ai acquis ce fort sympathique dictionnaire de la littérature !... début septembre 2016... qui va être, mon livre de chevet de cet été , à Paris... Une réserve de trésors, d'anecdotes, de coups de
coeur comme des coups de gueule de
Pierre Assouline... !!
Comme dictionnaire, il n'y a
pas plus arbitraire, subjectif, partial , mais c'est aussi ce ton qui nous "capture" !!
Les entrées de ce dictionnaire très personnel , vont de noms génériques, liés au monde des Lettres et du Livre aux écrivains préférés de
Pierre Assouline...ainsi qu'à ses exaspérations récurrentes !
Les sujets sont des plus sérieux ou des plus fantaisistes , éclectiques à souhait: de
passages sur "Voler des livres" à "
Robert Walser"; des "Villes littéraires" à "Georges Steiner"; de "l'Angoisse de la page blanche"
à "Frédérik Pajak ", etc.
Un seul petit regret:
pas assez d'auteurs à mon goût; par contre, ses "affinités électives" me conviennent tout à fait, y retrouvant quelques uns de mes propres chouchous (écrivains, comme autres artistes ):
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Robert Walser
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Nicolas Bouvier
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Jean Cayrol
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Hugo Claus
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Albert Cossery
- Frédérik Pajak
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André Suarès
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Ingeborg Bachmann
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Susan Sontag
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Gisèle Freund
-Cartier-Bresson
-
Erri de Luca, etc.
Une lecture buissonnière, où l'on se promène au hasard des sujets de curiosité, tout en apprenant de multiples choses sur la littérature des 4 coins du monde, ainsi que sur les évolutions dans "La République des Lettres" ...: la désaffection du genre biographique, la critique littéraire, la traduction, les agents littéraires, le numérique, les évolutions de mentalité quant à la lecture, aux supports, etc.
"Universel
L'écrivain universel est celui qui a le génie de parler de soi sans parler de lui. Il est celui qui nous apprend à écouter en nous-même. Tant de lecteurs lui doivent leur oreille intérieure. (p. 827)"
Dictionnaire atypique, jubilatoire à certains égards... avec des anecdotes des plus piquantes et caustiques, comme celle qui illustre l'entrée de "CENSURE" :
"
James Knowlson, le biographe de
Samuel Beckett, rapporte que, en 1958, le chef de bureau de la censure britannique, dont le cachet était alors indispensable à toute pièce jouée en Angleterre, avait exigé la suppression d'une vingtaine de lignes de -
Fin de partie-, la scène de la prière au cours de laquelle Hamm, scandalisé par le mutisme de Dieu, s'exclame : "Le salaud ! Il n'existe
pas ! " (...)
Un compromis fut trouvé : il suffisait de modifier "salaud". Alors
Beckett le remplaça par "porc" et annonça qu'il n'y aurait plus de négociations. Or contre toute attente, le censeur accepta, estimant que Dieu s'en remettrait mieux que d'avoir été traité de salaud...On se serait cru dans une pièce de
Beckett ...(p. 151)
Je termine cette critique sommaire par un extrait amusant concernant la grande
passion de l'auteur pour les dictionnaires !!!
" Pour ma part, je ne cesserai de leur rendre hommage. Ils sont l'un des rares lieux où la sérendipité est toujours féconde. Des dictionnaires de toutes sortes : de langue, bien sûr et avant tout, mais aussi de noms, de lieux, de choses, d'inventions, de techniques, de stratégie militaire, de
fleurs, d'animaux, de rêves, de lieux imaginaires, de mythes, d'espionnage. Une vraie collection. Tant et si bien qu'on m'en offre, et des plus excentriques: celui de la noblesse russe et celui de la pluie (oui ça existe !) tout récemment. Amoureux je suis des dictionnaires.
Alors forcément, un jour ou l'autre ..." (p. 232)
Une lecture qui sera ces prochaînes semaines mon "livre de chevet"...mais
pourquoi
pas aussi un compagnon de vacances...où on se "cultive" tout
en se distrayant !!... Une lecture qui donne l'élan pour d'autres découvertes
papivores...et ce sont toujours des promesses de petits bonheurs à venir !!